Mort de Françoise Arnoul

Une de nos dernières stars de l'Âge d'Or François Arnoul nous a quitté ce 20 juillet 2021 à l'âge de 90 ans.

Mort de Françoise Arnoul

Née en 1931 à Constantine en Algérie, Françoise Gautsch est la fille du général Charles Lionel Honoré Arnoul Gautsch à qui elle empruntera un des prénoms pour en faire son nom de scène. Sa mère est devenue femme au foyer après avoir été comédienne sous le nom de Jeanine Henry ayant notamment jouée aux côtés de Charles Vanel au théâtre des Célestins. C'est logiquement la maman qui a incité sa fille à aller du côté des arts : "Tu dois penser à l'art, la seule chose réellement belle. Si tu aimes pas le piano autant que moi, fais de la danse." La jeune Françoise monte sur les planches la première fois pour incarner un papillon à l'âge de 7 ans, puis, alors que son père est en poste durant la Seconde Guerre Mondiale à Rabat (Maroc), un spectacle qui sera joué dans plusieurs villes du Maroc. Elle est aussi inscrite à des cours de danse. Elle étudie au lycée à Casablanca, c'est à cette époque qu'elle commence à s'intéresser au cinéma via les magazines et en1945 la famille rentre en France tandis que le père reste en poste au Maroc. Après quelques déménagements la famille s'installe à Paris 16ème puis elle entre au lycée Molière où elle devient amie avec Yvonne Roussel soeur de Michèle Morgan et avec Danièle Heymann fille du réalisateur Claude Heymann. Les trois amies lisent la revue Cinémonde et s'organisent de petites représentations entre elles, un goût de la comédie et des bons mots qui leur a été inculqué par leur prof de français.

Mort de Françoise Arnoul

Le premier pas vers le monde du spectacle a lieu quand Yvonne Roussel obtient deux places pour assister à une séance du film "La Symphonie Pastorale" (1946) de Jean Delannoy dans lequel joue Michèle Morgan qui lui est donc présentée. Le second pas arrive peu de temps après où elle est remarquée par le réalisateur Marc Allégret qui recherche deux jeunes femmes pour son projet "Les Lauriers sont Coupés". Son assistant Roger Vadim lui annonce qu'elle formerait un duo avec une certaine Brigitte Bardot mais finalement le film ne se fera jamais. Néanmoins ces premiers coups du destin la pousse à stopper ses études dès la seconde en déclarant à sa mère qu'elle veut faire du cinéma. Elle s'inscrit alors à des cours d'Art Dramatique où elle a pour camarade Michel Drach, Roger Carel ou encore Roger Hanin.

Françoise obtient un rôle de figuration dans "Rendez-Vous de Juillet" (1948) de Jacques Becker mais son apparition sera non crédité et coupé au montage. Mais juste après alors qu'elle n'a pas encore 18 ans elle est choisie pour tenir le rôle principal du film "L'Epave" (1949 - ci-dessous) de Willy Rozier où elle incarne une garce avec quelques scènes déshabillées.

Mort de Françoise Arnoul

Elle enchaîne avec des films comme "Nous Irons à Paris" (1950) de , "La Rose Rouge" (1951) de Marcello Pagliero, "La Plus Belle Fille du Monde" (1951) de Christian Stengel, "Le Désir et l'Amour" (1952) de Henri Decoin...

Sa jeunesse fait qu'elle joue parfois des rôles de midinettes plus ou moins légères comme trop souvent au début ou comme dans "French Cancan" (1954 - ci-dessous) de Jean Renoir où elle séduit mais c'est pourtant dans des rôles plus troubles, plus vénéneux qu'elle réussit à se faire une place à part dans le paysage du cinéma français.

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Ainsi elle interprète des jeunes femmes plus subtiles, plus perverses ou plus garces mais aussi plus fortes. On peut citer "Le Fruit Défendu" (1952 - ci-dessous) de Henri Verneuil, "La Rage au Corps" (1954) de Ralph Habib et les succès populaires "La Chatte" (1958) et "La Chatte sort ses Griffes" (1960) tous deux de Henri Decoin.

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Les années 50 sont ses plus belles années aussi bien quantitativement que qualitativement. Citons encore "Le Mouton à Cinq Pattes" (1954) et "Des Gens sans Importances" (1955 - ci-dessous) tous deux de Henri Verneuil, "Si Paris nous Etait Conté" (1955) et "Napoléon" (1955) tous deux de Sacha Guitry, "Le Pays d'où je Viens" (1956) de Marcel Carné, "Le Chemin des Ecoliers" (1959) de Michel Boisrond...

Mort de Françoise Arnoul

L'actrice se retrouve un moment en concurrence avec une autre star émergente, Brigitte Bardot (toutes les deux ci-dessous), mais Françoise Arnoul se distingue par des rôles souvent plus consistants. Elle en est d'ailleurs consciente comme sur le film "Sait-on Jamais..." (1957) de Roger Vadim à qui elle dit : "Si tu cherches Brigitte à travers moi tu ne la trouveras pas. Elle n'est pas moi. Je ne suis pas elle !".

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Françoise Arnoul est alors l'actrice qui allie le plus merveilleusement sensualité et intelligence féminine comme dans "La Morte-Saison des Amours" (1960 - ci-dessous) de Pierre Kast avant de retrouver des espions dans "Le Bal des Espions" (1960) de Michel Clément.

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Etonnament, la carrière de l'actrice va pourtant ralentir durant les sixties avec moins de films et surtout avec des rôles moins étoffés. Elle tourne d'ailleurs une première fois pour la télévision en 1961 mais favorisera toujours le grand écran. Puis elle joue coup sur coup dans des longs métrages à sketchs, "Les Parisiennes" (1962) de Claude Barma et surtout "Le Diable et les Dix Commandements" (1962) de Julien Duvivier.

Elle apparaît en caméo non crédité dans "le Testament d'Orphée" (1960) de jean Cocteau et dans "Compartiment Tueurs" (1965) de Costa Gravas. Elle joue aussi dans sa première production internationale "Le Congrès s'Amuse" (1966) de Geza Von Radvanyi avec Cürd Jurgens en Tsar.

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Malgré tout la carrière de Françoise Arnoul marque le pas avec seulement cinq films dans les seventies, une simple voix Off dans "La Première Année" (1971) documentaire de Patricio Guzman, elle retrouve son ami Daniel Gélin dans "Dialogue d'Exilés" (1974) de Raoul Ruiz, elle joue la maman de Isabelle Adjani dans "Violette et François" (1977) de Jacques Rouffio, elle est la femme de Pierre Mondy dans "Dernière Sortie avant Roissy" (1977) de Bernard Paul puis joue encore une maman, celle de Evelyne Bouix, dans "Bobo Jacco" (1979) de Walter Bal.

Les années 80 sont plus fructueuses dans le sens où l'actrice multiplie les téléfilms, ce qui compensent sa rareté sur grand écran. Néanmoins, outre "Nuit Docile" (1987) de Guy Gilles et "Voir l'Eléphant" (1989) de Jean Marboeuf Françoise Arnoul retrouve un rôle important dans un joli succès, le polar "Ronde de Nuit" (1984) de Jean-Claude Missiaen avec également Eddy Mitchell et Gérard Lanvin.

Elle revient en grand-mère épouse de Charles Aznavour dans "Les Années Campagne" (1992 - ci-dessous) de Philippe Leriche avant de tourner au sein d'un des castings les plus du cinéma mondial dans "Les Cents et Une Nuits de Simon Cinéma" (1995) de Agnès Varda mais sera malheureusement coupée au montage final.

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Elle retrouve un rôle principal dans "Temps de Chien" (1996) de Jean Marboeuf, puis un second rôle dans "Post Coïtum Animal Triste" (1997) de Brigitte Roüan. Sans compter un ultime téléfilm en 2005, ses derniers rôles sont "Beau Rivage" (2012) de Julien Donada puis "Le Cancre" (2016) de Paul Vecchiali.

François Arnoul rencontre sur le tournage de "French Cancan" Georges Cravenne alors un des plus grands agents de stars en France et surtout créateur des Césars et des Molières, et l'épouse (1956-1964). Elle le quitte et épouse le cinéaste Bernard Paul rencontré sur le tournage de "Compartiment Tueurs". Ils resteront mariés jusqu'à la mort du cinéaste en 1980.

Mort de Françoise Arnoul

Il semble que son mariage avec Bernard Paul ait pu avoir raison de sa carrière d'actrice. En effet, Françoise Arnoul seconda son mari sur ses projets allant jusqu'à fonder la société de production "Francina" en 1968 avec Marina Vlady. Société qui a produit les films de Bernard Paul, des films plutôt bien reçu par la Critique mais boudé par le public.

Françoise Arnoul aura été une des actrices majeures des années 50, qui aura su allier sensualité avec ruse et malice dans de nombreux succès. Son déclin assez brutal durant les années 60-70 est assez inexplicable.

L'actrice est morte ce mardi 20 juillet 2021 à Paris des suites d'une "longue maladie" au bel âge de 90 ans.