The Florida Project : Sean Baker, roi du merveilleux au monde réel.

Après le coup d'éclat Tangerine, Sean Baker réussit le pari de signer une œuvre fédératrice, attachante et différent de ce qu'il a fait auparavant. Exit l'expérimentation à l'iPhone, The Florida Project est une tranche de vie colorée où le monde dans ce qu'il y a de plus triste devient un véritable parc d'attraction pour cette jeune héroïne.

Programmée pour deux jours après le jour de Noël, The Florida Project semble être le film le plus chaleureux pour cette période dans le cadre du cinéma américain. La vie est une fête, une fête débutant par Celebration de Kool & The Gang où chaque chose devient une raison de s'amuser, de fuir une réalité pourtant néfaste où l'on doit galérer pour se nourrir. Où les immeubles entourant Disney World (le film se passe près du parc, en Floride) deviennent des lieux de féeries par leurs structures et leurs couleurs si flashys. A ce stade, Baker parvient à éviter sans faille le misérabilisme ou le manichéisme que peut avoir n'importe quel film-naturaliste prototype de ce genre.

Chacun de ces personnages tente de survivre tant bien que mal à sa situation, quitte à faire du mal non-intentionnellement. L'innocence de Moonee et ses camarades de jeux, pourtant peu avare en gros mots et en bêtises de tout genre, rend difficile de les trouver inssuportables. Tandis que la mère de l'héroïne, pourtant inapte à s'occuper de sa fille en l'utilisant pour participer à des arnaques, ne nous paraît pas si antipathique que cela avec du recul tant l'on se rend compte à quel point elle galère dans sa vie pour subvenir aux besoin d'elle et sa fille. Et puis, il y a Willem Dafoe. Gérant du motel où se déroule le film, il apparaît comme l'unique figure autoritaire dans la vie de l'héroïne. Une autorité qui paraît souvent contraignante pour elle mais nécessaire pour être toujours présente afin de l'aider avec délicatesse. Il est plus que grandiose que de voir Dafoe dans un véritable rôle à contre-emploi, où il ne joue plus les bouffons verts ou les criminels sociopathes chez David Lynch (fait amusant : Son personnage de Sailor et Lula et celui de The Florida Project s'appellent touts le deux Bobby) mais un rôle d'une extrême tendresse où sa présence bienveillante nous réchauffe le cœur.

Emouvant tout le long, jusqu'à son final d'une fulgurance attendrissante, The Florida Project fait parti de ces films modestes qui n'en finissent plus de nous mettre dans touts les états.

Victor Van De Kadsye