Chouans ! (1988) de Philippe De Broca

Après l'échec de "La Gitane" (1986), le réalisateur Philippe De Broca revient avec une fresque historique particulièrement ambitieuse sur la révolte des Chouans en Bretagne lors de la Révolution Française. Une idée forcément intéressante tant cette période de l'Histoire est riche et dense, tout pout faire un film. Le réalisateur co-signe le scénario avec son fidèle Daniel Boulanger avec qui il a collaboré sur la plupart de ses films depuis "Les Jeux de l'Amour" (1960) en passant par quelques uns des es plus gros succès comme (1962), "L'Homme de Rio" (1964) et "Les Tribulations d'un Chinois en Chine" (1965) tous avec Jean-Paul Belmondo. Les deux co-scénaristes s'inspirent très librement du roman "Les Chouans ou la Bretagne en 1799" de Honoré de Balzac. Pour les curieux, on peut citer l'adaptation officielle "Les Chouans" (1947) de Henri Calef avec Jean Marais. Pour en savoir plus sur la Chouannerie c'est ICI !... 1792, alors que la Révolution Française s'étoffe et évolue, la famille du comte Savinien de Kerfadec tente d'y trouver son compte. Si ce dernier continue à vivre selon ses principes, ses enfants eux vont choisir leur camps entre partisan du Roi et les Républicains. Ainsi le comte à trois enfants, un fils légitime, une fille et une second fils tous deux adoptés et si ils étaient très liés enfants les aléas de l'Histoire va séparer la fratrie au grand dam du comte...

Chouans ! (1988) de Philippe De Broca

Le comte de Kerfadec est incarné par Philippe Noiret qui retrouve De Broca après déjà plusieurs films dont "Les Caprices de Marie" (1970), "Tendre Poulet" (1978) et qu'il retrouvera aussi sur "Le Bossu" (1997). Les enfants du comte sont interprétés par trois acteurs de la nouvelle génération émergente avec Sophie Marceau la petite fiancée du cinéma français après les succès du dyptique (1980-1982) de Claude Pinoteau et qui retrouve Philippe Noiret après "Fort Saganne" (1984) de Alain Corneau ainsi que dans "La Fille de D'Artagnan" (1993) de Bertrand Tavernier, puis l'enfant de la balle Lambert Wilson qui retrouve Marceau après "La Boum 2" avant de confirmer son ascension avec des films comme "La Femme Publique" (1984) de Andrzej Zulawski et "Rendez-Vous" (1985) de André Téchiné, puis enfin Stephane Freiss révélé par les films "Sans Toi Ni Loi" (1985) de Agnès Varda et "Le Complexe du Kangourou" (1986) de Pierre Jolivet, ce dernier retrouvera De Broca aussitôt après pour "Les Mille et Une Nuits" (1990). Dans les seconds rôles citons Jean-Pierre Cassel qui retrouve les deux auteurs après "Les Jeux de l'Amour" (1960), Roger Dumas qui retrouve également De Broca après "L'Homme de Rio" et "Tendre Poulet", Raoul Billerey qui était dans "Cartouche" et qui sera dans "la Fille de D'Artagnan", puis Charlotte de Turckheim vue dans "Le Maître d'Ecole" (1981) de Claude Berri et "Un Amour de Swann" (1984) de Volker Schlöndorff. Citons également plusieurs "gueules" du cinéma français avec Jean Parédès, Jacques Jouanneau, Luc-Antoine Diquéro, Jacqueline Doyen et le vétéran Jacques Herlin vu dans "les Monstres" (1963) de , "La Petite Voleuse" (1986) de Claude Miller et qui retrouvera la Révolution Française dans le récent "Les Adieux à la Reine" (2012) de Benoît Jacquot... Si la Chouannerie s'est déroulée sur une grande partie dépassant les frontières de la Bretagne, Philippe De Broca a situé son récit dans la Bretagne profonde, pour un tournage dans le Morbihan, les Côtes d'Armor et surtout au Finistère dans la ville de Locronan (29) où avait déjà été tourné le film (1979) de Roman Polanski. Le film est une fresque historique qui tente un melting-pot audacieux entre épopée historique, romanesque, mêlant une famille fictive où histoire d'amour et fraternité se brisent face aux méandres de l'Histoire en marche avec une dose de comédie, de l'aventure sans pour autant omettre les drames et les horreurs des Révolutions. Dans un premier temps, le scnéario s'attarde donc sur la famille de Kerfadec en 1789, les liens entre ses enfants, leurs différents caractères, sous oublier la passion du comte pour les nouvelles technologies et notamment l'aviation (!), tout ça avant que les uns et les autres se séparent avant de se retrouver en 1792 avec tous les événements survenus entre temps et qui vont obliger la fratrie à choisir un camps.

Chouans ! (1988) de Philippe De Broca

On s'amuse alors d'un comte/Noiret tout dans ses bizarreries technologiques et sa joie de vivre, sa fille/Marceau sublime de coquetterie et de malice, et deux frères qui vont trouver en cette Révolution l'excuse qu'il leur fallait pour marquer, finalement, leurs désaccords. Cette première partie est plutôt plaisante, bien menée, où on reconnaît le style De Broca toujours entre fantaisie et aventure. Historiquement on apprécie plutôt la reconstitution décors/costumes, les différences et les principes généraux qui font les Chouans et/ou les Républicains, mais même si on perçoit une sincérité de fond on peut pourtant constater que les Chouans sont montrés plutôt comme des fanatiques plus ou moins psychopathes tandis que les Républicains sont forcément porteurs d'avenir nécessaire. Un peu trop manichéen et unilatéral pour un conflit qui est bien plus complexe notamment les divergences intra-Chouans ne sont pas traitées ici, tandis que les exactions (massacres, viols, ...) étaient légions dans et par les deux camps. Par contre on sera plutôt interloqué par un court passage sodomite qui a tout de la gratuité envers la "bestialité" des gueux chouans. Par là même plusieurs choses vont nous interpeller, des dialogues pas toujours opportuns (petite pensée au "Monopole du Coeur" !!!), des anachronismes divers et variés dont le vélo qui apparaît ainsi 20-30 ans trop tôt alors même que, par contre, si certains s'offusquent de l'avion du comte il faut rappeler que l'époque était alors prolixe à bon nombre de inventeurs/aventuriers du genre ce qui n'est donc pas ridicule même si le résultat final peut faire effectivement sourire. Le vrai soucis du film n'est pas dans ces détails plus ou moins excusables (avion, frères ennemis, le Marseillaise...) mais on est déçu par la caricature des forces en présence (manichéïsme, vision unilatérale, propos survolés...). Par contre, le film ne manque pas de rebondissements ni de rythme, les paysages sont bien mis en valeur, la reconstitution générale facilité une belle immersion en 1792, les acteurs assurent pour un divertissement souvent maladroit mais qui ne manque pas d'un certain charme. Un bon moment à défaut d'être mémorable.

Chouans (1988) Philippe BrocaChouans (1988) Philippe Broca