Le Voleur (1967) de Louis Malle

Après les films "Ascenseur pour l'Echafaud" (1957) et (1958) s'est imposé comme un réalisateur majeur. Pour ce film le cinéaste a décidé d'adapter librement du roman éponyme (1897) de Georges Darien après s'être aperçu des points communs qu'il avait avec l'auteur comme une sympathie anarchiste et la même origine bourgeoise... Louis Malle voit alors le héros George Randal comme un alter-ego libre et rebelle, et trouve par là même un collaborateur non négligeable en la personne de Jean-Claude Carrière qui a débuté comme scénariste avec les films "Le Soupirant" (1963) et "Yoyo" (1964) tous deux de Pierre Etaix (qui a d'ailleurs un petit rôle dans "Le Voleur") et deviendra un des plus grands scénaristes du cinéma français. Louis Malle et Jean-Claude Carrière co-scénarise le film avec Daniel Boulanger scénariste/dialoguiste notamment des films (1962), "L'Homme de Rio" (1964) et "Les Tribulations d'un Chinois d'un Chine" (1965) tous trois de Philippe de Broca et tous trois avec Jean-Paul Belmondo, la star qui incarne justement "Le Voleur".

Le Voleur (1967) de Louis Malle

Ca tombe bien, le roman est un des livres préférés de l'acteur. La majeure partie du casting est composé de comédiens qui ont joué ou joueront encore avec notre Bébel national. Ainsi Geneviève Bujold et Julien Guiomar retrouveront Bébel dans "L'Incorrigible" (1975) de Philippe de Broca, Marie Dubois a déjà joué avec dans "Week-end à Zuydcoote" (1964) de Henri Verneuil, Bernadette Lafont a joué avec dans "La Chasse à l'Homme" (1964) de Edouard Molinaro et Marlène Jobert retrouvera Bébel dans "Les Mariés de l'An II" (1971) de Jean-Paul Rappeneau. Seul Françoise Fabian fait exception puisque leur seul film en commun reste "Le Voleur". En prime, un second rôle important pour Charles Denner qui retrouve Louis Malle après "L'Ascenseur...", et qui retrouvera Bébel plusieurs fois dans les années suivantes... "Le Voleur" est Georges Randal alias Jean-Paul belmondo qui déclare sur son personnage : "Il devient voleur d'abord par dépit puis le reste par plaisir"... En effet, le "héros" vole pour la première fois par simple vengeance primaire, puis après une rencontre primordiale comme un présage, il va devenir un pro sous dépendance. La première chose importante c'est que Randal n'agit pas pour l'argent qui reste secondaire, il agit surtout par simple plaisir, pour l'adrénaline bien sûr et aussi pour la liberté que le vol procure (jusqu'à se faire arrêter évidemment !). Ainsi, les butins sont souvent bien dérisoires et le voleur reste particulièrement pragmatique. Sur le fond, sous couvert d'un film d'aventure Louis Malle instaure une réflexion sur le pouvoir et l'argent mais finalement le cinéaste passe un peu à côté de son propos.

Le Voleur (1967) de Louis Malle

En effet le réalisateur voulait un film anti-bourgeois, réaliste et dénué du romantisme souvent inhérent au genre façon Arsène Lupin. Malheureusement le Voleur reste toujours un bourgeois, il ne court pas après l'argent parce qu'il en a, et la fin finit de casser la légende en devenir ce qui arase aussi la critique politico-sociale. On constate aussi que l'humour noir et cynique reste trop discret. Niveau acting, on notera un des rares rôles de Bébel de l'époque qui soit aussi posé (pas de cascades ni courses bondissantes), mais qui laisse aussi transparaître son côté malicieux et désenchanté à la fois. Louis Malle signe un film intéressant à tous les niveaux mais il manque un petit quelque chose, une dimension moins "sage", une critique générale plus palpable et un héros plus "révolutionnaire" que c bourgeois qui, réellement, se repose un peu sur son petit confort. Le film ne rencontra pas le succès malgré un Bébel alors au sommet, il faudra attendre les années pour que la postérité place ce film comme un classique à part entière. Malgré tout Bébel confirmera son statut de plus grande star du cinéma français, Louis Malle signera encore quelques grands films comme "Lacombe Lucien" (1974), "La Petite" (1978), "Au Revoir les Enfants" (1987).

Note :

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