[CRITIQUE] : Coffret Mike De Leon en 8 Films, Portrait d'un cinéaste philippin

[CRITIQUE] : Coffret Mike De Leon en 8 Films, Portrait d'un cinéaste philippin

Coffrets Mike De Leon en huit films - Itim (Les rites de mai) (1976), C'était un rêve (1977), Kakabakaba ka ba (Frissons) (1980), Kisapmata (1981), Batch '81 (1982), Le paradis ne se partage pas (1985), Héros du tiers-monde (1999) et Citizen Jake (2018).

La beauté de certaines sorties physiques est la possibilité d'enrichir ses connaissances cinématographiques, ce qui est clairement le cas ici. Ainsi, le visionnage des 8 films de Mike De Leon proposés par ce coffret chez Carlotta permet de mieux pénétrer dans le domaine du cinéma philippin, que l'on connaît par exemple par la carrière de Lino Brocka. Ici, le plus grand intérêt de cette découverte est la variété des titres du réalisateur. Ce dernier passe ainsi sans soucis du fantastique à la romance, de la comédie d'espionnage au drame particulièrement violent. Le livret accompagnant le coffret appuie d'ailleurs cette diversité plus que recommandable ainsi que l'ancrage du metteur en scène dans sa production nationale.

Ainsi, on le découvre inspiré par Blow Up ainsi que la filmographie de Kubrick. La première référence est particulièrement facile à remarquer quand on voit son premier long-métrage, Itim (Les rites de mai). Titre préféré de la sélection par l'auteur de ces lignes, le film se trouve intriguant par ce personnage de photographe au cœur de la narration, incitant à l'observation dans un univers marqué par les fantômes, ces derniers hantant la mise en scène par la nature sublimée des images. L'interrogation de foi au cœur du récit s'avère passionnante, tout comme cette approche d'une masculinité qui va traverser tout du long la filmographie de Mike De Leon.

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Kisapmata - 1981 BANCOM AUDIOVISION

De Kubrick, on retiendra surtout sa violence sèche ainsi qu'une maîtrise du cadre, y faisant exploser des moments de terreur intense par leur brutalité avec Kisapmata et Batch '81. Le premier y montre un paternalisme sauvage illustrant une corruption morale et sociale tandis que le second démonte l'univers des associations étudiantes en y illustrant une déshumanisation totale. Là point un autre point d'intérêt dans la carrière du réalisateur : son approche politique et à charge dans un monde en destruction perpétuelle, de l'être, de l'humain ou de ses valeurs.

Si les disques sont comme toujours impeccables de la part de l'éditeur, le contenant s'avère bien évidemment à la hauteur et nous pousse à (re)découvrir un metteur en scène particulièrement passionnant et éclectique, tout en conservant une patte d'auteur particulièrement riche en réflexion. Ce coffret consacré à Mike De Leon se voit donc comme une édition à s'offrir, ne serait-ce que par la tonalité variée d'un réalisateur au talent que l'on ne peut nier.

Liam Debruel