Le teckel

Un grand merci à ARP Sélection pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le teckel » de Todd Solondz.

WienerDog« Il faut dresser le chien, briser sa volonté pour le soumettre à la tienne. On le civilise ainsi pour qu’il agisse comme un humain »

Le portrait d’un teckel et de tous ceux auxquels il apporte un bref instant de bonheur au cours de son voyage. Il croisera sur sa route un enfant cancéreux en rémission, une jeune femme sans attache et un peu perdue, un couple de trisomiques, un scénariste sans succès qui ronge son frein en enseignant son art à des apprentis cinéastes ou encore une vieille dame au crépuscule de sa vie...

« La mort, c’est une bonne chose finalement ? »

Teckel_solondzTodd Solondz débute sa carrière au milieu des années 80 en réalisant plusieurs courts-métrages dans le cadre de ses études de cinéma. Après un premier long métrage passé quelque peu inaperçu (« Fear, anxiety & depression » en 1989), le réalisateur se fait remarqué en 1995 pour l’humour grinçant de son deuxième film, « Bienvenue dans l’âge ingrat ». Depuis lors, le cinéaste n’a eu de cesse de défrayer la chronique de part le côté provocateur et dérangeant des sujets qu’il aborde. A l’image des bourgeois sexuellement dépravés de « Happiness » (1998, pour lequel il est nommé pour le Golden Globe du Meilleur réalisateur) ou de la grossesse d’une gamine de treize ans dans « Palindromes » (2004). Devenu une figure du cinéma d’auteur indépendant et contestataire américain, il décroche le Prix du Meilleur scénario à la Mostra de Venise en 2009 pour « Life during wartime », qui constitue une vraie/fausse suite de « Happiness ». Se faisant plus rare sur les écrans, il revient en 2016 avec « Le teckel », pour lequel l’actrice oscarisée Brie Larson faisait initialement partie du casting avant que ses scènes ne soient finalement coupées au montage.

« C’est un artiste. Il trouve des animaux morts, il les empaille, les robotise pour en faire des sculptures »

TeckelLe chien est le meilleur ami de l’Homme, dit-on. Un compagnon fidèle et loyal doublé d’une présence protectrice et réconfortante. Malheureusement pour lui, la réciproque n’est pas vraie, tant le comportement de l’Humain à son égard apparait souvent décevant. Loin des contes animaliers familiaux, Todd Solondz se sert d’ici d’un teckel pour réaliser une radioscopie sociale de l’Amérique contemporaine. Le chien servant alors de fil rouge entre les différents personnages qui le recueilleront durant son existence. Une existence faite de hauts et de bas, au cours de laquelle il passera de bras en bras, changeant plusieurs fois de nom et accompagnant, tel un complice discret mais présent, les aventures de ses différents maitres. Jouant sur le parallélisme des formes, la vie du chien ressemble ainsi au cycle de la vie, ses propriétaires étant chronologiquement des personnes de générations de plus en plus anciennes, de l’enfant malade en rémission jusqu’à la vieille dame au crépuscule de sa vie. Construit comme un film à sketches, sorte de patchwork de saynètes savoureuses, le film dresse un portrait assez sombre de l’Amérique actuelle, dans laquelle le chien apparait comme un bien matériel de plus, dont on se débarrasse à la première occasion, dès qu’il est malade ou qu’il devient encombrant. En filigrane, à travers ses personnages souvent névrosés ou marginaux, Solondz dessine le portrait d’une Amérique désincarnée et à bout de souffle, dans laquelle le bonheur semble avoir disparu. D’ailleurs, le thème de la mort semble planer sur le récit, s’apparentant pour certains personnage à une délivrance. Toutefois, si l’humeur est à la mélancolie, le réalisateur n’en oublie pas pour autant d’instiller par endroit quelques saillies d’humour absurde et d’ironie mordante dont il a le secret, à l’image des discours racistes de la mère de famille incarnée par Julie Delpy (hallucinante histoire du chien violeur !) ou des différents personnages d’artistes egocentriques et imbus d’eux-mêmes qui peuplent les deux derniers segments du film. Il en ressort une balade nostalgique et douce-amère, inégale mais souvent touchante. Ce « Teckel » là a définitivement du chien !

Le_Teckel_Gerwig

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Le DVD : Le film est présenté en version originale américaine (5.1). Des sous-titres français sont également disponibles. Mise à part une bande-annonce, aucun bonus ne vient compléter cette édition.

Edité par ARP Sélection, « Le teckel » est disponible en DVD depuis le 7 mars 2017.

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