Les collines de la terreur

Les collines de la terreur Les collines de la terreur

Réalisateur venu de la télévision où il fit les beaux jours de la BBC à la fin des 50's, Michael Winner s'impose comme l'un des réalisateurs les plus en vue du cinéma anglais des années 60 grâce notamment à ses comédies populaires portées par l'acteur Oliver Reed (" The jokers " en 1967 et " Hannibal Brookes " en 1969) ainsi que par le drame sportif " The games " en 1970 interprété par Ryan O'Neal et Charles Aznavour. De quoi attirer l'attention d'Hollywood qui lui offre l'opportunité de venir réaliser son premier film américain, en l'occurrence le western " L'homme de la loi " (1971) avec Burt Lancaster. Il enchainera quelques mois plus tard avec un second western, " Les collines de la terreur ", sur lequel il rencontre Charles Bronson, célèbre second couteau hollywoodien (" Les sept mercenaires ", " La grande évasion ", " Propriété interdite ", " Les douze salopards ") devenu une vedette depuis son exil européen (" Adieu l'ami ", " le passager de la pluie ", " Soleil rouge " et surtout " Il était une fois dans l'ouest "). Le film marque ainsi le début de leur prolifique collaboration (six films) dont on retiendra notamment " Le flingueur " et les trois premiers volets de la cultissime saga " Un justicier dans la ville ".

Les collines de la terreur

" Les collines de la terreur ", c'est un peu le voyage dont on ne revient pas. L'équipée sauvage de tout ce que l'Amérique compte de rebus xénophobes, suprématistes, crétins sanguinaires et criminels sadiques, engagés dans une improbable chasse à l'homme à travers le désert. Une odyssée morbide et dantesque pour traquer un indien coupable d'avoir tué un shérif blanc raciste en état de légitime défense. L'occasion inespérée pour chacun de sauver les apparences et d'assouvir son fantasme : qu'il s'agisse de rendosser l'uniforme pour livrer une dernière bataille ou simplement de s'offrir un beau scalp d'indien. Mais trop certains de leur supériorité - raciale comme numérique - les miliciens blancs se livreront à d'abominables exactions (viol de la femme de Chato et assassinat de son frère suivi de la profanation de sa dépouille) qui retourneront la situation en leur défaveur jusqu'à les transformer eux-mêmes en proies. A l'évidence, Winner construit ici une trame dont les thèmes - la violence aveugle et l'injustice qui génèrent la soif de vengeance, lé héros seul contre la société - préfigurent ceux qui feront le succès du " Justicier dans la ville ". Surtout, derrière la thématique de l'agression, il dénonce de façon symbolique la politique américaine au Vietnam et les exactions qui y sont menées à l'encontre des populations locales. Avec un formidable Bronson pourtant mutique et son formidable casting de seconds couteaux (Jack Palance, James Whitemore, Richard Basehart...), Winner signe avec " Les collines de la terreur " un film âpre et jouissif, dont la violence et les prises de positions participent à la démythification alors en cours du western et d'une certaine idée de l'Amérique.

Les collines de la terreur