Maléfices

Un grand merci à Gaumont pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Maléfices » de Henri Decoin.

Maléfices

« Les femmes sont des animaux comme les autres »

François, jeune vétérinaire de province, est appelé pour soigner le guépard d’une belle et mystérieuse femme venue d’Afrique, Myriam, dont il devient bientôt l’amant. Lorsque celle-ci lui demande de quitter sa femme Catherine pour partir avec elle, François hésite. C'est alors qu'interviennent toute une série d'évènements étranges...

« L’amour ressemble à une nuit d’été. Il arrive sans qu’on s’en aperçoive »

Maléfices_Juliette_Greco

Après avoir mené chacun une première carrière de romancier en solitaire, Pierre-Louis Boileau et Thomas Narcejac poursuivent leur aventure littéraire à quatre mains à compter du début des années 50. Ensemble, ils s’imposent rapidement comme l’une des valeurs sûres du roman policier français. Un succès qui éveille rapidement l’intérêt de l’industrie cinématographique, toujours friandes de nouveaux talents et de bonnes histoires à adapter. Mais plus encore que leur activité de scénariste (« Un témoin dans la ville » de Molinaro, « Les yeux sans visage » et « Pleins feux sur l’assassin » de Franju), ce sont surtout les adaptations tirées de leurs romans qui donnent lieu à des films prestigieux (« Les diaboliques » de Clouzot en 1955 ou « Sueurs froides » de Hitchcock en 1958) et qui marquent le public. En 1962, c’est au tour de Henri Decoin de se frotter à leur univers en adaptant leur roman « Maléfices », publié l’année précédente.

« On ne peut pas tuer toutes les bêtes dangereuses »

Maléfices_Henri_Decoin

Le cœur a (parfois) ses raisons que la raison ignore. Il suffit ainsi parfois d’une rencontre impromptue pour faire basculer le destin. Vétérinaire de campagne, François semblait ainsi voué à soigner les animaux des fermes environnantes dans une routine tranquille et rassurante. Jusqu’à être appelé de nuit, en urgence, pour venir soigner sur l’Île de Noirmoutier un guépard domestiqué. Et tomber sous l’emprise vénéneuse de sa jeune et mystérieuse propriétaire. Avec « Maléfices », Decoin signe moins un film policier qu’un thriller mélodramatique teinté de surnaturel, dans lequel une série d’évènements inquiétants et inexpliqués viennent mettre en péril la vie de ce tranquille vétérinaire et de son épouse, à mesure que celui-ci tente d’échapper à sa jeune maitresse. Plus que l’intrigue elle-même – aux enjeux dramatiques plutôt minimalistes il est vrai – « Maléfices » vaut donc surtout pour son ambiance aux accents fantastiques, sa dimension vaguement psychanalytique, et pour l’ambivalence générale dont son récit est imprégné. En effet, le réalisateur semble prendre un malin plaisir à vouloir faire perdre pied à son spectateur entre brouillant constamment les pistes entre le réel et le fantasme (renforcé par toute une série de thématiques exotiques telles que l’Afrique et les sciences occultes). Il suffit ainsi d’une tempête pour que la charmante île de Noirmoutier devienne, le temps d’une nuit, un territoire isolé inquiétant et totalement coupé du reste du monde. Il en résulte un film surprenant et tout de même assez inégal, totalement inclassable, qui vaut surtout pour la façon dont le cinéaste joue du mythe Juliette Greco.

Maléfices_Jean_Marc_Bory

**

Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de « Scènes de la vie conjugale » par Didier Griselain, spécialiste du cinéma français des années 50 (2021, 18 min.) ainsi que d’une bande-annonce.

Édité par Gaumont, « Maléfices » est disponible en blu-ray depuis le 22 septembre 2021.

Le site Internet de Gaumont est ici. Sa page Facebook est ici.