Le vampire et le sang des vierges

Un grand merci à Artus Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le vampire et le sang des vierges » de Harald Reinl.

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« Je ne puis m’empêcher d’avoir peur encore. Cette peur, je ne sais pas si je parviendrais un jour à l’oublier »

En 1801, pour avoir assassiné douze jeunes femmes, la treizième, Béatrice de Brabant s’étant échappée, le comte Regula est condamné à être écartelé en place publique. Avant son supplice, il promet de revenir se venger. 35 ans plus tard, l’avocat Roger de Mont-Elise reçoit une invitation au château d’Andomai, demeure de la famille Regula. En chemin, il sauve une jeune femme d’une attaque de bandits : Lilian de Brabant, elle aussi invitée au château.

« Pourquoi vous laissez sortir ? Bientôt vous n’irez plus nulle part »

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S’il a vraisemblablement connu son âge d’or au cours des années 30 (notamment sous la houlette du Studio Universal qui s’employa alors à porter à l’écran tout le bestiaire classique des créatures les plus fameuses de la littérature, comme « Dracula », « Frankenstein » et autre « Loup-garou »), le cinéma horrifique disparait ensuite progressivement des écrans pendant près de vingt ans. Alors qu’on le croyait purement enterré, sa résurrection se fait en Europe à la fin des années 50 par le biais du cinéma bis : en Angleterre d’abord sous l’égide de la Hammer, puis en Italie où dans la foulée du giallo se développe tout un pan de cinéma horrifique. Une tendance qui, sauf rares exceptions, peine cependant à gagner les productions cinématographiques des autres pays alentour. Réalisé en 1967 par Harald Reinl, grande figure du cinéma bis allemand principalement connu pour ses films policiers (« Le retour du Docteur Mabuse », « L’invisible Docteur Mabuse ») et ses westerns (notamment la saga ultra populaire outre-Rhin des « Winnetou »), « Le vampire et le sang des vierges » fait ainsi office de véritable curiosité en ce qu’il demeure l’une des seules incursions du cinéma allemand de cette époque dans le registre horrifique.

« L’horreur de cette longue nuit, dites-moi que je l’ai rêvée »

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Pour l'occasion, le cinéaste adapte très librement la nouvelle « Le puits et le pendule » d’Edgar Allan Poe, dont il choisit de transposer l’intrigue - originellement située au temps de la Grande Inquisition espagnole - dans les Carpates. Un territoire reculé aux franges de l’Europe orientale, peuplé de légendes obscures sur des créatures maléfiques assoiffées de sang humain. Une poignée de visiteurs en feront d’ailleurs les frais, se retrouvant la proie du seigneur noir des lieux, revenu de l’antre de la mort afin d’accomplir sa terrible vengeance. Force est ainsi de constater que l’intrigue n’est qu’un prétexte pour le cinéaste pour revisiter le mythe de « Dracula » au travers de son personnage du Conte Regula, qui apparait ainsi comme un lointain cousin de « L’Empaleur » dont il partage toutes les caractéristiques. En dépit d’un scénario un peu minimaliste et un brin prévisible, à l’image de ce dénouement facile qui tombe un peu à plat, Reidl surprend ici par sa faculté à créer, malgré des moyens réduits, un univers gothique incroyablement riche et visuellement foisonnant (château en ruines, labyrinthe truffé de pièges, de bestioles dangereuses et de squelettes...). Avec en prime, une fameuse scène dans laquelle le héros devra se défaire du supplice du pendule, grande et menaçante lame installée en balancier et descendant inexorablement sur lui. Mais le film vaut aussi pour la belle performance de ses acteurs, à commencer par les charismatiques Lex Barker et Christopher Lee, acteur qui reste incontestablement la référence en matière de cinéma horrifique. Pour le coup, une découverte assez plaisante. 

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Le blu-ray : Le film est présenté en version intégrale, dans un Master restauré 2k, et proposé en version originale allemande (2.0) ainsi qu’en versions française et anglaise (toutes deux 2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de « Le Train fantôme du comte Regula » : présentation du film par Stéphane Derderian et Christian Lucas (39 min.), « Lieux du tournage 1967-2020 » : visite des lieux du tournage par Markus Wolf (8 min.), Version Super 8 A (16 min.), Version Super 8 B (16 min.), d’un Diaporama d’affiches et photos (3 min.) et d’une Bande-annonce originale.

Édité par Artus Films, « Le vampire et le sang des vierges » est disponible en édition collector médiabookblu-ray + DVD intégrant livret « Dr. Harald Reinl, grandeur et décadence du cinéma populaire ouest-allemand » rédigé par Christophe Bier (80 pages) depuis le 4 janvier 2022.

Le site Internet d’Artus Films est ici. Sa page Facebook est ici.