Archive (2021) de Gavin Rothery

Après un court métrage "The Last Man" (2014), l'inconnu Gavin Rothery signe son premier long métrage pour lequel il choisit la SF, et plus exactement le film d'anticipation dystopique ce qui n'est pas surprenant pour ce spécialiste des effets spéciaux visuels et designer graphique qui a surtout travaillé sur des jeux vidéos comme "Grand Theft Auto III" (2004), "Battalion" (2005-2007) et "La Quête d'Aragorn" (2010), à l'exception notable de sa participation au film (2009) de Duncan Jones. Gavin Rhothery est co-producteur et porte la double casquette réalisateur-scénariste de son film dont le speech rappelle sans doute un peu trop d'autres films... En 2038 (ou 2049 selon les sources) un scientifique est isolé du monde extérieur depuisp resque trois ans alors qu'il travaille pour une firme afin de créer un robot doté d'une Intelligence Artificielle. Son contrat prend fin au bout de trois ans, et ses supérieurs commecent à s'impatienter alors qu'il est en fait en train de tenter de faire ressusciter l'esprit de sa femme en créant un robot à son image, le J3 qu'il doit donc terminer au plus vite...

Archive (2021) de Gavin Rothery

Le scientifique est interprété par Theo James révélé d'abord dans deux (2012-2017) avant d'être remarqué dans la trilogie "Divergente" (2014-2016) tandis qu'il aborde de nouveau l'Intelligence Artificiel après "Zoe" (2018) de Drake Doremus. Son épouse (et ses "répliques") est incarnée par Stacy Martin révélée dans "Nymphomaniac" (2014) de Lars Von Trier et vue dans "High Rise" (2016) de Ben Wheatley et "Le Redoutable" (2017) de Michel Hazanavicius. La patronne est jouée par Rhona Mitra vue dans "Highwaymen" (2004) de Robert Harmon et "Doomsday" (2008) de Neil Marshall et qui avait précédé Theo James avec "Underworld 3 : le Soulèvement des Lycans" (2009) de Patrick Tatopoulos. Puis citons Toby Jones qui retrouve Stacy Martin après "Tale of Tales" (2015) de Matteo Garrone et qui, lui aussi, avait abordé l'Intelligence Artificiel dans (2016) de Luke Scott... D'ailleurs, entre "Zoe" et "Morgane" sus-nommés, le film de Gavin Rothery nous fait forcément à eux, mais on peut également citer (2012) de Kike Maillo, voir "Real" (2014) de Kiyoshi Kurasawa et surtout (2015) de Alex Garland. D'emblée, le décor montagneux et forestier renvoie à d'autres films, l'isolement d'un savant qui veut créer un clone droïde renvoie à ces mêmes films, et ce climax anxiogène et calfeutré renvoie encore et toujours à ces films ce qui démontre que Gavin Rothery a clairement été influencé (pour ne dire pas simplement copié-collé), mais il n'a pas su ou pu instaurer un style assez personnel pour atténuer ou araser cet automatisme qui nous fait réagir très souvent à toutes les similitudes et autres passages plus ou moins semblables. Mais quand on aime le genre on espère, on veut y croire, on cherche le truc en plus qui va permettre de passer malgré tout un moment singulier.

Archive (2021) de Gavin Rothery

Malheureusement en plus d'avoir la sensation de revoir des films en un, on constate vite une collection d'incohérences et d'invraisemblances narratives comme plus techniques. En 2038 ou 2049 il est étonnant de voir que tous les écrans grésillent ou qu'avec une base high-tech le scientifique se doit de faire sa tournée "sécurité" comme un technicien EDF d'aujourd'hui. On est surpris de voir un clone blond alors qu'il s'agit de copier une femme brune, mais plus problématiques sont les maladresses narratives qui plombent la crédibilité de l'ensemble comme le scientifique qui a trois prototypes (J1, J2 et J3) mais ne vérifie pas la présence des autres quand un manque à l'appel, qu'un robot se trouve une cachette qui lui est pourtant impossible physiquement d'atteindre, qu'on nous explique qu'un robot ne peut sortir de son emplacement de "repos" sans leur créateur mais que finalement par soucis de facilité un robot s'en sort seul, puis on peut se demander quand et comment un robot a-t-il appris à manier une arme (!?), et que dire d'une personnage qui semble avoir une importance non négligeable mais qui disparâit ensuite sans explication ! Liste non exhaustive tant il y a matière... On est particulièrement déçu d'un autre paramètre, et pas anodin, la qualité des trois robots est un peu ridicule. En effet, J1 n'est même pas digne d'un robot des années 70 (on est censé être dans 30-40 ans !), J2 pas beaucoup mieux, et enfin arrive J3 qui passe d'une première forme prometteuse à une androïde au maquillage aussi primaire et facile qu'un cours scolaire où l'actrice est très simplement peinte en blanc avec des traits au marqueur noir !!! On hallucine pour un film de 2021 et une histoire qui se déroule dans un futur proche. Pour un ersatz on peut dire que le réalisateur fait illusion une petite demi-heure, mais que tout se décompose au fru et à mesure jusqu'à ne plus voir que les erreurs ou les maladresses, malgré des acteurs plutôt bons, et malgré une fin séduisante même si le twist est devenu si usité qu'on le sent venir. En conclusion Gavin Rothery signe un film bancal, inabouti, et dont le gros défaut principal est sans doute que le cinéaste n'avait tout bonnement pas d'idées personnels ni assez d'inspiration pour vraiment construire un récit intéressant et cohérent.

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