Après le succès surprise de "James Bond contre Dr. No" (1962) de Terence Young, le studio United Artists et les producteurs historiques Harry Saltzman et Albert R. Broccoli enchaîne aussitôt pour une suite plus ambitieuse. Un budget de 2 millions de dollars, soit le double du premier Bond, un salaire plus conséquent pour Sean Connery et le choix de l'histoire est toute trouvée : le roman "Echec à l'Orient-Express" (1957) de Ian Fleming, car il est celui cité par le Président des Etats-Unis John Fitzgerald Kennedy dans sa liste de ses dix romans préférés dans une interview au magazine Life en 1961 ! A noter également que ce film est sans doute le dernier vu par JFK puisqu'il a eu une projection privée deux jours avant son assassinat. Les scénaristes du "... Dr. No" Richard Maibaum (scénariste maison jusqu'à "Permis de Tuer" en 1989 ) et Johanna Harwood sont de retour et vont mettre en place les bases du futur mythe... En pleine guerre froide, les soviétiques se font voler leur dernier joyau technologique par l'organisation du Spectre. Le MI6 charge James Bond de retrouver la machine, et pour se faire il doit rencontrer un agent du KGB. Mais en vérité, le Spectre cherche surtout à se venger de Bond après la mort du Docteur No...

Désormais une star, Sean Connery reprend son rôle de James Bond. Il retrouve ses partenaires et collègues du MI6 avec Loïs Maxwell qui joue Miss Moneypenny jusqu'à "Dangereusement Votre" (1985) de John Glen, Benard Lee alias "M" jusqu'à "Moonraker" (1979) de Lewis Gilbert, sans compter l'apparition de Desmond Llewelyn qui sera "Q" jusqu'à "Le Monde ne Suffit Pas" (1999) de Michael Apted. Deux James Bond Girls auront deux Bond à leur actif, Martine Beswick qu'on retrouvera sur "Opération Tonnerre" (1965) de Terence Young et Eunice Gayson alias Sylvia Trench dans "... Dr. No" qui reprend son rôle dans ce second film. Mais la James Bond Girl principal est Daniela Bianchi qui fera une courte carrière après avoir débutée dans le film français "En Cas de Malheur" (1958) de Claude Autant-Lara. Un allié de Bond est joué par Pedro Armendariz connu entre autre pour "Le Fils du Désert" (1948) et "Le Massacre de Fort-Apache" (1948) tous deux de et avec John Wayne et qui se suicidera seulement 10 jours après la fin du tournage après avoir appris qu'il était condamné par un cancer, tandis qu'un tueur du Spectre est incarné par l'acteur Robert Shaw futur chasseur de requin dans "Les Dents de la Mer" (1975) de Steven Spielberg... Précisons que le chef du Spectre, le célèbre Blofeld est incarné par Anthony Dawson qu'on voit à peine, faisant de Blofeld une arlésienne qu'on reverra de la même façon dans "Opération Tonnerre". La musique tout aussi culte que la saga désormais est toujours signée du compositeur John Barry.

C'est avec ce film que la mythologie Bondienne pose ses bases en commençant d'ailleurs avec le système du pré-générique, suivi de "Q" et ses gadgets. Rien que pour cela ce film a une importance loin d'être négligeable dans la saga. Mais si ce film pose les bases et optimise les atouts bondien séduction, gadget et force tranquille le film les distille avec une parcimonie à laquelle on n'est plus habitué. Cet opus s'avère donc un des Bond les plus fidèles au pur film d'espionnage, encore assez éloigné des nombreux prochains films de Bond qui frôleront parfois l'overdose de gadgets et/ou d'autres paramètres bondiens plus ou moins heureux. Ce film reste donc un des plus "maitrisés" et un des plus savamment dosés dans la construction du mythe. En cela, "Bons Baisers de Russie" reste bel et bien un des meilleurs films de la saga. On peut préciser que Bond/Connery n'a pas encore atteint le niveau de goujaterie (pour être poli) qu'il atteint dans ses autres films. Un excellent moment donc, avec une photographie léchée et un technicolor magnifique en prime.

Note :

Pour info bonus, Note de mon fils de 10 ans :