Seberg (2020) de Benedict Andrews

Nouveau biopic, ou plutôt un mini-biopic soit se focaliser sur une période bien définie du destin de l'héroïne à l'instar de films (pour rester dans les personnages féminins) comme "My Week with Marylin" (2012) de Simon Curtis, (2013) de Oliver Hirschbiegel, "Grace de Monaco" (2014) de Olivier Dahan et (2017) de Pablo Larrain. Cette fois ce film évoque quelques années du destin de l'actrice Jean Seberg (Tout savoir ICI !), égérie de la Nouvelle Vague depuis "À Bout de Souffle" (1959) de Jean-Luc Godard, et qui sera mariée à l'écrivain Romain Gary. La réalisation est confié à un inconnu, Benedict Andrews qui signe donc son second film après "Una" (2017). L'histoire est un projet des scénaristes Anna Waterhouse et Joe Schrapnel, qui ont notamment déjà écrit les films "La Couleur de la Victoire" (2016) de Stephen Hopkins, "Coeurs Ennemis" (2019) de James Kent et le récent "Rebecca" (2020) de Ben Wheatley... En 1968, la star de cinéma Jean Seberg croise lors d'un voyage aux Etats-Unis Hakim Jamal, leader de la cause afro-américaine, proche du mouvement des Black Panthers et cousin de Malcolm X. Cette rencontre rappelle à la star ses idéaux et ses principes en matière d'engagement politique et décide de soutenir les projets de Hakim Jamal. Malgré son mariage avec l'écrivain français Romain Gary, la star devient la maîtresse du leader black ce qui va attirer l'intérêt du FBI à son encontre au point d'être une cible du programme de déstabilisation COINTELPRO...

Seberg (2020) de Benedict Andrews

Jean Seberg est incarnée par Kristen Stewart avant de tourner "Underwater" (2020) de William Eubank et "Ma Belle-Famille, Noël et Moi" (2020) de Clea DuVall. Son époux Romain Gary est joué par le frenchy Yvan Attal qui retrouve une production américaine après "L'Interprète" (2004) de Sydney Pollack et "Munich" (2006) de Steven Spielberg. Hakim Jamal est incarné par Anthony Mackie vu dernièrement dans "Point Blank" (2019) de Joe Lynch et "The Banker" (2020) de George Nolfi, son épouse est interprétée par Zazie Beetz vue dans "Lucy in the Sky" (2019) de Noah Hawley et (2019) de Todd Phillips. Parmi les agents du FBI citons Vince Vaughn vu dans "Freaky" (2020) de Christopher Landon, Stephen Root qui a flirté avec le COINTELPRO dans (2011) de Clint Eastwood et qui retrouve son partenaire Colm Meaney après "La Conspiration" (2011) de Robert Redford, puis Jack O'Donnell alias Jack Solomon après "Tulip Fever" (2017) de Justin Chadwick et (2017) de Cedric Jimenez, l'épouse de ce dernier est jouée par Margaret Qualley vue dans "Once Upon a Time... in Hollywood" (2019) de Quentin Tarantino et qui retrouve Anthony Mackie après (2019) de Jonathan Helpert... Si Jean Seberg est une star de cinéma, le film ne s'attarde pas beaucoup sur ce domaine voir même l'occulte complètement à l'exception de quelques très courtes séquences qui permettent plus ou moins de mettre en perspective quelques moments importants de sa vie comme l'accident pyrotechnique lors du tournage de "Sainte Jeanne" (1957) de Otto Preminger. Si l'actrice tourne pas moins de 7 films sur ces 3-4 années seuls sont évoqués "La Kermesse de l'Ouest" (1969) de Joshua Logan et "Macho Callahan" (1970) de Bernard L. Kowalski.

Seberg (2020) de Benedict Andrews

Le scénario se focalise vraiment et essentiellement sur la période 1968-1971 durant laquelle Jean Seberg rencontre Hakim Jamal, le soutient financièrement durant plusieurs mois, devient sa maîtresse malgré leurs mariages respectifs, se quittent, elle subit ensuite l'acharnement du FBI qui agit secrètement jusqu'à l'annonce du décès de son bébé en 1971 qui serait de Hakim Jamal. Il faut nuancer sur deux points, le premier monté en épingle puisque la liaison dure peu de temps, le second est que le film occulte entièrement le fait que la star a été victime de violences de la part de Hakim Jamal qui est montré comme un homme digne. Par là même, on constate plusieurs "anomalies", par exemple il est étonnant que la mort du jeune frère de Jean Seberg survenu prématurément en 1968 ne soit pas mentionné, plus gênant en réalité le FBI fait croire que le bébé est d'un membre des Black Panters et non pas de Hakim Jamal avec qui Seberg n'était plus en lien depuis longtemps en 1971, et, surtout, comment ne pas abordé le tragique enterrement du bébé dans un cercueil de verre qui a permis à la star de prouver que l'enfant n'était pas noir !... Et pourtant, sur les grandes lignes le film demeure très intéressant sur le système infect (COINTELPRO tout savoir ICI !) mis en place par Hoover, patron tout puissant du FBI, la montée en puissance d'une certaine suspicion qui va de paire avec une certaine paranoïa et forcément avec la détresse psychologique de plus en plus fatale de Jean Seberg. Malgré les erreurs ou les maladresses évoquées plus haut, le plus décevant reste peut-être le choix de placer le point de vue dans les yeux d'un agent du FBI, Jack Solomon, personnage fictif qui apporte beaucoup trop de questions sans réponses, qui ouvre des portes ouvertes et qui impose une subjectivité peu constructive ou du moins peu fondée. Benedict Andrews signe un biopic passionnant mais gâché par des omissions inacceptables (Jamal violent, symbole du cercueil en verre,...), notons tout de même une jolie performance de Kristen Stewart, et plus généralement des seconds rôles féminins.

Seberg (2020) Benedict AndrewsSeberg (2020) Benedict Andrews