She Said (2022) de Maria Schrader

L'affaire Harvey Weinstein n'en finit pas de faire du bruit, après un documentaire avec "L'Intouchable harvey Weinstein" (2019) de Ursula Macfarlane, quelques autres films plus ou moins inspirés dont le plus fameux "Scandale" (2020) de Jay Roach. Cette fois il s'agit de plonger dans les coulisses qui ont permis de faire éclater l'affaire qui a précédée de peu le mouvement #MeToo. Ce projet est adapté du livre qui retrace toute l'enquête qui a permis de dénoncer les agissements du célèbre producteur, à savoir "She Said : les Dessous de l'Enquête qui a révélé l'Affaire Weinstein et fait exploser le mouvement Me Too" (2018) de Jodi Kantor et Megan Twohey, les deux journalistes à l'origine de l'enquête où plus de 80 femmes ont accusés Harvey Weinstein d'abus ou d'agressions sexuelles voir de viols. Le livre a reçu le prix Pulitzer. Le film est ainsi le premier long métrage de cinéma à traiter le sujet de front et à citer ouvertement le nom du producteur. Le film est réalisé par l'allemande Maria Schrader à qui on doit les films "Stefan Zweig, Adieu l'Europe" (2016) et "I'm Your Man" (2021), tandis que l'adaptation est signée de Rebecca Lenkiewicz, scénariste des films "Ida" (2013) de Pawel Pawlikowski et "Désobéissance" (2017) de Sebastien Lelio... Deux journalistes du New-York Times, Megan Twohey et Jodi Kantor s'unissent pour enquêter sur des allégations accusant le célèbre producteur de cinéma Harvey Weinstein d'agressions sexuelles et de viols. Elles vont devoir brisé les tabous, les silences et les peurs, convaincre surtout les victimes de parler face à l'homme le plus puissant de Hollywood...  

She Said (2022) de Maria Schrader

Les deux journalistes sont incarnées par Carey Mulligan vue récemment dans "Dig" (2021) de Simon Stone, qui avait aussi marqué dans le film féministe "Promising Young Woman" (2020) de Emerald Fennell, vue également dans "Wildlife" (2018) de Paul Dano qui n'est autre que le conjoint à la ville de sa partenaire Zoe Kazan vue récemment dans "La Ballade de Buster Scruggs" (2018) des frères Coen et "Un Hiver à New-York" (2019) de Lone Scherfig. Citons chez les hommes Andre Braugher vu dans "Glory" (1989) de Edward Zwick, "Peur Primale" (1996) de Gregory Hoblit ou "The Bayton Outlaws" (2012) de Barry Battles, Tom Pelphrey vu dans "Crazy Alien" (2019) de Ning Hao et qui retrouve après "Mank" (2020) de David Fincher son partenaire Adam Shapiro vu dans "A Single Man" (2009) de Tom Ford, "Insaisissables" (2013) de Louis Leterrier et "Steve Jobs" (2015) de Danny Boyle. Chez les femmes citons Samantha Morton qui se fait rare sur grand écran depuis "Les Animaux Fantastiques" (2016) de David Yates et en attendant "The Whale" (2022) de Darren Aronofsky, Patricia Clarkson vue dans "The Party" (2017) de Sally Porter, "The Bookshop" (2017) de Isabel Coixet ou "Le Labyrinthe : le Remède Mortel" (2018) de Wes Ball, Jennifer Ehle vue dans "Sunshine" (1999) de Istvan Szabo, "Le Discours d'un Roi" (2010) de Tom Hooper, "Contagion" (2011) de Steven Soderbergh ou "Zero dark Thirty" (2012) de Kathryn Bigelow, puis enfin et surtout Ashley Judd dans son propre rôle étant la première star d'envergure à oser parler créant ainsi le premier appel d'air, rappelons quel l'actrice a été vu dans des films comme "Heat" (1995) de Michael Mann, "Instincts Meurtriers" (2004) de Philip Kaufman, "Bug" (2006) de William Friedkin et la trilogie "Divergente" (2014-2016)... Evidemment un film de reporters on pense au classique "Les Hommes du Président" (1976) de Alan J. Pakula, et aussi plus récemment "Révélations" (2000) de Michael Mann ou "Spotlight" (2015) de Tom McCarthy. Un sous-genre en soi dont le canevas est souvent assez semblables reprenant l'enquête de façon logique et en jouant souvent la carte du scandale et/ou du pathos sans oublier la dimension de courage des journalistes.

She Said (2022) de Maria Schrader

Aujourd'hui Harvey Weinstein a été condamné, l'affaire est archi connue et cela permet à la scénariste d'utiliser toutes les connaissances autour eu dossier pour écrire son scénario jusqu'à utiliser les véritables identités ce qui ajoute à la crédibilité du film vis à vis de la véracité des faits. C'est évidemment le grand intérêt du film. La production a pu tourner dans les locaux même du New-York Times tandis que les lieux hors New-York (100 décors sur 20 ans et sur plusieurs pays) ont été recréé autour de la Grosse Pomme. On sent que la volonté féministe du film a voulu étoffer son scénario pour aborder plusieurs sujets mais ça crée surtout des décalages et/ou des écarts presque hors-sujet et forcément non exploités comme le cancer du sein, dépression post-natal ou la situation de maman-épouse vis à vis du travail. Ca martèle et assomme que les femmes sont merveilleuses et courageuses, oui on le sait mais ça reste ici des intermèdes superflus car de toute façon impossibles à traiter dans ce film et qui sortent de ce qui nous intéresse : l'enquête. De même, les flash-backs sont tout aussi inutiles, à l'exception peut-être de l'ouverture du film, il ne s'agit que de tirer la carte du tire-larme et de forcer l'imaginaire qui de toute façon nous happe à chaque témoignage. Des choix narratifs superficiels même si ils sont plutôt bien intégrés au récit. Plus problématiques ce sont les fantasmes et/ou la paranoïa extrapolée pour insister sur le fait que HW était dangereux tel un mafieux. Oui il est un porc tyrannique mais en faire un mec prêt à tuer il y a une marge dont le film n'avait nul besoin. Ces choix empiètent sur l'enquête elle-même, le film se focalisant sur les soucis persos des deux enquêtrices et sur "seulement" 4-5 témoignages. Des petits détails qui empêchent le film d'entrer parmi les grands films d'investigation, mais le sujet est encore si brûlant que le film reste intéressant et même ludique avec un joli duo d'actrices. Note généreuse.

Note :   

Said (2022) Maria SchraderSaid (2022) Maria Schrader

14/20