L'empereur du nord

Un grand merci à Wild Side Vidéo pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « L’empereur du nord » de Robert Aldrich.

Empereur_du_nord« Il ne faut pas se rire du diable ! »

Pendant la Grande Dépression des années 30 aux États-Unis, beaucoup de vagabonds voyageaient clandestinement sur les trains de marchandise pourchassés par les chefs de convoi.

On les appelait alors les « trimardeurs ». Shack, sans doute le plus féroce des chefs de convoi, fait en sorte qu'aucun tramp ne fréquente son convoi.

Un homme dit "Numéro 1" lui lance alors un défi.

« Ce salopard préfèrerait tuer un homme plutôt que de le promener à l’œil »

Emperor_north_Lee_MarvinFils d’un riche éditeur et petit-fils de sénateur, Robert Aldrich se destinait à une lucrative carrière dans la finance, sur les recommandations de sa famille. Mais peu intéressé par ses études, il préféra renoncer - au grand dam de son père - pour partir tenter sa chance à Hollywood. Embauché comme simple employé à la RKO à la fin des années 30, il profite de la guerre et de la pénurie de techniciens pour accéder à des tâches plus intéressantes. Très vite remarqué, il devient ainsi pendant près d’une décennie l’assistant de grands réalisateurs comme Milestone, Wellman, Losey, Renoir ou Chaplin. Avec l’expérience ainsi acquise, il part au début des années 50 tenter sa chance comme réalisateur à la télévision. Mais très vite, il repart à Hollywood où il est remarqué par Burt Lancaster, qu’il fait tourner coup sur coup dans « Bronco Apache » et « Vera Cruz ». Fort de son succès naissant, Aldrich l’anticonformiste et le provocateur entreprend alors une série de films contestataires dans lesquels il brocarde les travers de la société américaine ainsi que ses valeurs. Il dézingue ainsi le Maccarthysme et la paranoïa de la guerre froide dans « En quatrième vitesse », l’hypocrisie hollywoodienne dans « Le grand couteau » ou encore l’armée américaine dans « Attaque ! », ce qui lui vaut d’être mis un temps au ban. De retour dans les années 60, il enchaine alors les succès, tels que « El perdido », « Qu’est-il arrivé à baby Jane ? » et surtout « Les douze salopards ». Avec les années 70, sa carrière amorce son déclin. Toujours très actif, ses films ne sont cependant plus des succès. Après avoir retrouvé Lancaster sur « Fureur Apache », il tourne en 1973 « L’empereur du nord », adaptation du roman « From coast to coast with Jack London » de Leon Ray Livingston, qui demeure l’un de ses derniers films.

« Tu as du cran mais tu n’as pas le cœur, tu ne seras jamais l’empereur du nord »

Emperor_North_BorgnineAvec « L’empereur du nord », Robert Aldrich nous replonge à l’époque de la grande dépression. Et plus particulièrement dans l’univers des trimardeurs, ces vagabonds miséreux qui allaient de ville en ville en voyageant clandestinement dans les trains pour tenter de trouver un travail. Un contexte qui sert de décor au cinéaste qui imagine ici une équipée virile (il n’y a d’ailleurs pas la moindre femme au casting !) et romanesque. Un face à face dantesque entre le roi des vagabonds - « L’empereur du nord » - et le plus sadique et intransigeant des chefs de convoi, bien décidé à éliminer quiconque aurait l’outrecuidance de monter clandestinement dans son train. D’une certaine manière, Aldrich reprend ici les codes du western (duel, provocation, grands espaces...) qu’il connait bien et les transpose à l’époque des années 30 et de la grande dépression, période qui inspire alors beaucoup les cinéastes américains (« Le bagarreur », « On achève bien les chevaux », « La barbe à papa »...), donnant ainsi lieu à un film d’aventures et d’action homérique. Mais plus encore, Aldrich l’insoumis donne à son récit une dimension sociale forte en faisant du défi entre ces deux hommes un symbole de la lutte de classes. Une sorte de lutte entre le pouvoir et le peuple. Entre le puissant et les opprimés. Entre l’ordre et la liberté. Et comme souvent chez Aldrich, le vrai héros est toujours l’homme d’en bas, le looser magnifique. Le film vaut aussi pour le génial face-à-face entre Lee Marvin et Ernest Borgnine, deux des plus grandes « gueules » qu’Hollywood ait jamais compté. « L’empereur du nord » est donc un très bon film d’aventures doublé d’une puissante fable humaniste subtilement rebelle. Du grand cinéma populaire !

Emperor_North_Aldrich

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Le DVD : Le film est présenté dans un master restauré HD, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également proposés.

Côté bonus, le film est accompagné de « L’art de survivre » : entretien avec le scénariste Christopher Knopf (30 min.).

Edité par Wild Side Vidéo, « L’empereur du nord » est présenté dans une très belle édition collector Mediabook comprenant le blu-ray du film, le DVD du film ainsi qu’un livre écrit par Doug Headline et illustré de photos d’archives rares (86 pages). Cette édition est disponible depuis le 7 juin 2017.

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