El texican

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « El Texican » de Lesley Selander.

El_texican

« Il est temps de t’apprendre les bonnes manières : tu as une sacrée grande gueule pour quelqu’un qui ne porte pas d’arme ! »

A cause de Luke Starr, accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, Jess Carlin, « El Texican », trouve refuge au Mexique. Lorsqu’il apprend que son frère, Roy le journaliste, a été tué parce qu’il publiait la vérité sur Luke Starr, Jess retourne à Rimrock mais il est incapable de prouver que ce dernier est responsable de la mort de Roy. Jess fait la connaissance de Kit O’Neal et rencontre aussi Sandy Adams, la fiancée de son frère. Jess trouvera t-il les preuves voulues ?

« Le problème c’est que dès que vous savez vous servir d’un flingue, on vous pousse à le sortir »

El_texican_Broderick_Crawford

Ancien assistant de Fritz Lang lors de ses débuts américains, Lesley Selander deviendra pas la suite l’un des plus prolifiques réalisateurs de westerns de série B, avec plus de 120 films au compteur entre 1936 et 1968. Vue de France, sa filmographie demeure assez méconnue, comportant beaucoup de films inédits dans nos salles, et quelques titres qui parleront aux amateurs de westerns, tels « L’heure de la vengeance », « La furieuse chevauchée » (avec Randolph Scott), « Quand parle la poudre » (avec Dana Andrews) et surtout « Amour, fleur sauvage » (avec Sterling Hayden et Yvonne De Carlo). Dans cette deuxième moitié des années 60, alors que le genre du western est plus que jamais - en Amérique du moins - sur le déclin, Selander s’exile en Europe, et plus particulièrement en Espagne, pour tourner une série de coproductions américano-espagnoles.

« On a tous nos défauts. Personnellement, j’ai horreur de perdre. Heureusement, je m’arrange toujours pour gagner ! »

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La première d’entre elles étant « El texican », un remake de son propre film « Le justicier de la sierra » sorti dix-neuf ans plus tôt, dans lequel un gunfighter rangé et devenu paria revient au Texas au mépris du mandat d’arrêt qui pèse sur sa tête pour venger son frère, journaliste assassiné par une bande de malfrats local qui terrorise une petite ville. Mais l’influence du western spaghetti, alors en plein essor, est passé par là. Il en ressort donc un film hybride, peuplé de vieille gloires hollywoodiennes un peu has-been (Audie Murphy et Broderick Crawford) donnant une sorte de légitimité ou de caution morale à un récit largement européanisé. On y retrouve ainsi formellement beaucoup de caractéristiques du western spaghetti : de la poussière, des beaucoup d’effets sonores grandiloquents dans les combats, une musique omniprésente, une galerie de « gueules » et surtout une forme de nihilisme qui traverse le film de part en part. Mais derrière le classicisme du récit, le spectacle est bien là : quelques gunfights de haute volée (notamment lorsque le héros doit faire face à deux chasseurs de primes) et quelques face-à-face plein de panache. Si bien évidemment tout n’est pas parfait (notamment la qualité de jeu des seconds rôles, pour la plupart italiens et espagnols), la vraie bonne idée du réalisateur étant d’avoir confié le rôle du méchant à Broderick Crawford, dont le physique hors normes détonne quelque peu dans l’univers du western. Mais surtout, il plane sur le film un étrange sentiment de nostalgie, comme s’il s’agissait pour quelques survivants d’un genre qui fit les beaux jours du cinéma américain d’une tentative désespérée sauver les apparences et de s’offrir un dernier baroud d’honneur. L’allure fatiguée, Audie Murphy semble n’être ici que l’ombre de lui-même et des héros bondissants qu'il jouait notamment chez Budd Boetticher. Il ne tournera plus que trois films avant de décéder accidentellement quatre ans plus tard. Idem pour le réalisateur qui ne tournera plus ensuite que deux films et pour Broderick Crawford qui jouera encore dans cinq ou six films avant de prendre sa retraite. D’une certaine façon, une page d’histoire cinématographique semble se tourner avec ce western, qui, bien qu’imparfait, se révèle étonnement plaisant et attachant.

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Le DVD : Le film est présenté en version restaurée dans un Master HD, en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations respectivement signées Patrick Brion et François Guérif.

Edité par Sidonis Calysta, « El texican » est disponible en DVD depuis le 23 janvier 2018.

Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.