Wendy (2020) de Benh Zeitlin

8 ans d'attente, 8 ans après son premier film voici donc le retour de Benh Zeitlin qu'on aurait presque oublié après tant d'années. Mais il a marqué son année avec son premier long métrage "Les Bêtes du Sud Sauvage" (2012) qui peut être considéré comme le plus grand succès d'un film indépendant cette année-là, succès public et crtitique avec une pluie de Prix du Festival de Cannes à celui de Sundance en passant pat Deauville et ses nominations aux Oscars. On peut dire que le cinéaste a pris son temps et a mûri son priojet pour ce second long métrage qui a été présenté au Festival de Sundance en Janvier dernier. Cette fois il co-signe le scénario avec sa propres soeur cadette Eliza Zeitlin, le thème du film ayant sans doute été à l'origine de la fraternité d'écriture. Car ce nouveau film est adapté librement du célèbre conte tiré de Peter Pan et de Wendy, personnages créés en 1902 par J.M. Barrie et déjà maintes fois adaptés au cinéma. Les deux auteurs transposent néanmoins l'histoire à aujourd'hui etune nouvelle fois dans le sud sauvage des Etats-Unis. Benh Zeitlin précise (pardon pour la traduction) : "Une histoire d'amour-amitié-aventure d'une fillette et d'un jeune garçon joyeux, imprudent et incitant aux plaisirs alors qu'ils tourbillonnent dans et hors de la jeunesse et que l'écosystème autour d'eux est une spirale de destruction."...

Wendy (2020) de Benh Zeitlin

Wendy et ses frères jumeaux vivent avec leurs mère et grand-mère qui tiennent une sorte de petit resto ouvrier. Alors qu'ils rêvent à autre chose, un soir ils aperçoivent un jeune garçon qui est sur le train qui passe tous les jours frôlant leur maison. Ce sor-là ils décident de sauter et de suivre ce jeune garçon mystérieux qui les emmènent sur une île isolée où la jeunesse semble éternelle... Le casting est composé pratiquemment que d'amateurs et de débutants qui jouent pour la plupart dans leur premier film. On citera les quatre premiers rôles enfants, Wendy qui est incarnée par Devin France, ses frères Douglas et James joués par les jumeaux Gage et Gavin Nakin, puis Peter incarné par le jeune Yashua Mack... Le début du film est intriguant, on plonge dans un quotidien qu'on devine difficile, à la marge mais on décèle aussi beaucoup de tendresse et une certaine joie de vivre même si empreint d'une certaine mélancolie. Mais l'histoire prend beaucoup trop de temps à se mettre en place, il faut attendre plus de 30mn avant que l'aventure se lance en fin réellement alors que 10-15mn auraient largement suffit. Une aventure qui débute avec un mélange d'images et de sons inspiré, un déluge d'énergie tout en étant contemplatif avec une musique pleine de fougue et de promesses. Zeitlin reste dans un style personnel propre dans la lignée de son premier film. Ce mélange de réalisme naturaliste sur la forme et de fantasmagorie sur le fond offre une oeuvre singulière, qui fonctionne d'ailleurs bien mieux avec un conte universel.

Wendy (2020) de Benh Zeitlin

Esthétiquement ce film est l'anti-thèse d'un (2015) de Joe Wright. Le vrai soucis du film réside dans le fait que Benh Zeitlin insiste sur un unique paramètre : le refus de vieillir. Mais pourtant c'est bien plus complexe que cela, les enfants refusent avant tout les respoinsabilités et surtout, ils veulent constamment s'amuser et jouer quand bon leur semblent. L'oeuvre de J.M. Barrie est avant tout un appel à la Liberté, l'âge n'est qu'un moyen d'y parvenir plus aisément selon eux. Ce qui fait que ce récit paraît avant tout comme le fantasme d'un adulte, et d'un seul (jamais regretter d'avoir quitter l'enfance !), celui de Zeitlin. Il semble que les enfants en général apprécient avant tout l'aventure pure, les pirates, la lutte entre Peter et Crochet, le crocodile et non pas l'envie qui serait essentielle de rester enfant (conduire, boire, faire l'amour...). Sur ce point Zeitlin fait assurément fausse route. Néanmoins, cette grande farandole qui débute dans les rires et l'insouciance offre un chemin bien sinueux qui n'est, parfois, pas sans rappeler l'oeuvre "Sa Majesté des Mouches" (1963) de Peter Brook. Le rêve n'est pas si rose, et le chemin reste semé d'embûches. Le film oscille constamment entre le tragique, frôlant même l'horreur, tout en étant dansle merveilleux, l'onirisme, l'espérance que cette liberté existe bien quelque part. La mise en scène est construite autour de ce fantasme de jouvence, filmé caméra à l'épaule pour matérialiser l'aventure et l'action constante, filmé à hauteur d'enfant de façon judicieuse (ça reste leur monde, leur vision du monde, leur aventure), Zeitlin soigne sa mise en scène qui colle idéalement à cette histoire des enfants perdus modernisée. En prime une photographie magnifique. Zeitlin a pris son temps, il ne s'est pas perdu en chemin, et si ça reste un fantasme d'adulte qui reste éloigné des vrais rêves d'enfants, en tant qu'adulte pourquoi n'aurait-on pas le droit d'être nostalgique d'un passé lointain ?! Un très beau film à voir.

Note :

Wendy (2020) Benh ZeitlinWendy (2020) Benh ZeitlinWendy (2020) Benh Zeitlin