L'Ange et le Mauvais Garçon (1947) de James Edward Grant

D'abord auteur et scénariste notamment sur "Johnny roi des Gangster" (1942) de Mervyn LeRoy, James Edward Grant réalise son premier long métrage avec une histoire qu'il a signé et qui s'avère être également le premier film produit par le monstre sacré John Wayne. L'entente entre les deux hommes est telle qu'ils retravailleront ensemble de "Iwo Jima" (1949) de à "Le Plus Grand Cirque du Monde" (1964) de Henry Hathaway en passant par (1953) de John Farrow et "Alamo" (1960) de Wayne lui-même, ainsi que "Les Géants du Cirque" (1954) dans lequel Wayne ne joue pas et qui reste la seconde et dernière réalisation de Grant... Wayne incarne Quirt Evans, un hors-la-loi qui est recueilli au sein d'une communauté quakers. A leur contact, mais aussi avec l'amour de la fille de ses hôtes, ses convictions sont ébranlées mais c'est aussi sans compter avec ceux qui le cherchent, un marshall d'un côté et des bandits de l'autre... La fille amoureuse est jouée par la belle Gail Russell qui retrouvera Wayne dans "Le Réveil de la Sorcière Rouge" (1948) de Edward Ludwig.

L'Ange et le Mauvais Garçon (1947) de James Edward Grant

Le chef des bandits est joué par Bruce Cabot qui jouera encore plusieurs fois avec Wayne dont "Les Comancheros" (1961) de Michael Curtiz écrit par James Edward Grant. Le marshall est joué par un certain Harry Carey, père de Harry Carey Jr futur acteur récurrent chez John Ford et souvent avec John Wayne, Il jouera avec son fils une seule fois dans ce qui sera son dernier film, le chef d'oeuvre "La Rivière Rouge" (1948) de Howard Hawks avec John Wayne. The Duke (John Wayne) retrouvera également la vétérante Irene Rich dans "Le Massacre de Fort-Apache" (1948) de film qui partage également le même directeur photo Archie Stout et le même compositeur Richard Hageman... Production de Republic Picture (spécialiste des films de série B à l'exception notable de quelques chefs d'oeuvres) ce western donne la sensation que Wayne est encore dans son époque des années 30, avant qu'il ne devienne la star incontestée du genre. Un cahier des charges suivis à la lettre avec quelques maladresses faciles comme le fait que le héros embrassent la belle aussi facilement qu'il dégaine. Néanmoins, la force du film n'est pas dans le machisme ordinaire mais justement dans une certaine tendresse qui est assez inédite voir originale pour un film avec John Wayne. En effet, pour résumer, on peut dire que cette histoire est celle de "Witness" (1985) de Peter Weir ; à noter que bizarrement, les trois scénaristes de ce film ne signeront plus de film malgré un Oscar.

L'Ange et le Mauvais Garçon (1947) de James Edward Grant

L'histoire est très similaire à l'exception du fait que dans ce western ce sont des quakers et non des amish, puis le héros est un hors-la-loi et non un membres des forces de l'ordre. Loin des aventures viriles habituelles John "The Duke" Wayne incarne un homme vivant de la violence mais qui va revoir ses principes petit à petit, à force de côtoyer des gens prônant la non violence. Il y a donc un côté touchant vis à vis du Duke qui offre une de ses premières performances sous émotion comme dans "La Charge Héroïques" (1949) de John Ford. Si les scènes d'action sont semées avec parcimonie le film offre tout de même son lot de séquences marquantes comme la chute dans la rivière ou la baston dans le saloon. Le film sera malgré tout un échec (un des rares de Wayne à l'époque), la secte et la morale non violente étant sans doute deux paramètres ayant joués un rôle. Mais ce western reste bel et bien un très bon film, qui joue à la fois la carte du genre tout en instillant un propos ambitieux (en 1947 !). Pour l'anecdote, ce film est tombé dans le domaine public dès 1975 suite à l'omission d'avoir renouvelé l'enregistrement des droits !

Note :

L'Ange Mauvais Garçon (1947) James Edward GrantL'Ange Mauvais Garçon (1947) James Edward Grant