Minari (2021) de Lee Isaac Chung

Voici un film particulièrement remarqué ces derniers mois, d'abord au Festival de Sundance 2020 où il obtient le Grand Prix du Jury et le Prix du Public, puis en étant lauréat du Golden Globe 2021 du meilleur film en langue étrangère (pour une production qui reste américaine, avec des dialogues en langue anglaise en petite partie). Le film est produit, réalisé et écrit par Lee Isaac Chung, américain d'origine coréenne ayant vécu dans une ferme de l'Arkansas ce qui place le film dans une dimension autobiographique officieuse au vu du sujet. Le cinéaste est encore assez peu connu mais réputé notamment pour ses documentaires, on peut aussi citer ses films de fiction comme "Munyurangabo" (2007), "Lucky Life" (2010) et "Abigail Harm" (2012). A noter qu'on trouve un certain Brad Pitt parmi les co-producteurs..

Minari (2021) de Lee Isaac Chung

Après des soucis financiers une famille américaine d'origine coréenne décide de quitter la Californie pour s'installer en Arkansas où monsieur rêve de devenir fermier au grand dam de son épouse. Alors que la tension monte au sein du couple, la grand-mère maternelle arrive pour soutenir la famille et notamment s'occuper des deux enfants dont le plus jeune a un soucis cardiaque... Le couple est interprété par Han Ye-Ri vue dans (2014) de Sung-Bo Shim et "Illang : la Brigade des Loups" (2018) de Kim Jee-Woon, puis par Steven Yeun remarqué d'abord dans la série TV "The Walking Dead" (2010-2016) puis vu sur grand écran entre autre dans (2017) de Bong Joon-Ho et "Burning" (2018) de Lee Chang-Dong. La grand-mère est incarnée par Youn Yuh-Jung actrice fétiche de Im Sang-Soo notamment dans les excellents "Une Femme Coréenne" (2003), "The Housemaid" (2010) et "L'Ivresse de l'Argent" (2012) puis vue dernièrement dans "Lucky Strike" (2020) de Kim Yong-Hoon. Leur employé est joué par le méconnaissable Will Patton, second rôle marquant depuis plus de trois décennies notamment dans "Armageddon" (1998) de Michael Bay, "La Dernière Piste" (2011) de Kelly Reichardt et (2018) de David Gordon Green. Citons également dans un petit rôle, Scott Haze, fidèle acolyte de James Franco sur plusieurs projets et vu autrement dans "Midnight Special" (2015) de Jeff Nichols et (2018) de Ruben Fleischer... Pour l'anecdote, "Minari" est le terme en coréen pour la plante Oenanthe Javanica, connu sous d'autres termes comme persil japonais ou céléri chinois.

Minari (2021) de Lee Isaac Chung

La trame est particulièrement éculée, où comment une famille arrive dans un nouvel environnement, un nouvel univers et doit se construire un nouvel avenir. Ainsi le scénario est limpide et ne promet aucune réelle surprise avec la ligne directrice projet-crise conjugale-difficulté financière-espoir-accident-rebondir ou pas... etc... Sans compter les 2-3 paramètres pour ajouter du drame à la tragédie. Et oui, quand on a la poisse on attire la poisse même au cinéma avec le gamin cardiaque et mamie en prime. Mais la famille d'origine coréenne est touchante, presque trop à tel point que l'épouse passe constamment pour la mégère de service. Petite originalité, puisque même la grand-mère est adorable derrière son air de rebelle à l'ancienne. On apprécie le jeu et le personnage de l'employé illuminé alias Will Patton bien que toute la dimension mystique paraît un peu superflu voir carrément intule au récit. On est tout aussi perplexe quant au travail bien singulier du couple et qui n'a d'autre intérêt que d'être sans doute inédit sur grand écran. On notera une invraisemblance sur la guerre de Corée (1950-1953), les protagonistes semblent bien jeunes pour l'avoir connu. Néanmoins, sans être franchement passionnant, Lee Isaac Chung signe une chronique familiale touchante et cohérente qui offre de jolis moments à défaut d'avoir réellement quelque chose à raconter. Un bon moment, façon feel good movie champêtre et sa dose d'optimisme en l'humanité.

Minari (2021) Isaac ChungMinari (2021) Isaac Chung