Moxie (2021) de Amy Poehler

Second long métrage en tant que réalisatrice après "Un Week-End à Napa" (2019) de l'actrice-humoriste Amy Poehler, connue d'abord comme membre du mythique Saturday Night Live (2001-2008) et donc pour être apparu dans plusieurs films de ses camarades comme dans "Les Rois du Patin" (2007) de Will Speck et Josh Gordon, "Légendes Vivantes" (2013) de Adam McKay et "Sisters" (2015) de Jason Moore. Ce second projet est adapté du roman éponyme (2015) de Jennifer Mathieu sur la naissance d'une militante féministe au lycée, pour faire court. Le scénario est signé de Tamara Chestna connue pour le teen midinette "After - Chapitre 1" (2019) de Jenny Gage, puis de Dylan Meyer à laquelle on doit "Heist Society" (2016) de Drew Barrymore et "Xoxo" (2019) de Christopher Louie et, accessoirement, compagne à la ville de la star Kristen Stewart. Le film pose d'emblée son ambition féministe avec un trio de femmes derrière la caméra... Vivian étudie dans un lycée où le sexisme est omniprésent, mais les élèves se connaissant depuis tout petit les choses semblent s'être installées subrepticement pour devenir une norme. Comme à chaque rentrée, les garçons du lycée mettent en ligne sur les réseaux un classement sur les filles que seule une nouvelle, Lucy, est la seule qui tente de s'y opposer mais la directrice semble elle-même engoncée dans un système qui la dépasse. Vivian commence à se poser des questions au moment où elle découvre une boîte appartenant à sa mère où il y a de nombreux souvenirs du lycée à une époque où sa mère était une rebelle féministe. C'est décidé, Vivian va se servir du contenu pour tenter de faire bouger les choses dans son lycée...

Moxie (2021) de Amy Poehler

L'héroïne est incarnée par Hadley Robinson aperçue dans "Les Filles du Docteur March" (2019) de Greta Gerwig et "Je Veux Juste en Finir" (2020) de Charlie Kaufman. Ses amies sont jouées par Lauren Tsai vue dans la série TV "Legion" (2017-2019), Alycia Pascual-Lucy et Josie Totah toutes deux vues dans le reboot de la série TV "Sauvés par le Gong" (2020-...), Anjelika Washington vue dans la série TV "Stargirl" (2020-...), puis Sydney Park vue dans les séries TV "L'Apprentie Maman" (2013-2015) et "The Walking Dead" (2016-2018) et qui après le film d'horreur "I Wish" (2017) de John R. Leonetti retrouve Josephine Langford popularisée depuis par le soupe de "After - Chapitre 1". Face à elles, citons deux mâles "alpha", Nico Hiraga aperçu dans les films "Skate Kitchen" (2019) de Crystal Moselle et "Booksmart" (2019) de Olivia Wilde, puis un certain Patrick Schwarzenegger (fils de...) aperçu dans "Stuck in Love" (2015) de Josh Boone et "Dear Eleanor" (2016) de Kevin Connolly avant d'obtenir un rôle principal dans un autre teen movie avec "Midnight Sun" (2018) de Scott Speer. Du côté des adultes, la principale du lycée est jouée par Marcia Gay Harden vue entre autre dans "Into the Wild" (2007) de Sean Penn et "Magic in the Moonlight" (2014) de Woody Allen, un prof qui a les traits de Ike Barinholtz vu dernièrement dans (2020) de Craig Zobel et qui retrouve la réalisatrice Amy Poehler qui elle-même s'octroie le rôle de maman ex-rebelle, puis son nouveau compagnon interprété par Clark Gregg connu comme agent du SHIELD dans le Marvel Universe depuis (2008) de Jon Favreau... Le film surfe évidemment sur une période particulièrement propice à la thématique au combien brûlante, qui ouvre toutes les perspectives possibles autour du féminisme de tous les degrés, sexisme, violences faîtes aux femmes... etc... Et si il y a une période sans doute fondatrice sur cette éducation c'est effectivement bel et bien la période scolaire, et quoi de plus probant que le lycée où les uns et les unes se forment au monde qui les attends. Nous voici donc immergé dans un lycée à l'américaine avec ses poncifs habituels (mais si ancrés dans la culture US) des pompom girls aux stars de l'équipe de football américain en passant par la rebelle, le gentil garçon... etc... Mais si il faut sans doute passer par là pour justement casser les codes on s'aperçoit vite que cette gentille dystopie a ses limites.

Moxie (2021) de Amy Poehler

D'abord et avant tout parce que le sexisme de ce lycée est jusqu'au-boutiste et donc trop caricatural pour être plausible. Tous les garçons sont des salauds primaires et pervers voir un peu bêtas sauf le copain de maman car il faut se servir de son passé "rebelle" pour compenser, et sauf le beau gosse de l'héroïne car rien ne vaut un peu de romance pour faire rêver quand même les petites ados au Prince Charmant qui n'existe pourtant pas. Et enfin, toutes les filles sont belles, intelligentes, plus fortes qu'on ne peut le penser... etc... Sauf la directrice, sans doute trop vieille pour comprendre, même maman d'ailleurs qui a oublié son passé de "rebelle". Mais "Moxie" est pourtant une rebelle par procuration, qui n'agit que par le biais d'une boîte qui a plus de 30 ans ce qui peut laisser perplexe quant à l'idée de fond sur ce point. La faute aussi à un scénario trop classique où l'ado réservée va se transformer en rebelle révoltée, où évidemment il va y avoir clash avec les copines mais on s'aiment trop et on se pardonnent, où les "vrais" méchants sont punis, les "faux" méchants pardonnés... Mais pourtant on plonge finalement dedans, un temps soit peu agacé par les raccourcis et facilités pour fouetter les mâles et porter aux nues les dames et demoiselles, on savoure tout de même cette thèse filmique très dirigée. On apprécie ce joli casting bien vu jusqu'à quelques petits rôles savoureux, on aime surtout les dialogues (Amy Poehler particulièrement bien servie !), avec un récit certe convenu et démago mais nécessaire (sans doute ?!) et parfaitement géré avec un rythme soutenu et sans tomber dans le pathos ou la flagellation. Outre ces clichés abusés, on peut rappeler que cracher dans un soda reste avant tout du harcèlement dont même un mec peut être victime, qu'accuser sans preuve se résume à un "parole contre parole" toujours problématique, que le racisme n'est pas le sexisme et vice versa (pas d'amalgame !), que classer des femmes selon leur physique est aussi l'apanage de magazines dit "féminins" et/ou "féministes" et même un sujet très présents entre les femmes elles-mêmes ! En cela le film traîte un peu de tout sans pouvoir franchement l'exploiter, c'est le gros soucis. Mais dans le genre teen movie à message, le propos est porteur d'espoir et intelligible bien que peu nuancé. On passe toutefois un moment loin d'être désagréable, avec une partie romance-humour qui permet de compenser.

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