Les films interdits - l'héritage caché du cinéma nazi

Un grand merci à ESC Distribution pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Les films interdits - L’héritage caché du cinéma nazi » de Felix Moeller.

Films_interdits« Tous ces films sont explosifs au sens propre comme au sens figuré »

De par leur aspect raciste et antisémite entre autres, certains films tournés pendant le IIIème Reich sont aujourd’hui complètement interdits. Dans cette enquête, le réalisateur Felix Moeller interviewe des historiens du cinéma allemand, des archivistes et des amateurs de films sur la puissance et le danger potentiel du cinéma utilisé à des fins idéologiques. En analysant des séquences de films, et en filmant les réactions et les discussions lors de projections publiques à Munich, Berlin, Paris et Jérusalem, Felix Moeller nous montre l’effet puissant de la propagande dans ces films (bien qu’ayant plus de 70 ans) quand elle est présentée à des publics réceptifs à la manipulation. Un héritage sombre de notre Humanité qui nous fait nous poser la question : ces archives doivent-elle être conservées, ou bien détruites ?

« On est toujours attiré par ce qui est interdit. Ce qui est interdit fascine. »

Films_interdits_Felix_MoellerAvec « Les films interdits », le documentariste Felix Moeller nous replonge dans la production cinématographique de l’Allemagne nazie. Un héritage encombrant, témoignage d’un régime qui maitrisait totalement sa communication et l’art de la propagande, et qui avait compris peut-être avant les autres pays l’importance stratégique du cinéma pour diffuser subrepticement ses messages aux masses. Ainsi, loin de la seule figure de Leni Riefenstahl, ce sont pas moins de 400 films qui furent produits durant les douze années que durèrent ce régime. Des films pour aux qualités formelles indéniables aux dires des historiens, mais aux messages particulièrement virulents. En effet, sous l’égide de Goebbels, la production cinématographique va alors aborder toute une série de thèmes visant à orienter et contrôler l’opinion en exacerbant les thèses scabreuses et macabres du national-socialisme. Le cinéma s’emploiera ainsi à vendre au plus grand nombre l’idéal de la société nazie épurée de ses éléments séditieux (« Le jeune hitlérien Quex »), à nourrir la haine contre les français (« Kolberg »), les anglais (« Le président Kruger ») ou encore les russes. Mais pire encore, par le biais d’un prisme volontairement biaisé, le cinéma ira jusqu’à prôner et légitimer l’annexion de la Pologne afin de libérer les minorités allemandes soit disant opprimées (« Heimkehr »), l’antisémitisme (« Le juif Süss », « Les Rothschilds ») ou encore l’euthanasie comme moyen de « libération » des malades face à la déchéance physique (« Un grand amour »). Si la plupart de ces films demeurent aujourd’hui interdits, sauf projections encadrées dans le cadre de travaux historiques ou de débats, le documentaire pose la question de l’opportunité de maintenir ses films hors de portée du public, ou, au contraire, d’élargir leur accès en qualité de témoignages historiques. De façon aussi pertinente que passionnante, le film nous entraine dans les arcanes de la production cinématographique nazie pour rendre compte d’un processus étatique de manipulation et de propagande à la fois sophistiqué, innovant et sournois. Il a de plus le mérite d’ouvrir un vrai débat sociologique et politique sur la façon de percevoir et de montrer (ou non) ces films en donnant la parole à des spécialistes de l’histoire du septième art. Seul bémol, la place très (trop ?) importante laissée au débat, alors qu’on aurait aimé une part plus large dédiée à la dimension historique qui parait ici être traitée trop superficiellement. En savoir plus notamment sur le microcosme des auteurs, réalisateurs, acteurs et producteurs et sur ce qu’ils sont devenus ensuite dans l’Allemagne de l’après-guerre. Un sujet passionnant, donc, qui mériterait sans doute d’être approfondi par un second documentaire.

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Le DVD : Le film est présenté dans son format court de 52 minutes tel que diffusé sur Arte ainsi que dans sa version longue inédite de 94 minutes. Il est proposé en version originale allemande (2.0) avec sous-titres français.

Aucun bonus ne vient compléter cette édition.

Edité par ESC Distribution, « Les films interdits - l’héritage caché du cinéma nazi » est disponible en DVD depuis le 9 mai 2017.

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