[FUCKING SERIES] : Désanchantée saison 3 : Régner, c’est ce qu’il y a de plus beau

[FUCKING SERIES] : Désanchantée saison 3 : Régner, c’est ce qu’il y a de plus beau

(Critique - avec spoilers - de la saison 3)

Il semblerait que ce soit un peu dans le désintérêt général que le dernier bébé du papa des Simpson Matt Groening continue son petit bonhomme de chemin sur Netflix : Déjà une troisième saison et si Désenchantée avait créer un petit buzz à l’approche de ses débuts, elle a vite cessé d’éveiller l’intérêt du gros du publique, mais conserve un audimat visiblement assez stable pour ne pas encore subir d’annulation. Et j’en suis ravi parce que c’est une série pour laquelle j’ai une affection toute particulière, qui aura su construire son univers avec efficacité et offrir des personnages drôles, plutôt forts, et parler de chose pas inintéressantes. Il est donc frustrant que cette nouvelle saison souffre à ce point d’une flemme absolue de bien faire les choses.

[FUCKING SERIES] : Désanchantée saison 3 : Régner, c’est ce qu’il y a de plus beau

Copyright Netflix

C’était déjà quelque chose qu’on pouvait reprocher à l’œuvre à la base, elle souffre de grosses paresses d’écriture grossièrement camouflées comme des gags à tendance absurde. Mais c’est quelque chose de bien plus flagrant ici, l’énergie à construire les gags autour n’est très clairement plus au rendez-vous, d’ailleurs beaucoup de gags ne fonctionnent pas car mal amenés, vu ailleurs mille fois, et très franchement flemmard. Il y a une vague tentative de noircir le ton, ce n’est malheureusement jamais assumé et la série perd un peu pied lorsqu’elle cherche à mêler le comique au dramatique. L’alchimie ne fonctionne plus vraiment, il y a un déséquilibre flagrant et les dissonances de ton perturbent mais ne font pas rire, elles crispent. Et on sent bien que sur l’intrigue globale et l’évolution de l’univers, personne n’y va avec une grande conviction. Une attention particulière, surtout visuelle, est accordée au développement de Steamland, pendant technologique de Dreamland et sa magie, et ça fonctionne plutôt bien. Mais pour ce qui est des pseudos intrigues de complots nébuleux qui semblent concerner à la fois tout le monde et personne, ça se prend les pieds dans le tapis. L’intrigue avance par à-coups, à deux km/h, en début et en fin de saison et c’est tout. Alors on aimerait que ça avance, on attend, on s’impatiente, et finalement on s’en désintéresse. Bean quant à elle, est toujours un personnage plutôt flamboyant mais de moins en moins, elle perd son côté rebelle, s'assagit, et va devoir apprendre un peu bon gré mal gré à régner pour palier à la santé mental défaillante de son royal papounet. Et moi je la préférais à écumer les bars.

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Reste que, malgré tous les problèmes accumulés de cette saison, Désenchantée y trouve son plus pur moment de grâce avec l’épisode 9. Alors que le roi Zog a traversé très difficilement l’intrigue entre trahison approximative, complot timidement orchestré et folie grandissante, arrivé au bout de ses croassements incessants, jamais drôle et même parfaitement agaçant, ce dernier s’éteint. Il ne meurt pas, il n’a simplement plus la force d’exister, même pour croasser. S’en suit une suite de scène entre lui et Bean, dans lesquels la série va parler mieux que jamais de la force de leur lien ainsi que de l’épuisement et l’écroulement psychique d’un esprit qui n’a pas la force de vivre avec les traumatismes et les pressions subit avec une pertinence et une acuité inattendue, et parfaitement bouleversante. Puisqu’elle n’assume pas sa dimension tragique, la série va maladroitement désamorcer ça mais c’est d’une telle pureté que ça n’en est qu’à peine entaché. Les dix épisodes se suivront avec plaisir pour quiconque apprécie l’univers créé par Groening, mais c’est frustrant de se dire qu’il a le matériau de base pour faire une grande série animée, et que c’est bien triste mais Désenchantée reste mineur dans le paysage de l’animation pour adulte américain, et risque bien de le rester.

Kevin

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