Rio Lobo (1970) de Howard Hawks

Après son chef d'oeuvre "Rio Bravo" (1959) et sa seconde variation "El Dorado" (1967), le réalisateur Howard Hawks signe là, pour son dernier film, un troisième film qui se trouve être une seconde variation d'une même histoire, ou un troisième film thématique où il reprend quelques paramètres récurrent avec un village terrorisé par un méchant propriétaire terrien, une prison assiégée, un petit groupe de justiciers qui crée un microcosme familial (vieux bougon, jeune fougueux, la belle, ...)... Donc pour la troisième fois de suite il retrouve le monstre sacré John Wayne (a ajouté aux deux autres chefs d'oeuvres "La Rivière Rouge" en 1948 et "Hatari !" en 1962), ainsi que ses collaborateurs fidèles, la scénariste Leigh Brackett (fidèle depuis "Le Grand Sommeil" en 1946) et le cascadeur légendaire-assistant réalisateur Yakima Canutt.

Rio Lobo (1970) de Howard Hawks

Au casting Wayne retrouve l'excellent Jack Elam après leur seul film en commun (étonnament !) "Les Comancheros" (1961) de Michael Curtiz, ainsi que trois jeunes acteurs, Jorge Rivero qui ne fera pas grand chose entre ce film et "Soldat Bleu" (1970) de Ralph Nelson, Christopher Mitchum fils de Robert co-star de Wayne dans "El Dorado" et qui retrouvera The Duke pour "Chisum" (1970) et "Big Jake" (1971), et enfin, le sublime Jennifer O'Neill future Dorothy de "Un Eté 42" (1971) de Robert Mulligan. On notera, pour l'anecdote, un petit rôle pour Sherry Lansing, qui déçu par son manque de talent se rattrapera des années plus tard en devenant présidente de Paramount puis de 20th Century Fox, soit une des femmes les plus puissantes de Hollywood entre 1992 et 2005...

Rio Lobo (1970) de Howard Hawks

Si on comprend le travail de "variation" entre "Rio Bravo" et "El Dorado" ce dernier film déçoit un temps soit peu car il est d'un style très classique à une époque où Sergio Leone et Sam Peckinpah ont réinventé le genre, et surtout, il reste un ultime film testament bien fade pour Howard Hawks qui reste un réalisateur majeur de l'Âge d'Or de Hollywood. Si on dépasse cette petite déception, ce western est pourtant pas dénué de toute substance. Le film se scinde en deux parties, la première se déroule lors de la Guerre de Sécession avec une séquence impressionnante d'un vol d'or dans un train en marche. Ensuite le récit se cale comme une déclinaison du canevas entamé par "Rio Bravo", donc moins de surprise, une évolution assez convenu à l'exception notable d'un John Wayne plus vieillissant amenant notamment une autodérision plutôt amusante. Ce western est un très bon divertissement, et serait sans doute mieux apprécié si on ne devait et ne pouvait que le comparer aux précédents films de Hawks. On notera tout de même les petits détails dignes d'un Hawks, notamment les hommes toujours engoncés dans une virilité feinte aux côtés des femmes toujours plus fortes qu'on se l'imagine.

Note :

Lobo (1970) Howard HawksLobo (1970) Howard Hawks