Mort de Jean-Claude Brisseau

Réalisateur souvent qualifié de "controversé", Jean-Claude Brisseau est mort ce 11 mai à l'âge de 74 ans.

Mort de Jean-Claude Brisseau

Né en 1944 à Paris dans une famille modeste, il se décrira plus tard comme "le fils d'une femme de ménage qui a vécu dans un rêve de cinéma."... Il rêve très jeune au cinéma et fréquente assidûment les salles obscures jusqu'à penser entrer à l'IDHEC mais doit renoncer par manque de moyen. Il finit par devenir professeur, métier qu'il exercera pendant 20 ans, la grande majorité du temps en tant que professeur de français au collège Diderot à Aubervilliers (93).

Au début des années 70 il s'achète une caméra Super 8 sonore, dernier modèle à la mode, et décide de réaliser sa première oeuvre pendant ses congés. Ce sera un court-métrage amateur en noir et blanc "Des Jeunes Femmes Disparaissent" (1973).

Mais c'est avec son premier long que son destin va changer. Il réalise "La Croisée des chemins" (1976) avec lequel il participe à un festival de films amateurs au cinéma l'Olympic où son film est vu par Maurice Pialat et surtout Eric Rohmer. Ce dernier le remarque et décide de l'aider.

D'abord il signe un auto-remake de son premier court, "Des Jaunes Femmes Disparaissent" qu'il retrouve donc en couleur cette fois-ci. Ensuite, grâce à son soutien Jean-Claude Brisseau peut obtenir une aide à la production de l'Institut National de l'Audiovisuel pour le téléfilm "La Vie comme ça" (1978), qui sera suivi d'un autre téléfilm avec "Les Ombres" (1982).

Mort de Jean-Claude Brisseau

Rohmer et sa société de production Films du Losange produisent ensuite le long métrage "Un Jeu Brutal" (1983 - ci-dessus) avec Bruno Cremer. Le cinéaste retrouve Bruno Cremer coup sur coup pour les films "De Bruit et de Fureur" (1988) et surtout "Noce Blanche" (1989 - ci-dessous) avec Vanessa Paradis alors âgée de 16 ans et qui obtiendra un César du meilleur espoir. Mais surtout le film reçoit un très bon accueil et un joli succès en salle. Et pourtant, Jean-Claude Brisseau dira du film : "le film de moi qui m'intéresse le moins".

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Il réalise ensuite le film "Céline" (1992) avec lequel il se lance également dans la production, avant de rencontrer au festival de Cannes Sylvie Vartan via l'agent de stars Dominique Besnehard. Pour la chanteuse il a écrire un rôle et un film ce qui n'est pas dans les habitudes du réalisateur qui déclare à l'occasion : "Je n'ai jamais écrit en fonction des gens qui pourraient jouer dedans, excepté Sylvie Vartan."

Ce film sera "L'Ange Noir" (1994 - ci-dessous), un thriller où Vartan épouse bourgeoise tue un homme chez elle et fait croire à une tentative de viol. Malheureusement cette fois le film est un échec sur tous les plans.

Mort de Jean-Claude Brisseau

Cette échec va compliqué par la suite ses financements. Il tourne ensuite "Les Savates du bon dieu" (2000) avant de se lancer dans un projet de longue haleine, une trilogie sur le thème de la sexualité féminine. Il réalise, écrit et produit "Choses Secrètes" (2002 - ci-dessous), "Les Anges Exterminateurs" (2006) et "A l'Aventure" (2009).

Mort de Jean-Claude Brisseau

Entre temps, Brisseau a des démêlés judiciaires puisque deux actrices portent plaintes contre lui pour harcèlement sexuel lors des auditions pour le film "Choses Secrètes". Il est condamné en 2005 à 1 an de prison avec sursis et 15000 euros d'amende. En 2006 il est une nouvelle fois condamné pour agression sexuelle par une troisième actrice.

Cette déboires judiciaires le servent pour écrire le scénario de "Les Anges Exterminateurs". Il publie un livre d'entretien dans la foulée"L'Ange Exterminateur"où il décrit ses méthodes de travail et revient sur les débats au tribunal.

Mort de Jean-Claude Brisseau

Il réalise "La Fille de Nulle Part" (2012 - ci-dessus) avec lequel il reçoit un Leopard d'Or au Festival de Locarno. Dans ce film il tient pour la première fois un rôle principal, alors qu'à l'accoutumé il avait déjà fait l'acteur mais pour de petits rôles et apparitions. Sa partenaire, Virginie Legeay, était son assistante-réalisatrice et actrice sur "Les Anges Exterminateurs".

Mort de Jean-Claude Brisseau

En 2017, en pleine polémique et scandale dans le contexte des #BalanceTonPorc et autres, la Cinémathèque Française est contrainte d'abandonner le projet d'une rétrospective sur le réalisateur. Alors même que Brisseau avait pourtant eu sa rétrospective au Festival de Belfort en 2011.

Malgré tout, le cinéaste revient et signe son dernier film avec "Que le Diable nous Emporte" (2018) pour lequel il retrouve l'actrice Fabienne Babe 30 ans après "De Bruit et de Fureur".

Si une partie de sa filmographie aborde les thèmes de la banlieue de de la violence, le réalisateur reste surtout dans une style épuré où la sexualité féminine, le mysticisme et l'onirisme se mêlent constamment avec une bonne dose d'érotisme.

Mort de Jean-Claude Brisseau

Réalisateur singulier, Jean-Claude Brisseau est mort ce samedi 11 mai 2019 à l'âge de 74 ans des suites d'une longue maladie.