Boss Level (2021) de Joe Carnahan

Nouveau film de Joe Carnahan, réalisateur plutôt efficace qui est capable pourtant du meilleur comme du pire, passant de l'excellent "Narc" (2002) au médiocre "L'Agence Tous Risques" (2010) avec du pop corn plus ou moins inspiré avec le fun "Mise à Prix" (2007) et le très balisé "Le Territoire des Loups" (2012). Pour ce nouveau projet il retrouve son producteur Randall Emmett, spécialiste du film d'action de "Narc" à "The Irishman" (2019) de Martin Scorcese en passant par "End of Watch" (2012) de David Ayer et (2013) de Baltazard Kormakur. Par contre il collabore pour la première fois avec les frères Chris et Eddie Borey, co-scénaristes méconnus encore qui ont déjà signé des films comme "Open Grave" (2015) de Gonzalo Lopez-Gallego et "The Last Chinese Chef" (2018) de Leong Po-Chih. Forcément, au vu du speech de ce nouveau film on pense à d'autres oeuvres car la ligne directrice "revivre éternellement la même journée" n'est plus une innovation depuis "Un Jour sans Fin" (1993) de Harold Ramis. Dans le genre on peut citer le thriller "Source Code" (2011) de Duncan Jones, le guerrier "Edge of Tomorrow" (2014) de Doug Liman, le slasher "Happy Birthdead" (2017) de Christopher Landon ou même le Rom Com avec le tout récent "Palm Springs" (2021) de Max Barbakow. Carnahan offre là un pur action movie... Roy est un ex de forces spéciales et fait depuis longtemps le mort-vivant, ou plutôt, il fait avec, revivant la même journée éternellement où il meurt à la fin, avant de recommencer et à ce jour il est déjà à plus de 140 journées quasi identiques, grapillant presque à l'insu de son plein gré quelques minutes à chaque fois, s'habituant forcément et connaissant d'emblée la chronologie des faits. Mais un petit grain de sable va réveiller Roy, désormais bien décider à comprendre ce qui lui arrive et à tenter de remédier à cette boucle temporelle...

Boss Level (2021) de Joe Carnahan

Le héros est incarné par Frank Grillo, vu récemment dans "Black and Blue" (2019) de Deon Taylor, plus souvent habitué aux seconds couteaux genre mercenaire et qui trouve là un premier rôle sur mesure en retrouvant Carnahan après "Le Territoire des Loups". Face à lui l'acteur retrouve après "Hors de Contrôle" (2010) de Martin Campbell le grand méchant est interprété par Mel Gibson vu dernièrement dans (2020) des frères Nelms. L'ex-femme du héros est jouée par Naomi Watts, grande actrice un peu en perte de vitesse dont les derniers titres valables sont "Demolition" (2016) de Jean-Marc Vallée, "Ophelia" (2018) de Claire McCarthy et (2018) de Adam McKay. Dans les seconds rôles citons Annabelle Wallis vue notamment dans le dyptique (2014-2017) de John R. Leonetti, Michelle Yeoh qui se fait rare depuis quelques temps mais vue dans (2011) de Luc Besson et (2016) de Luke Scott et qui retrouve après "Crazy Rich Asians" (2018) de Jon Chu l'acteur Ken Jeong connu depuis son rôle culte dans la trilogie "Very Bad Trip" (2009-2013) de Todd Phillips, sans oublier le frenchy Mathilde Ollivier remarquée dans le sous-estimé (2018) de Julius Avery. Citons plusieurs "'gueules" issues du catch ou MMA pour les gros bras comme Will Sasso, Rashad Evans, Rob Gronkowski et surtout Quinton Jackson alias Barracuda dans l'adaptation de Carnahan "L'Agence Tous Risques", puis une "fine lame" incarnée par Selina Lo vue dans "The Debt Collector" (2018) et "Triple Threat" (2019) tous deux de Jesse V. Johnson... Le film pêche d'emblée par une idée de base qui a déjà fait ses preuves et dont le concept semble balisé mais dès le début on sent une certaine ébullition avec un personnage central qui est devenu complètement blasé après 140 mêmes journées, 140 fois assassiné, à tel point qu'il serait presque en train de s'ennuyer ! Un décalage se fait et crée donc un détachement qui offre une légèreté de ton bien venue dans ce jeu de massacre façon jeu vidéo.

Boss Level (2021) de Joe Carnahan

Sur ce dernier point, on mettra notre premier bémol, car en effet dès le titre on devine la volonté d'un parallèle entre ce récit et les scénarios de jeu vidéo en ligne mais jamais Joe Carnahan n'exploite ce point, le côté RPG (terme "officiel" des gamers) est en fait un filon plus promotionnel qu'actif ce qui est sans doute un peu décevant finalement. Résultat, le film est plus un action movie pur plutôt qu'un référent à une sorte de "Ready Player One" (2018) de Steven Spielberg. Néanmoins, on salue une première partie qui mêle habilement action et humour en jouant justement sur le détachement du héros qui se lasse de sa nouvelle vie, qui grapille quelques minutes à chaque jour sans même le chercher vraiment. Le montage est malin, évitant de trop copié-collé les séquences et les passages répétitifs du début, mais en insistant plus sur ces minutes gagnées et sur l'évolution de la journée. Niveau mise en scène, c'est rythmé et fun, avec de grosses séquences dont une fine lame qui serait toute droite sortie d'un Tarantino qu'on y croirait. Par contre un très gros soucis nous explose au visage un peu trop souvent, les effets pyrotechniques hideux qui semblent d'un autre temps, bâclés et même inadmissibles en cette année 2021 et pour un tel projet. Certains pourraient arguer que cela est fait exprès pour "matérialiser" le côté jeu vidéo ; argument intéressant mais peu fiable, ça resterait très léger comme réussite et trop limité puisque rien d'autre ne vient étayer ce choix éventuel comme pixéliser certains passages et/ou paramètres. Quel dommage, car visuellement ça pollue gravement la fluidité du film. Mine de rien on apprécie aussi le fait que le héros ne soit pas trop fort (il lui faut pas moins de 140 journées avant de se "réveiller", plus plusieurs dizaines de fois avant d'évoluer réellement), apprenant continuellement et progressivement de lui comme des autres. L'autre petit bémol reste le casting, Frank Grillo fait le job et assure en badass cool, on savoure les petits caméos (Yeoh et Yeon), on aime la Kat-woman Selina Lo patr contre Mel Gibson cachetonne et malheureusement Naomi Watts demeure un peu potiche, peu aidée par un rôle sous-exploitée. Joe Carnahan signe pourtant un film solide, non avare d'une vraie envie de cinéma gourmand et décomplexé, généreux et fun, avec des belles idées (première partie, mix façon Matthew Vaughn-Tarantino ...) qui pêche surtout par cet "omission" jeu virtuel (rapport pyrotechnie ?!). Un très bon.

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Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :

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