Jusqu'à la garde

Jusqu'à la garde... à vue
Vu sans voir la bande annonce et en connaissant seulement dans les grandes lignes du sujet. Donc je m’attendais à un film sur les luttes conjugales intestines autour de la garde des enfants, lutte dans laquelle ces derniers sont les victimes. Et la scène inaugural dans le bureau du juge où un père n’ayant pas vu ses enfants depuis un an essaie d’avoir un droit de garde même limité, comprendre le week-end, pour recréer du lien va dans ce sens. Même les grands-parents paternels n’ont plus de lien avec leurs petits-enfants ; la mère les a carrément extraits de sa belle-famille… pour les protéger du père !!! Père qui n’a pas de plainte sur le dos pour violence et qui durant un an a bien essayé de les voir en dormant dans sa voiture devant leur domicile, mais pas plus d’excès à lui reprocher. Tout naturellement la juge autorise un droit de garde restreint, pour voir. Jusque-là quoi de plus logique. Ensuite, le père se sert de son fils pour soutirer des infos, faire pression,… Le malaise commence à poindre le bout de son nez. Si c’est pour nous montrer que les enfants sont victimes de parents malades de devoir partager la garde de leur enfant avec une personne qu’ils détestent maintenant. C’est réussi. Mais Xavier Legrand, pour un premier film très documenté, met en place une mécanique répétée maintes fois : tension-latence-explosion. La tension monte chez le spectateur, comme moi, qui découvre qu’en fait il s’agit d’un film construit comme thriller familial plutôt qu’un drame social. Et là, on redoute le climax final qui va être explosif et à la hauteur du thème du film. Cependant rien dans la scène d’amorce du film avec ce père n’ayant jamais dérapé aux yeux de la justice et de la police durant cette longue année privée de ses enfants ne laissait présager cela. Et c’est déconcertant, l’entame du film laissait entrevoir beaucoup plus de complexité psychologique chez les parents. Après la mécanique fonctionne bien, le dénouement semble alors implacable même si peu compréhensible. Et puis, peut-être pour ternir 1h30 ou créer artificiellement de la tension, quelques scènes sont déconnectées du récit. La plus étrange est celle tournant autour d’une grossesse supposée de la fille. Une tension est créée sur ce sujet et puis plus de réponse, le sujet est carrément éludé. Le pire est que cette scène rend presque inutile le personnage de Joséphine, la fille, qui devient juste prétexte à mettre en scène une énième tension autour de sa fête de 18 ans. Réussi pour un premier film mais déçu par le manque d’ampleur d’un film pourtant documenté mais aussi par des facilités. Pas le grand film français attendu en ce début d’année.

Sorti en 2018
Ma note: 12/20