La Dernière Vie de Simon (2020) de Léo Karmann

Premier long métrage de Léo Karmann qui aura été quelques années Assistant-casting et assistant-réalisateur notamment sur "Les Trois Frères, le Retour" (2014) de Les Inconnus, et qui a signé avant deux courts métrages avec "Delayed" (2010) et "Jumble Up" (2015). Pour son projet il co-signe le scénario avec Sabrina B. Karine qui a oeuvré sur la série TV "Dix pour Cent" (2015-2016) et qui a co-signé l'excellent film "Les Innocentes" (2016) de Anne Fontaine. Le cinéaste a voulu un film qui ressemblerait à ceux de son enfance, bercée par les films de Spielberg, Cameron et Zemeckis dixit le réalisateur-scénariste qui précise : "Un jour j'ai pensé à une histoire autour d'un personnage capable de prendre l'apparence de n'importe qui. Sabrina a aimé ce point de départ et on a commencé à travailler. Très vite, on s'est dit qu'il serait intéressant que ce personnage soit un adolescent : s'il y a bien une période de notre vie où on rêve d'être quelqu'un d'autre, c'est bien celle-ci ! L'adolescence, c'est l'âge des paradoxes : on doute de soi, on se déteste, et en même temps, on aimerait bien s'affirmer... Mais comment se construire si on n'arrive jamais à être soi-même ? Simon, c'est cette dynamique-là : un ado persuadé qu'il doit être un autre pour qu'on l'aime, alors qu'il doit simplement trouver en lui assez d'assurance pour pouvoir aimer et être aimé."...

La Dernière Vie de Simon (2020) de Léo Karmann

Simon a 8 ans et cache un secret : il est capable de prendre l'apparence de chaque personne qu'il a déjà pu toucher. Mais malgré son pouvoir, il est un jeune orphelin qui rêve avant tout de trouver une famille aimante... Certains personnages sont joués à deux périodes différentes, avec une bonne dizaine d'années d'écart. Ainsi Simon est incarné par Benjamin Voisin vu dans "Bonne Pomme" (2017) de Florence Quentin, "Un Vrai Bonhomme" (2020) de Benjamin Parent et surtout dans le tout récent (2020) de François Ozon pour lequel il était nommé au César du meilleur espoir, Simon étant aussi joué par le tout jeune Alfred Greffier aperçu dans "L'Histoire d'une Mère" (2017) de Sandrine Veysset. Les deux amis, à 18-20 ans, sont joués par Martin Karmann, vu dans le court "Jumble Up" de son frère, puis aperçu dans la série TV "Les Bracelets Rouges" (2018), et Camille Claris vue dans (2014) de Mélanie Laurent, "Les Etoiles Restantes" (2016) de Loïc Paillard et (2019) de Lisa Azuelos. Tous sont interprétés à 8-9 ans par les jeunes mais prometteurs Simon Susset et Vicki Andren. Les parents de ces deux derniers sont joués par Julie-Anne Roth vue dans "David et Madame Hansen" (2012) de Alexandre Astier et "Normandie Nue" (2018) de Philippe Le Guay, puis Nicolas Wanczycki vu dans "La Terre Outragée" (2012) de Michale Boganim, "Juillet Août" (2016) de Diastème et "Quand on Crie au Loup" (2019) de Marilou Berry. Citons enfin la policière incarnée par Florence Muller vue dernièrement dans des films comme "Fleuve Noir" (2018) de Erick Zonca, (2018) de Jeanne Herry et "Le Mystère Henri Pick" (2019) de Rémi Besançon... La première scène interpelle un peu, où comment un enfant au pouvoir de se métamorphoser choisit ni plus ni moins que son éducateur, soit celui qui justement peu le confondre si jamais ils se rencontraient. Pas bien malin, mais en même temps on peut se dire que le gamin n'a que 8 ans (un âge qui excuse encore 2-3 "soucis"). Second constat, le manque de moyen qui frappe quand on constate que la métamorphose est surtout suggérée, le réalisateur usant d'un éclat de lumière, de l'ombre ou même du hors champ pour permettre les transformations. Il y a bien 2-3 séquences avec du numérique, mais le peu et le manque de fluidité et le systématisme "lumière-ombre-hors champ" pousse à penser que le budget n'a pas profité au effets spéciaux.

La Dernière Vie de Simon (2020) de Léo Karmann

Mais le film prend ses marques et on commence par être touché par ce gosse un peu paumé et seul qui voit se dessiner un avenir heureux avant un accident tragique. À cet instant on a une pensée pour la note d'intention du film : "Mais comment se construire si on arrive jamais à être soi-même ? Simon, c'est cette dynamique-là : un ado persuadé qu'il doit être un autre pour qu'on l'aime, alors qu'il doit simplement trouver en lui assez d'assurance pour pouvoir aimer et être aimé." ... Outre le fait que cette note irait à merveille à un certain "Edward aux Mains d'Argent" (1990) de Tim Burton, on constate que le cinéaste a dû omettre le fait que Simon n'a que 8 ans au début de l'histoire, et qu'à partir dudit accident le film tombe dans le drame, le thriller et le fantastique sans qua jamais une once d'onirisme puisse s'y insérer. Non, Léo Karmann préfère le côté fantastique, façon Spielberg comme il le souhaiterait sans doute, mais sans merveilleux car on se situe assurément dans un thriller qui ne dit pas son nom où on flirte avec le malsain, ce qui est heureusement atténué par une dose de romantisme qui a le bon goût de ne pas tomber dans la mièvrerie adolescente. Mais dans le même coup le récit est plombé par plusieurs invraisemblances, comme le fait que la mère ne réagit pas quand sa fille se rapproche du vieil homme sur la plage, ou pire comment croire que la police n'aurait pas fait de test ADN ?! Niveau acting, les parents sont impeccables, terriblement justes et touchants, Madeleine/Claris et Simon/Voisin sont tout aussi bon, à contrario de leur "frère" et partenaire Thomas/Karmann qui joue son personnage de façon trop mutique, amorphe (pour ne pas être plus sévère !) et donc auquel on a bien du mal à s'attacher malgré le double. Ainsi l'histoire est particulièrement intéressante, plutôt bien ficelée sur l'ensemble, avec un casting au diapason (à l'exception de...), on apprécie aussi la photographie qui met bien en valeur les paysages mais on ne peut être pleinement convaincu à cause de trop nombreuses maladresses et/ou incohérences. Dommage, ce film méritait plus au vu de son potentiel. Note indulgente.

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