Voilà un projet qui date, à l'époque John Lee Hancock travaillait sur "Un Monde Parfait" (1993) de Clint Eastwood et en parallèle il avait commencé à écrire le scénario de ce qui allait devenir "The Little Things" (en V.O.). Il aura donc fallu attendre près de deux décennies, quelques scénarios pour les autres comme le prochain "Chaos Walking" (2021) de Doug Liman, et plusieurs films en tant que réalisateur-scénariste avec plus ou moins de réussite comme "Alamo" (2004), "Le Fondateur" (2016) ou dernièrement "The Highwaymen" (2018). Au départ ce film était prévu pour un autre réalisateur, Eastwood puis Spielberg notamment avait été envisagé pour que finalement Hancock assume en portant les casquettes de Producteur-réalisateur-scénariste de son film qui se déroule dans les années 90, ceci expliquant sans doute cela...

Début des années 90, le shérif-adjoint Deacon est envoyé par son supérieur à Los Angeles pour prendre en compte une preuve dans une affaire de meurtre. Une occasion de retrouver ses anciens collègues après avoir dû quitter son poste cinq années auparavant suite à une affaire litigieuse. Deacon arrive pendant que son ancien service enquête sur un tueur en série, enquête menée par son remplaçant qui lui propose de l'assister quelques jours. Très vite Deacon se souvient d'une affaire similaire qui remonte justement à conq ans... Deacon est joué par la star Denzel Washington qu'on avait pas vu depuis "Equalizer 2" (2018) de Antoine Fuqua et qui retrouve un genre qu'il a abordé dans "Bone Collector" (1999) de Phillip Noyce. L'enquêteur remplaçant est joué par Rami Malek vu dans (2017) de Michael Noer et bientôt face à 007 dans "Mourir peut Attendre" (2021) de Cary Joji Fukunaga. Le suspect n°1 est incarné par Jared Leto vu récemment dans "Blade Runner 2049" (2017) de Denis Villeneuve et remarqué en reprenant son rôle de Joker dans "Zack Snyder's Justice League" (2021). Précisons que ces trois stars sont lauréats d''Oscars du meilleur acteur, Washington pour "Glory" (1989) de Edward Zwick et "Training Day" (2002) de Antoine Fuqua, Malek pour "Bohemian Rhapsody" (2018) de Bryan Singer et Leto pour "Dallas Buyers Club" (2013) de Jean-Marc Vallée. Dans des seconds rôles citons Chris Bauer vu dans "Money Monster" (2016) de Jodie Foster et (2016) de Clint Eastwood, puis Terry Kinney vu dans (2018) de Peter Berg et croisant un autre serial killer dans "Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile" (2019) de Joe Berlinger... Le film s'ouvre avec une intro particulièrement efficace même s'il reste classique. Car si l'histoire se déroule dans les années 90 on a constamment l'impression que John Lee Hancock a signé son film avec le même scénario d'il y a 20 ans sans tenir compte des évolutions du genre. Le film est donc un pur produit du thriller des nineties qui ne ferait pas défaut s'il était sorti à la même époque. Mais pourquoi pas ?! Pas de internet, pas de smartphone omniprésent, pas de hacker magicien... etc... mais un retour à une enquête et une intrigue plus "terre à terre".

On apprécie ainsi la photographie (signée John Schwartzman déjà sur les précedents film de Hancock), le climax est séduisant aussi reposant avant tout sur les personnages plutôt que sur l'action. Malheureusement, c'est justement sur les personnages que la déception est la plus grande. Leto est une fois de plus impressionnant d'implication, Washington joue sa carte habituelle avec classe mais Malek est lui complètement à côté de la plaque ; surjouant l'officier pro et flegmatique engoncé dans son costard trop serré il ne trouve jamais le bon timing ou la bonne position pour son personnage à laquelle on a bien du mal à croire. Il surjoue tant qu'on pense évidemment qu'il est peut-être le coupable à l'instar de Leto qu'il l'est forcément. Par là même, si Washington joue juste, son personnage est un tantinet trop fort, trouvant des indices facilement au point qu'on pourrait croire qu'il est médium. Heureusement, le film surnage grâce à un scénario qui reste prenant grâce aux flash-backs, au parallèle qui semble exister entre passé et présent, tandis que la relation entre les deux policiers tisse une ambiguïté plutôt judicieuse. D'autres détails finissent par gêner aux entournures, comme le fait que le suspect Sparma/Leto soit un salarié qui ne va jamais au boulot, ou une "course-poursuite" molassonne avec le shérif une fois de plus médium. John Lee Hancock signe un thriller qui manque surtout de force émotionnelle donc, au ton trop monotone, avec surtout un Malek très mauvais, le tout se laisse pourtant regarder grâce à à une atmosphère qu'on aime, un côté polar à l'ancienne qu'on aime, et un récit qui reste bien construit. Note indulgente.