Martin Eden

Martin EdenDes crocs peu acérés
 
« L’appel de la forêt » ou « Croc blanc » de Jack London résonnent comme de magnifiques récits romanesques d’aventure de ma jeunesse. Voir une adaptation d’un roman non lu du même auteur, il n’en faut pas plus pour m’enthousiasmer. Librement adapter du roman, pourquoi pas ? Délocaliser de la Californie pour se dérouler à Naples, allons-y ? Mais en fait le plus déconcertant n’est pas là. Souhaitant donner un caractère universel à son film ; Pietro Marcello déstructure son récit, brouille les pistes temporelles au point que l’on ne sait jamais si le récit se déroule dans les 30’s ou les 70’s. Le contexte politique de l’Italie n’est pas le même dans les deux époques et les grandes orientations politiques prises par Martin Eden souffrant d’anachronismes deviennent factices. Dommage car le sujet du roman est bougrement intéressant et restitué que médiocrement par le film. Martin Eden est un jeune marin sans le sou et peu instruit qui tombant sous le charme d’Elena, une jeune bourgeoise, décide de s’instruire pour la conquérir. Mais en bouquinant, militant, écrivant ; il réalise son ambition mais en trahissant sa classe d’origine. Cependant cela ne lui permet pas de conquérir la bourgeoisie dont il ne fait pas partie. Le marin se retrouve hors sol, ni à sa place chez les bourgeois ni avec les sans grades. Marcello convoque Fellini et Visconti pour donner un souffle romanesque mais rien n’y fait, le film reste poussif, lent et ennuyeux. Même le comédien principal auréolé du prix d’interprétation à la Mostra de Venise nous laisse sans émotion quant à son sort. Dommage.
Sorti en 2019
Ma note: 5/20