Greta (2019) de Neil Jordan

Retour du réalisateur-scénariste Neil Jordan, créateur de la série TV "The Borgias" (2011-2013) mais surtout un grand réalisateur qui a l'habitude de passer du bon au mauvais avec des films aussi variés que "Nous ne Sommes pas des anges" (1990), "Entretien avec un Vampire" (1994), "Michael Collins" (1997), "La Fin d'une Liaison" (1999), "A Vif" (2007), "Ondine" (2010) et l'excellente surprise (2014). Il revient avec un thriller psychologique d'après le scénariste Ray Wright qui avait jusque là signé exclusivement des films d'horreur que sont (2006) de Jim Sonzero, "Le Cas 39" (2009) de Christian Alvart et "The Crazies" (2010) de Breck Eisner... Dans le genre on pense évidemment au tout récent (2019) de Tate Taylor, mais on pense aussi à des films comme "Liaison Fatale" (1987) de Adrian Lyne, "Misery" (1990) de Rob Reiner, "May" (2003) de Lucky McKee voir même à "Harry, un ami qui vous veut du bien" (2000) de Dominik Moll... Dans le rôle titre on retrouve l'excellente Isabelle Huppert qui multiplie les expériences internationales de "In Another Country" (2012) de Hong Sang-Soo à (2016) de Paul Verhoeven en passant par "Dean Man Down" (2013) de Niels Arden Oplev et "Back Home" (2015) de Joachim Trier et qui retrouve également un rôle de pianiste psychologiquement instable après "La Pianiste" (2001) de Michael Haneke.

Greta (2019) de Neil Jordan

Elle est entourée de la jeune Chloe Grace Moretz révélation de "Kick-Ass" (2010) de Matthew Vaughn qui joue pour la seconde fois avec une star française après (2014) de Olivier Assayas avec Juliette Binoche. Elle retrouve après "La 5ème Vague" (2016) de J Blakeson sa partenaire Maika Monroe révélation de (2015) de David Robert Mitchell. On remarquera dans un second rôle (plutôt un caméo !) l'acteur Stephen Rea acteur fétiche de Neil Jordan pour lequel il ajoué dans pas moins de 11 films sur 18 et vu récemment dans "The Renegade" (2018) de Lance Daly... D'abord intitulé "La Veuve" le film est porté par une Isabelle Huppert plus que convaincante en psychopathe dont le nom n'a pas été choisi par hasard, Greta Hideg, le patronyme signifiant "froid" en hongrois ! La première partie suit un scénario basique mais efficace, qui pose les bases d'une relation surprenante et toxique mais vraisemblable. Le relation entre la jeune femme et cette femme d'âge mûre réside dans un lien mère-fille de substitution pour l'une comme pour l'autre. Intéressant... Mais très vite le récit sombre dans le n'importe quoi, entre la pseudo-métaphore du chewing-gum peu subtile et la séquence de la crise dans le resto qui prête plus à rire qu'autre chose le film vire dans le grotesque et l'invraisemblance.

Greta (2019) de Neil Jordan

Le film offre alors son lot d'hystérie, de folie, de tendresse, de clichés qu'on a déjà vu bien mieux maîtrisé dans d'autres films notamment ceux cités plus haut. Et pourtant Neil Jordan offre également quelques belles séquences mais trop rares et trop anecdotiques pour sauver ce thriller qui frôle le nanard. Ainsi on a droit au surjeu outré de Moretz lorsqu'elle découvre les sacs, au scandale du resto tout aussi ridicule tandis qu'on ne comprend jamais pourquoi une jeune femme de 20 ans en pleine forme ne tente rien au début pour s'enfuir ?! Par contre on salue la performance de Maika Monroe qui sort du lot parfaite en amie, une tension particulière lors de la filature photo puis un twist final bien vu. Dans ce film qui aurait pu s'appeler "Une amie qui vous veut du bien" rien ne va franchement, une réelle déception au vu de l'équipe devant et derrière la caméra. Râté tout simplement.

Note :

Greta (2019) Neil Jordan