The Captain - l'Usurpateur (2017) de Robert Schwentke.

Un nouveau film de Robert Schwentke presque surprenant dans le style et le genre choisi, le cinéaste allemand a en effet effectué la plus grande partie de sa carrière à Hollywood de "Flight Plan" (2005) aux "Divergente 2 et 3" (2015-2016) en passant par le sympathique (2010) et le raté "R.I.P.D. Brigade Fantôme" (2013). Schwentke revient donc aux sources avec cette co-production franco-allemande sur un sujet rare, à savoir les usurpateurs chez les déserteurs de la Wehrmacht lors de 39-45. Pour se faire, le cinéaste a choisit de raconter le destin hors-norme de Willi Herold (tout savoir ICI !), déserteur allemand qui va trouver un uniforme d'officier et qui va alors se transformer en monstre à la fois sadique et poltron. Notons que parmi les producteurs il y a ceux qui ont été derrière les sublimes (2014) et (2018) tous deux de Pawel Pawlikowski... Pour ce film germanique, le cinéaste a logiquement choisi des acteurs allemands (dont un suisse de langue allemande) qui sont assez peu connus ; un bon choix pour mieux marquer l'incarnation des personnages. Le rôle de cet usurpateur est tenu par Max Hubacher révélé par "L'Enfance Volée" (2012) de Markus Imboden.

The Captain - l'Usurpateur (2017) de Robert Schwentke.

On peut surtout remarquer Milan Peschel passé par le Festival de Cannes avec "Pour Lui" (2012) de Andreas Dresen, puis surtout Frederick Lau vu dans "La Vague" (2009) de Dennis Gansel, "La Comtesse" (2010) de Julie Delpy et (2015) de Sebastian Schipper ; les deux acteurs se retrouvent après "Coeur de Pierre" (2016) de Johannes Naber... Précisons que la photographie est due à Florian Ballhaus Directeur Photo des films hollywoodiens de Schwentke. Pour ce film on pense un peu à "Un Héros Très Discret" (1996) de Jacques Audiard et à "Requiem pour un Massacre" (1985) de Elem Klimov mais Schwentke impose sa propre marque et signe un film puissant, à la fois sans concession et presque fantasmagorique tant l'horreur est omniprésente. Le choix du Noir et Blanc donne un style plus "mortuaire" mais qui s'avère judicieux comme l'explique le réalisateur-scénariste : "Lorsque Scorcese préparait Raging Bull, Michael Powell lui suggéra de tourner le film en noir et blanc, en raison de l'énorme quantité de sang déversée lors des scènes de combat. Scorcese réalisa que l'utilisation du noir et blanc permettrait à son public de voir au-delà du sang et ainsi se focaliser sur le vrai propos du film, ce que la couleur n'aurait pas permis. Pour cette même raison, nous avons tourné le film en noir et blanc."... Dans une Europe de l'Est dévastée, alors que l'Allemagne est en déroute, on se retrouve dans une sorte de no man's land où la lie de l'humanité va poursuivre un jeu de massacre qui n'aura pourtant jamais été aussi vain et gratuit. La folie gagne les soldats alors qu'ils n'ont, sans doute, jamais reçu autant de pouvoir mais le personnage principal, Willi Herold semble dans le même temps pris à son propre piège tant il ne contrôle rien.

The Captain - l'Usurpateur (2017) de Robert Schwentke.

Un mensonge en amène un autre qui en amène un autre, et un mensonge amenant au meurtre il en va de même dans la montée en puissance des massacres. Même en tant que messager de la mort, Herold reste un usurpateur. Le jeune Max Hubacher est impressionnant de présence et d'intériorité, à l'instar du jeune acteur de "Requiem pour un massacre". Les autres acteurs ne sont pas en reste, avec une implication émotionnelle qui marquera leurs collègues ; en effet certains d'entre eux ont littéralement craqué lors du tournage (état de choc, pleurs...). Schwentke prouve enfin avec ce film qu'il a des choses à dire et qu'il peut (et doit !) offrir bien mieux que les machines hollywoodiennes. Un vrai bon film, fort et stylé, avec un vrai propos et des émotions multiples. A voir et à conseiller.

Note :

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