La vie est un long fleuve tranquille

La vie est un long fleuve tranquilleJésus revient
Etienne Chatilliez traite du déterminisme social à travers une comédie potache et franchouillarde. Un médecin « imbuvable » inter change à la naissance le garçon et la fille d’une famille prolo (Les Groseille) et d’une famille catho bourgeoise (Les Le Quesnoy) ; et à leurs 11 ans, le poteau rose est révélé et deux familles destinées à ne jamais se rencontrer doivent partager conjointement le destin de deux enfants, celui de cœur et celui de sang. Kore Eda, avec « Tel père, tel fils », fera un traitement plus profond et social de la même situation.Comédie phare du cinéma français des 80’s, son succès repose sur la qualité des dialogues et ses nombreuses répliques devenues cultes ainsi qu’à la qualité de l’interprétation des comédiens. Chatilliez ne se préoccupe pas de la véracité sociologique de son propos ; de fait, les comédiens sont tous dans un léger surjeu délectable (un regard un peu plus appuyé, un ton légèrement décalé, un geste de trop,…) et tous magnifiques. Pour moi la timballe va à Hélène Vincent que l’on voie se décomposer au fur et à mesure des épreuves à affronter. Ces compliments ne valent pas pour le scénario fait de raccourcis, d’ellipses pas toujours judicieuses, d’incohérences… Néanmoins Etienne Chatilliez parvient à ne stigmatiser ni les prolos ni les bourgeois et ne prendre jamais parti. Même le racisme des Groseille, qui serait difficilement transposable dans un film actuel, n’est pas choquant. Après comme tout film dans l’air du temps, il a pris quelques rides qui sont bien plus prononcées sur le front des Groseille que sur celui des Le Quesnoy ; en un quart de siècle, les valeurs et codes des familles conservatrices ont beaucoup moins bougé que ceux des classes défavorisées.La morale finale est un peu facile, la solution viendra des enfants qui eux sont prompts à bousculer l’ordre établi et redéfinir les codes. Les enfants Groseille faisant un pas en direction des Le Quesnoy et vice versa. Pour conclure, ce film m’a quelquefois fait penser au très corrosif « Affreux sales et méchants » qui 10 ans avant avait ouvert la voie au gentil film de Chatilliez.
Sorti en 1988
Ma note: 14/20