The World to Come (2021) de Mona Fastvold

Voilà un film tourné en 2019, présenté à la Mostra de Venise 2020 qui sort en 2021 mais qui a pâti néanmoins de la pandémie. Il s'agit du second long métrage en tant que réalisatrice pour Mona Fastvold, norvégienne devenue new-yorkaise qui a été remarquée avec son premier long métrage "The Sleepwalker" (2014). La cinéaste fait aussi l'actrice occasionnellement comme dans "Un Hiver à Central Park" (2009) de Don Roos, puis écrit pour les autres comme le scénario de "Nevada" (2019) de Laure de Clermont-Tonnerre. Le réalisateur-scénariste co-signe son scénario avec Jim Shepard scénariste de "And Then I Go" (2017) de Vincent Grashaw, puis avec Ron Hansen avant tout romancier notamment et surtout d'un roman qui sera adapté avec talent, "L'Assassinat de Jesse James par le Lâche Robert Ford" (2007) de Andrew Dominik... 

The World to Come (2021) de Mona Fastvold

Milieu du 19ème siècle, dans la campagne de l'Etat de New-York, deux jeunes couples vivent pas très éloigné mais dans un isolement loin des villes. C'est dans ce contexte que Tallie vient faire la connaissance de Abigail ce qui brise leur solitude et leur quotidien. Les deux femmes deviennent très amies, si le mari de Abigail tente de comprendre, celui de Tallie semble moins tolérant. Les deux amies se rapprochent encore jusqu'à ce qu'il soit envisagé que Tallie et son mari partent pour l'ouest... Abigail est incarnée par Katherine Waterston vue dans la trilogie "Les Animaux Fantastiques" (2016-2022) de David Yates et dans "Alien : Covenant" (2017) de Ridley Scott, "Logan Lucky" (2017) de Steven Soderbergh et "90's" (2018) de Jonah Hill. Tallie est incarnée par Vanessa Kirby vue dans "Queen and Country" (2014) de John Boorman, "Everest" (2015) de Baltasar Kormakur, "Fast and Furious : Hobbs and Shaw" (2019) de David Leitch ou "Pieces of a Woman" (2021) de Kornel Mundruczo. Le mari de Abigail est interprété par Casey Affleck qui jouait justement dans "L'Assassinat de Jesse James par le Lâche Robert Ford" (2007), vu depuis dans "The Killer Inside Me" (2010) de Michael Winterbottom, "Les Amants du Texas" (2013) de David Lowery ou "Manchester by the Sea" (2016) de Kenneth Lonergan. L'époux de Tallie est joué par Christopher Abbott vu dans "A Most Violent Year" (2014) de J.C. Chandor, "It Comes at Night" (2017) de Trey Edwards Schults ou "First Man" (2018) de Damien Chazelle, et qui retrouve Mona Fastvold après "The Sleepwalker" (2014)... L'histoire se déroule au milieu du 19ème siècle, soit en pleine conquête de l'Ouest on pourrait donc dire qu'il s'agit d'un western sentimental lesbien, on pense alors forcément au fameux "Le Secret de Brokeback Mountain" (2005) de Ang Lee.

The World to Come (2021) de Mona Fastvold

Cette fois cela se passe quelques dizaines d'années avant, il s'agit de deux femmes plus isolées et forcément sous la coupe d'un patriarcat encore puisant. Le choix de l'époque et de la région impose un stéréotype féminin logiquement soumise, femme au foyer, épouse, et de surcroît isolée dans une région encore sauvage. Deux femmes dont les différences de caractères s'ajoutent à ceux de leur partenaire masculin. Le film commence d'abord par être très contemplatif, des paysages vierges d'un nord rigoureux mais aussi du quotidien routinier et austère d'une famille sans enfants (ce qui a son importance !). Le fil conducteur du récit est la voix Off de Abigail qui nous lit en fait son journal intime ce qui donne une oeuvre assez littéraire mais également un peu froid et sec. Le vrai défaut du film est ce manque de passion qu'on ne ressent jamais vraiment, aussi bien émotionnellement que charnellement malgré une sorte de rattrapage maladroit et facile à la fin. Les conditions de vie, le rôle de la femme et d'épouse, leur existence fataliste font forcément écho à notre période contemporaine aveuglément féministe mais c'est aussi oublier trop vite un contexte historico-social bien différent et donc incomparable. Le film reste intéressant, avec deux magnifiques actrices, une reconstitution soignée et une jolie musique, mais l'histoire manque aussi un peu de relief et de chair pour convaincre pleinement. Un beau moment néanmoins.

Note :   

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12/20