Les Hauts de Hurlevent (1992) de Peter kosminsky

Enième adaptation du célèbre roman éponyme (1847) de Emily Brontë dont on peut citer la plus célèbre avec "Les Hauts de Hurlevent" (1939) de William Wyler, depuis le dernier film est la version (2011) de Andrea Arnold. Mais ce film est une production Paramount alors que les droits sur le titre (et non plus de l'oeuvre elle-même) sont encore détenus par la MGM depuis le film de 1939 ce qui a pour conséquence que le titre officiel en V.O. est "Emily Brontë's Wuthering Heights". A contrario de la plupart des films adaptés de ce roman, cette fois la trame générale est racontée alors que le plus souvent les films se focalisent sur la première génération uniquemen t, comme en 1939. Le scénario reprend donc le roman intégral et est signé de Anne Devlin, travaillant le plus ousvent pour la télévision mais à laquelle on doit "Vigo, Histoire d'une Passion" (1998) de Julien Temple, biopic sur le cinéaste Jean Vigo. Le film est réalisé par Peter Kosminsky, ex-reporter de guerre et documentariste réputé, il signe là son premier long métrage de fiction avant de réaliser un second et ultime film avec "Laurier Blanc" (2002)... Fin 18ème, en Angleterre, Heathcliff est receuilli et adopté par un aristocrate Lord Earnshaw qui l'accueille donc en son domaine "les Hauts de Hurlevent" auprès de ses enfants, Hindley et Cathy. Les années passent, et si Heatcliff est considéré comme un membre de la famille il est pourtant haï par son "frère" Hindley tandis qu'il est de plus en plus proche de Cathy. Tout change quand Lord Earnshaw meurt, Hindley étant l'héritier Heathcliff est traité soudain comme un simple employé. La différence sociale fait que Cathy accepte un mariage de convenance...

Les Hauts de Hurlevent (1992) de Peter kosminsky

La star du film est la française Juliette Binoche, qui tourne ce film après "Les Amants du Pont-Neuf" (1991) de Leos Carax, c'est aussi son second film anglophone après "L'Insoutenable Légèreté de l'Être" (1988) de Philip Kaufman. Heathcliff est incarné par Ralph Fiennes dans un rôle premier rôle principal dans son premier film, un rôle assez reamrqué pour enchaîner ensuite avec "La Liste de Schindler" (1993) de Steven Spielberg et qui retrouvera Juliette Binoche pour "Le Patient Anglais" (1996) de Anthony Minghella. Hindley est interprété par Jeremy Northam qui venait de débuter dans "Soft Top Hard Shoulder" (1992) de Stefan Shwartz et qu'on reverra souvent en costume comme dans "La Coupe d'Or" (2000) de James Ivory et "Gosford Park" (2001) de Robert Altman. Citons Janet McTeer vue plus tard dans "Albert Nobbs" (2011) de Rodrigo Garcia et "La Dame en Noir" (2012) de James Watkins, Sophie Ward qui retrouvera le genre et la famille Brontë dans (2011) de Cary Joji Fukunaga d'après le roman éponyme sorti également en 1847 de la Charlotte Brontë soeur de Emily, l'actrice apparaît aussi à la même affiche que son père, Simon Ward vu entre autre dans "Les Griffes du Lion" (1972) de Richard Attenborough et "L'Ultime Attaque" (1979) de Douglas Hickox. Et enfin, la narratrice Emily Brontë est incarnée furtivement par Sinéad O'Connor, chanteuse alors en pleine période de succès... La première chose qu'on constate est la présence de Emily Brontë qui est le premier personnage à apparaître et qui se place comme narratrice. Un ajout fantaisiste qui n'apporte que peu de chose mais qui renvoie en fait au style narratif de son roman, à savoir que souvent un personnage est le narrateur qui raconte un autre personnage, passant de l'un à un autre au fur et à mesure du récit. Mais finalement, il aurait fallu une construction narrative un peu plus travaillée sur le scénario pour recréer cette "ronde" des personnages alors que le film offre finalement un fil linéaire assez classique.

Les Hauts de Hurlevent (1992) de Peter kosminsky

Les paysages du Yorkshire sont empreint de lyrisme et correspondent parfaitement à l'esprit venteux du domaine, mais aussi à l'esprit sauvage et tourmenté de Heathcliff. Mais si l'atmosphère pesante, très naturaliste, imprègne chaque instant le récit, l'ensemble très austère semble aussi emprisonner le réalisateur dans une mise en scène trop attentiste, et qui semble avoir omis un minimum de direction d'acteur. Ainsi, Ralph Fiennes est un beau ténébreux mais qui montrent que la facette du monstre vengeur, tandis que Juliette Binoche joue l'écervelée sans qu'on sente vraiment l'amour qu'elle porte à Haethcliff. Ne parlons même pas du double rôle, la star française étant affublée d'un perruque du plus mauvais effet et de lentilles oculaires peu subtils dans la seconde partie du film. En fait, le parallèle amour-passion face à la vengeance et le remord n'est pas assumé ni géré. Le côté sensuel et/ou passionnel est trop en retrait, voir omis, alors que le côté funeste qui hante les hauts de hurlevent s'impose même si cea repose sur un Heathcliff/Fiennes qui manque lui-même d'un minimum de finesse. Pourtant, l'oeuvre de Emily Brontë est cette puissance émotionnelle et lyrique qui reste passionnante, le romanesque surnage et les acteurs ont assez de talent pour compenser une réalisation bien terne. Le film sera un échec cuisant, tant critique que commercial, un échec sans doute un peu sévère mais au moins, il permettra de révéler Ralph Fiennes...

Note :

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