Le Cas Richard Jewell (2020) de Clint Eastwood

Depuis quelques années le grand Clint Eastwood s'intéresse de plus en plus aux faits réels contemporains, malheureusement rarement pour le meilleur puisque ses plus mauvais films ont moins de dix ans avec notamment (2010) et "15h17 pour Paris" (2018). Donc après (2019) le cinéaste se penche sur le premier accusé des attentats des Jeux Olypiques 1996 (Tout savoir ICI !), soit Richard Jewell (Tout savoir ICI !) celui qui était pourtant le "héros" du jour avant d'être considéré comme le coupable. A l'origine le projet devait être réalisé par Paul Greengrass ("Capitaine Phillips" en 2013) avec le duo Leonardo Di Caprio et Jonah Hill (les deux compères dans "Le Loup de Wall Street" en 2013 de Martin Scorcese) mais finalement les incompatibilité de planning font que le projet revient ensuite à Eastwood. Malgré tout le duo Di Caprio/Hill reste investi en tant que producteurs et, surtout, le scénario est toujours signé de Billy Ray, justement déjà auteur du film "Capitaine Phillips", mais aussi scénariste de (2018) de Julius Avery et (2019) de Ang Lee, également réalisateur avec notamment "Agent Double" (2007) et "Aux Yeux de Tous" (2016). Le scénariste a parti d'un article de Vanity Fair de 1997 signé par Marie Brenner...

Le Cas Richard Jewell (2020) de Clint Eastwood

Après plusieurs tentatives avortées pour devenir agent des forces de l'ordre, Richard Jewell obtient un poste de agent de sécurité aux Jeux Olympiques 1996 qui se déroulent dans sa ville de Atlanta. Le 27 juillet il trouve un sac suspect qui s'avère être une bombe. Il réussit à avertir ses collègues et participe au périmètre de sécurité et sauve ainsi des centaines de personnes malgré l'explosion qui fait pourtant 2 morts de de nombreux blessés. Richard Jewell devient un héros avant de devenir un paria suite à des forts soupçons du FBI quant à sa culpabilité de poseur de bombe, le plaçant sous le "complexe du héros". Outre le FBI, les médias font alors de la vie de Richard un cauchemar... Richard Jewell est incarné par Paul Walter Hauser pour la première fois en rête d'affiche mais déjà vu dans (2018) de Criag Gillepsie et (2019) de Nisha Ganatra. Sa maman est interprétée par Kathy Bates vue récemment dans "The Highwaymen" (2019) de John Lee Hancock, son avocat est joué par l'excellent Sam Rockwell vu actuellement dans "Jojo Rabbit" (2020) de Taika Waititi, l'agent du FBI est interprété par Jon Hamm vu récemment dans "Lucy in the Sky" (2019) de Noah Hawley, et la journaliste "primo-intervenante" est jouée par Olivia Wilde qu'on avait pas vu depuis "Seule la Vie..." (2018) de Dan Fogelman... Le fait que cette affaire ait intéressé Eastwood n'est pas étonnant, comme le précise Billy Ray : "il aborde des thèmes que Clint Eastwood a exploré toute sa carrière : la justice, les luttes de pouvoir au sein du système judiciaire américain, le fait pour un homme ordinaire de se retrouver dans une situation extraordinaire." Si l'équipe s'est énormément documenté, notamment le passage de l'interrogatoire est quasi à l'identique, on remarque qu'il y a aussi de nombreuses modifications avec les faits.

Le Cas Richard Jewell (2020) de Clint Eastwood

Le film omet que Richard Jewell ne vit pas avec sa mère mais est en réalité marié depuis 1991, l'avocat est en fait un mélange des avocats de Jewell et est donc fictif et, surtout, la journaliste prête à coucher pour une info est plus que litigieuse. Ces modifications des faits sont le gros défaut du film car cela oriente forcément l'opinion du spectateur en le forçant à une certaine empathie et compassion envers Richard Jewell. Néanmoins, le "complexe du héros" connu comme une variante du syndrôme de Münchhausen est un paramètre du profilage criminelle commun, et qu'au vu de l'affaire rien n'est choquant dansle fait que le FBI soupçonne Richard Jewell à l'instar d'un époux qui est souvent premier suspect dans le meurtre de son épouse. L'autre soucis du film réside donc dans le fait que Eastwood dirige son récit de façon très manichéenne, plombant facilement le FBI alors que les soupçons envers Jewell sont légitimes même si les méthodes sont contestables, transformant les faits pour faciliter l'adhésion du spectateur. Dommage, car Eastwood offre une mise en scène toujours efficace avec une façon de raconter qui nous immerge automatiquement dans sa version (qui est donc aussi un danger !), la reconstitution est idéale et la photographie léchée sont de grande qualité avec en prime des acteurs impeccables. Ca reste un bon film, qu'on aimerait aimer encore plus mais le côté manipulation est malheureusement rédhibitoire.

Note :

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