Les Aventures du Baron de Münchausen (1988) de Terry Gilliam

Ex-Monty Python ayant choisit de poursuivre en solo, Terry Gilliam revient pour son 4ème long métrage après "Jabberwocky" (1977), "Bandits, Bandits" (1981) et surtout après le succès "Brazil" (1985). Pour ce nouveau projet il adapte la vie du véritable Baron de Münchausen (Tout savoir ICI !) dont l'existence est aussi fabuleuse que le film qui est en fait adapté du livre "Baron Münchhausen's Narrative of his Marvellous Travels and Campaigns in Russia" (1785) de Gottfried August Bürger qui avait réuni tous les souvenirs de guerre du vrai Münchausen avant de mourir. Une vie "incroyable mais vraie" déjà porté à l'écran plusieurs fois dont "Les Aventures du Baron de Münchausen" (1911) de Georges Méliès, le film allemand "Les Aventures Fantastiques du Baron Münchausen" (1943) de Josef Von Baky, "Le Baron du Crac" (1961) de Karel Zeman, le dyptique "Les Fabuleuses Aventures du Légendaire Baron de Münchausen" (1978) et "Le Secret des Sélénites" (1985) de Jean Image qui sera suivi d'une série animée éponyme. Gilliam co-signe le scénario avec son acolyte Charles McKeown avec qui il a collaboré sur "Monty Python : la Vie de Brian" (1979), puis sur "Bandits, Bandits" et "Brazil". Pour l'anecdote, on notera en co-producteur un certain Ray Cooper, percussionniste de légende ayant collaborer avec des icônes comme Sting, The Who, Clapton, Elton John ou encore The Rolling Stones. Gilliam obtient un budget de près de 25 millions de dollars, ce qui est déjà énorme à l'époque, mais le tournage s'emballe et le cinéaste va pulvériser son budget jusqu'à doubler les frais ! Résultat, un accueil publique et critique plutôt positif mais un box-office trop timide pour être rentable... Fin 18ème siècle, alors qu'une cité est assiégée par les Turcs, le responsable de la ville ordonne qu'un théâtre joue pour occuper le peuple. La troupe joue donc les aventures du Baron de Münchausen alors qu'arrive un énergumène qui affirme être le vrai Baron de Münchausen et alors que la cité est bombardée ce "vrai" personnage se lance dans le récit de ses propres aventures plus vraies que nature selon lui, et toutes plus incroyables les unes que les autres...

Les Aventures du Baron de Münchausen (1988) de Terry Gilliam

Le rôle titre revient à un grand acteur britannique mais peu vu sur grand écran, John Neville qui n'était pas revenu au cinéma depuis (1962) de Peter Ustinov, "Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur" (1965) de James Hill et "Les Aventures du Brigadier Gérard" (1970) de Jerzy Skolimowski ; l'acteur connaître un petit regain d'intérêt après ce film comme dans "Sunshine" (1999) de Istvan Szabo et "Spider" (2002) de David Cronenberg. Le Baron est entouré de fidèles acolytes ce qui permet aussi à Gilliam de faire appel à des proches en premier lieu son ami et membre histotrique des Monty Python Eric Idle, son co-scénariste Charles McKeown s'octroie également un rôle, Winston Dennis et le nain Jack Purvis qui se retrouvent donc après "Bandist, Bandits", "Brazil" et qui se retrouveront sur "The Fisher King" (1991) comme un certain Robin Williams qui venait de cartonner dans "Good Morning Vietnam" (1987) de Barry Levinson, puis Jonathan Pryce qui était dans "Brazil" et qui retrouvera Gilliam dans "Les Frères Grimm" (2005) et surtout dans "L'Homme qui Tua Don Quichotte" (2018). Dans des rôles plus secondaires citons Oliver Reed connu pour le sublime "Les Diables" (1970) de Ken Russell et le dyptique "les Trois Mousquetaires" (1973-1974) de Richard Lester, l'expérimentée Valentina Cortese vue durant des décennies de "La Farce Tragique" (1942) de Alessandro Blasetti à "L'Assassinat de Trotsky" (1972) de Joseph Losey en passant par "La Comtesse au Pied Nu" (1954) de J.L. Mankiewicz, Uma Thurman alors inconnue mais qui fear sensation en Vénus avant d'apparaître cette même année dans "Toutes Folles de Lui" (1988) de Bud S. Smith et surtout "Les Liaisons Dangereuses" (1988) de Stephen Frears. N'oublions pas un rôle important pour la toute jeune Sarah Polley 11 ans qui deviendra une actrice majeure avec "De Beaux Lendemains" (1997) de Atom Egoyan et "eXistenZ" (1999) de David Cronenberg. Notons les caméos de Ray Cooper, Sting et Gilliam lui-même... Vu le destin original du véritable Münchausen on ne sera pas étonné de l'attrait de Gilliam pour ce personnage haut en couleurs qui n'est pas sans rappeler des personnages comme Tartarin de Tarascon, Cyrano de Bergerac et surtout un certain Don Quichotte que Gilliam portera également à l'écran comme un des plus grands serpents de mer du Septième Art. Dans un sens on aura aussi une pensée pour l'excellent (2003) de Tim Burton. Dans le genre fable fantasmagorique le cinéaste prouvera encore et toujours son amour pour ce sous-genre qui ouvre grand les portes de l'imaginaire. D'emblée on sent toute la frénésie gilliamesque dans cette aventure, c'est particulièrement dense, les décors sont magnifiques et inventifs avec un capharnaüm aussi foutraque et incohérent que pouvait sans doute l'être l'esprit du Baron de Münchausen.

Les Aventures du Baron de Münchausen (1988) de Terry Gilliam

Ainsi on remarque les anachronismes nombreux quant aux costumes qui mêlent tous les styles du 15ème au 19ème, on apprécie le baroque ambiant comme la violence qui se marient idéalement à l'époque, on aime la fantaisie de chaque instant des pouvoirs de super-héros des compagnons du Baron jusqu'aux légères idées grivoises... Sur ces derniers points, on notera que certains rigoristes en tout genre pointeront que le film "est inadapté pour les gamins" ! On croit rêver ! Les gamins voient débord bien pire dans d'autres films et/ou jeux vidéos, et surtout, depuis quand un artiste se devrait de signer obligatoirement une oeuvre à destination des enfants ?! Donc passons... Créatif assurément, un bouillonnement et des aventures "incroyables mais vraies" qui reprennenent les fanstasmes et/ou les réels faits d'armes que le Baron a relaté comme se tirer les cheveux pour sortir des sables mouvants ou aller sur la Lune sur un boulet de canon (ce fait d'ailleurs n'aurait-il pas inspiré un certain pour "Docteur Folamour" en 1964 ?!). Si le délire visuel est omniprésent on peut toute fois se poser la question de la nécessité d'instaurer un personnage qui entre dans sa pièce de théâtre pour ensuite narrer ses aventures. Pourquoi ne Supprimer la partie théâtre et le film serait quasi le même. Un concept devenu une ficelle un peu usée que Gilliam reprend un peu trop aisément malheureusement comme pour son "... Don Quichotte". Autrement on notera un maquillage pas toujours très au point comme pour le Roi de la Lune ou le Baron même si Robin Williams et John Neville offre des performances qui occultent un peu ces détails. Sinon le vrai soucis repose sur un rythme pas toujours au point, notamment et sans doute à cause de l'humour qui manque parfais de punch et d'innovation. A contrario on aime les parties oniriques (le croissant de Lune, Vénus...), le côté cartoon parfois mais surtout on aime le côté fable intemporel via le mélange visuel des époques et des genres. Le film est avant tout un conte où tout est possible et dont les limites s'arrêtent surtout là où le Baron les a lui-même instaurées ce qui est en soi déjà fascinant. En conclusion, le film est à l'image de la mémoire de Münchausen, foutraque ou fantasmagorique, délirant et fantaisiste mais visuellement jouissif et parfois savoureux, maladroit aussi mais avec une effervescence qui fait illusion. On aurait préféré la magie à l'illusionnisme, mais c'est déjà pas si mal...

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Pour info bonus, Note de mon fils de 11 ans :

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