[CRITIQUE] : Voyages en Italie

[CRITIQUE] : Voyages en Italie
Réalisatrice : Sophie Letourneur
Avec : Philippe Katerine et Sophie Letourneur
Distributeur : Météore Films
Budget : -
Genre : Comédie
Nationalité : Français
Durée : 1h31min
Synopsis :
Une escapade romantique peut-elle raviver la flamme dans un couple ? Elle a réussi à le convaincre de partir quelques jours sans enfants. Ce sera où il a envie, sauf en Italie. Il y est déjà allé avec toutes ses ex... L'Espagne ? Les sentiers de l'Aubrac ? Ce sera finalement la Sicile – car selon lui, c'est pas tout à fait l'Italie.
Critique :

Avec son ton singulier,#VoyagesEnItalie paraît si grotesque parfois qu'on pourrait passer à côté de sa subtilité et pourtant, Sophie Letourneur sait déterrer les vérités l’air de rien, comme cette tendresse dans le couple, nichée derrière la laideur du quotidien. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/4HYyZAnbvz

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 21, 2023

Quel drôle de couple se dit-on quand on les voit dans le bus. Philippe Katerine et Sophie Letourneur parlent de voyage, l’air de rien. En mouvement mais immobile, c’est ce qui les caractérise dans le nouveau film de Sophie Letourneur, Voyages en Italie. À la base, un vrai voyage et un vrai couple, celui de la réalisatrice. Dans cette fiction, teintée de réalité, on s’attache à ce couple éteint qui tente de rallumer la flamme avec en voyage en Sicile.

[CRITIQUE] : Voyages en Italie

Copyright Météore Films


Sophie Letourneur suit-elle les traces de Rossellini ? Le titre du film, ici au pluriel, nous y fait penser. La réalisatrice ne cache pas un certain hommage au réalisateur italien, qu’elle cite directement dans son film. Elle le voit comme un héritage au cinéaste, qu’elle considère comme le pionnier du mariage entre le documentaire et la fiction. Fidèle à elle-même, la réalisatrice ne fait en aucun cas du mimétisme. Au contraire, comme son histoire intime, Rossellini lui sert de point de départ. Peut-être est-ce aussi l’occasion de désamorcer les attentes du public. Dans Voyages en Italie, c’est un peu de nous que montre Sophie Letourneur. La fatigue, le quotidien, et même le poulet périmé dans le frigo.
C’est décidé, Jean-Fi et Sophie (ça rime), partiront en Italie. Mais où ? Et pourquoi pas l'Espagne finalement ? Ces séquences de choix, interminables, marquent le point mort du couple. Immobile oui, mais possédant aussi très peu de désir. On a l’impression qu’ils ont déjà tout vu et tout fait. D’ailleurs, leur entourage sont tous déjà allés en Italie, comme un passage obligé dans un couple. Les scènes s'enchaînent, montrant tour à tour la banalité de leur quotidien. Si l’on considère le cinéma sous le prisme de la pulsion scopique, Voyages en Italie se trouve à l’opposé. Rien n’a de charme et c’est mou comme un quotidien qu’on a oublié de renouveler par flemmardise.

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Dans ce cas, pourquoi allez voir le film va-t-on nous rétorquer ? Pour plusieurs raisons. Parce que Sophie Letourneur continue sa quête étrange de la comédie décalée. Après Énorme, qu’on pourrait considérer comme son film le plus “classique” actuellement, la cinéaste retourne à ses premiers amours : un dispositif minimaliste basé sur la réalité. Il faut le voir pour sa musicalité minutieuse également, un lyrisme dans le chaos. Les voix, le montage, tout est millimétré afin de faire briller l’essentiel : les personnages. Et surtout, parce que la réalisatrice exploite à merveille son ton singulier, à base d’humour caustique et de bizarrerie mélancolique (comme cette superbe scène charnelle presque dans le noir). Voyages en Italie est si grotesque parfois qu’on pourrait passer à côté de sa subtilité et pourtant … Sophie Letourneur sait déterrer les vérités l’air de rien, comme cette tendresse dans le couple, nichée derrière la laideur du quotidien.
Laura Enjolvy
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