Princesse Mononoké (1997) de Hayao Miyazaki

Après "Porco Rosso" (1993), Hayao Miyazaki revient avec un projet dont il a écrit une première mouture dès le début des années 80. Au départ, l'artiste avait imaginé une variation autour de "La Belle et la Bête" mais à l'époque le cinéaste a préféré en faire un manga en signant le livre "Le Voyage de Shuna" (1983) où on y retrouve les caractères des personnages principaux, l'apparence du Yakkuru et la forêt. Miyazaki avoue s'être particulièrement inspiré des films "Les Contes de la Lune Vague après la Pluie" (1953) de Kenji Mizoguchi et de "La Forteresse Cachée" (1958) de Akira Kurosawa pour la tradition du genre dit "jidaigeki" (drame historique japonais). Enfin, c'est en visitant la forêt de Yakushima et les montagnes de Shirakami-Sanchi que le cinéaste a pu finaliser son histoire. Le film est d'une ampleur jamais vu pour le studio Ghibli, à tel point que l'ensemble des effectifs a travaillé sur le film durant près de trois ans !

Princesse Mononoké (1997) de Hayao Miyazaki

Par là même, le film est le premier à avoir utiliser autant les nouvelles technologies numériques (environ 10-12% du film, surtout pour le bras possédé et les vers démoniaques), le reste étant effectivement dessiné à la main pour pas moins de 144000 celluloïds. Par contre, après une vérification personnelle Miyazaki reprendra une grande partie et redessinera plus de la moitié des cellulos !... Au 15ème siècle, durant l'ère Muromachi, la forêt est abattu petit à petit par l'homme ce qui provoque la colère des dieux animaux dont un sanglier transformé en démon. Pour sauver son village, le prince Ashitaka tue la bête mais se retrouve maudit à son tour. Pour survivre il doit tenter de retrouver le dieu Cerf, mais il va sur le chemin rencontrer les différents clans qui sont responsables de la destruction de la forêt, des humains qui se font aussi la guerre, tandis qu'il rencontre aussi San, une jeune sauvageonne élevée par une déesse louve... La première chose qui frappe est la relative violence qui se dégage dès les premières minutes. Car si la guerre est un thème récurrent chez Miyazaki rarement l'artiste aura matérialisé autant les horreurs et les réalités inhérents à l'action des armes. Ainsi on voit des décapitations et des amputations lors de batailles qui peuvent surprendre, et qui soudain lorgne plus frontalement avec les mangas façon "films de sabre", un choix qui a pour conséquence directe les interdictions pour les enfants (ce qui est inédit pour un film d'animation siglé Ghibli !), par exemple interdit au moins de 12 ans en France, au moins de 13 ans aux Etats-Unis.

Princesse Mononoké (1997) de Hayao Miyazaki

Un choix qui peut s'expliquer par la volonté de Miyazaki d'être plus virulent sur la question de l'écologie : "Je n'étais pas satisfait de l'image que donnaient les studios Ghibli donnaient de l'homme face à son environnement. En particulier la manière douce, idyllique, dont nous avons montré le rapport à la nature. Je pense que dans la relation entre l'homme et la nature, il y a un aspect terrible, quelque chose de beaucoup plus vaste..." Cette volonté se constate également dans ses personnages : le jeune prince Ashitaka est sérieux, plein d'abnégation mais aussi très mélancolique voir fataliste, Dame Eboshi (qui renvoie à la cheftaine des Tolmèques dans "Nausicaä" en 1984) est guerrière, particulièrement pragmatique, au courage sacrificiel, mais est aussi une féministe avant l'heure ce qui force le respect en cette société particulièrement patriarcale, tandis que San alias Mononoké est une sauvageonne, sorte d'alter ego à Tarzan avec encore moins d'empathie pour ses semblables. On constate que si l'écologie est de retour après "Le Château dans le Ciel" (1986), la guerre est montré sous un nouveau visage via une époque où n'existait pas encore de machines volantes chères à Miyazaki comme dans le précédent "Porco Rosso" (1993). Hayao Miyazaki signe avec ce film une fresque historique et fantastique, époque avec une héroïne culte et icônique (Mononoké !), des dessins sublimes au service d'un récit d'aventure qui n'est dénué ni de message essentiel ni de lyrisme avec un bestiaire toujours aussi onirique. Le film est un énorme succès à sa sortie, des critiques dithyrambiques et un carton au box-office terminant l'année au Japon n°1 en dépassant même le record d'un certain "E.T." (1982) de Steven Spielberg. Le film devient donc le premier "vrai" succès à l'international de Ghibli et de Miyazaki.

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Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :

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