Cris et chuchotements

Cris et chuchotementsRouge sang
Mon 3ème Bergman après « Les fraises sauvages » et « Fanny et Alexandre » ; mais surtout le plus mythique et première déception. Je suis resté hermétique à cet huis clos féminin hyper codifié. Deux sœurs accompagnées de leur servante accompagnent la dernière de la fratrie dans ses derniers instants ; atteintes par un cancer utérin la faisant horriblement souffrir. Les cris de la mourante sont déchirants et ces scènes de fin de vie (sans morphine !!!) sont violentes mais tellement crues que moins touchantes que celles d’Haneke dans « Amour ». Les cris pour la sœur célibataire, aimante et aimable ; les chuchotements pour les deux sœurs mariées mais tellement malheureuses car assujetties aux désirs masculins. Le tout se déroule dans le cadre feutré du manoir familial ; feutré mais rouge du sol au plafond comme pour symboliser l’utérus féminin duquel sont sorties ces 4 femmes. Le rouge est partout, il réapparait en fondu enchainé lorsqu’il s’agit d’évoquer un souvenir douloureux pour chacune d’entre elle. Des flashbacks un peu appuyés pour expliquer où elles en sont au moment d’affronter la mort. Le thème n’est donc pas la mort, même si omniprésente, mais c’est un portrait d’une famille bancale handicapée par une éducation rigoriste. Enfermées dans un carcan, elles fuient le contact physique entre elles, l’amour fraternelle et peut être l’amour tout court les a fui… voire même ne les a jamais touchés. Seule la servante sait avoir les gestes d’affection et de réconfort et on sent bien que la mourante est en attente de ces gestes. Pire encore elle fantasme des relations familiales harmonieuses. Ces vœux consignés dans un carnet resteront pieux. Film codifié, corseté comme ses personnages qui est bien loin du chef d’œuvre attendu.

Sorti en 1973
Ma note: 7/20