Nobody (2021) de Ilya Naishuller

Après avoir été remarqué avec son premier long métrage "Hardcore Henry" (2015 - un des plus gros succès russe de ces 25 dernières années), Ilya Naïchouller (oui ça s'cérit aussi comme ça), musicien russe membre du groupe Biting Elbows devenu cinéaste, revient avec un projet qu'on lui a proposé : "Mon agent m'a envoyé le script de Derek Kolstatd et j'ai tout de suite été intrigué par cette épopée écrite par celui qui a créé la série des John Wick. C'est un spécialiste des films d'action et ça tombe bien, puisque je m'y connais dans ce domaine ! A la lecture du scénario, j'ai tout de suite compris ce qu'était le thème central de ce long métrage bourré d'adrénaline. J'en ai parlé avec Derek et Universal et ils ont accroché à mon idée de ce qu'était le véritable sujet du film ; à savoir l'addiction à la violence." On a donc comme scénariste Derek Kolstad, auteur de la trilogie (2014-2019) de Chad Stahelski, et David Leitch quant au 1er, ce dernier étant également le producteur de "Nobody" après avoir signé en solo les très bons "Atomic Blonde" (2017) et (2018). Le film s'offre une tagline qui parle d'elle-même : "Les gens les plus insignifiants sont parfois les plus dangereux."...

Nobody (2021) de Ilya Naishuller

Hutch Mansell est un père de famille complètement déconsidéré par sa famille, frustré, et souffrant de trouble post-traumatique. Une nuit, des cambrioleurs s'introduisent dans la maison mais il n'intervient pas ce qui finit définitivement par le faire passer pour un lâche auprès de sa famille. Mais cet évébnement va néanmoins réveiller des instincts primaires et des automatismes qu'il croyait enfouis à jamais. Dès lors, il va se lancer dans une quête de vengeance pour que plus personne n'ose le traiter comme un looser... Cet anti-héros est incarné par Bob Odenkirk, peu connu mais remarqué pour son rôle de Saul Goodman dans les séries TV "Breaking Bad" (2009-2013) puis "Better Call Saul" (2015-...), mais aperçu au cinéma aussi notamment dans (2013) de Alexander Payne, "Pentagon Papers" (2017) de Steven Spielberg et "Les Filles du Docteur March" (2019) de Greta Gerwig. Son épouse est jouée par Connie Nielsen surtout vue ces dernières années en déesse amazone dans les "Wonder Woman" (2017-2021) de Patty Jenkins. Citons RZA rappeur faisant son cinéma depuis "Ghost Dog" (1999) jusqu'à "The Dead Don't Die" (2019) tous deux de Jim Jarmush en passant par sa première réalisation avec "L'Homme aux Poings de Fer" (2012), et Christopher Lloyd culte savant de la trilogie "Retour vers le Futur" (1985-1990) de Robert Zemeckis vu récemment dans "Braquage à l'Ancienne" (2017) de Zach Braff, Colin Salmon vu dans "Braquage à l'Anglaise" (2008) de Roger Donaldson et "Mortal Engines" (2018) de Christian Rivers, et le trop rare Michael Ironside gueule culte dans "Total Recall" (1990) et "Starship Troopers" (1997) tous deux de Paul Verhoeven. Pour finir citons deux méchants russes interprétés par Alexei Serebriakov vu dans (2014) de Andreï Zviaguintzev, et Alexandre Pal qui était dans "Hardcore Henry"...

Nobody (2021) de Ilya Naishuller

La première partie installe un quotidien très routinier, presque mortifère où sa famille semble vivre avec un fantôme dont elle s'accomode. Si le cambriolage est le début de la fin, ou l'élément déclencheur ce n'est qu'indirectement et il faut attendre une rencontre malencontreuse (ou pas !) dans un bus pour voir le film réellement prendre son envol. Une rencontre qui offre une scène de baston aussi violente que jouissive à l'efficacité redoutable avec cette petite pointe d'humour noir qui fait le sel indéniable du film. On remarque alors qu'on est pas surpris que les auteurs de "John Wick" soit à l'origine de cette histoire avec en prime un côté qui lorgne sur "A History of Violence" (2005) de David Cronenberg. La vraie réussite du film réside justement dans ce mix entre action pure et cet humour à la fois noir et décalé, subtil et absurde, qui en fait un action movie fun et jouissif sans pour autant négligé la part trash et violente (film classé R aux Etats-Unis soit interdit au moins de 17 ans non accompagné) de la vendetta. Le film se prend beaucoup moins au sérieux qu'un "John Wick" entre autre (et donc en moins "sur-homme"), notamment grâce à une B.O. aux petits oignons comme ce sublime et idéal "What a Wonderful World". On aime aussi cette absence de morale, où le héros trip et aime revivre ces shoot d'adrénaline, à tel point que lui et ses acolytes (RZA bof mais Papy Lloyd succulent) paraissent finalement aussi psychopathes que ces mafieux russes (dont un caïd crooner). Un film d'action terriblement efficace mais aussi récréatif même si le combat final est un tiré par les cheveux. Une vraie bonne surprise à conseiller.

Nobody (2021) Ilya NaishullerNobody (2021) Ilya NaishullerNobody (2021) Ilya Naishuller