IP MAN 3 : Le choc des titans ★★★☆☆

Le retour de Donnie Yen dans un film d’action à l’ancienne qui fait plaisir !

IP Man 3

Après une suite plutôt décevante comparée à son grandiose prédécesseur, on avait de quoi être inquiet quant à ce troisième volume d’Ip Man, saga à succès retraçant la vie du célèbre maître de la boxe Wing Chun. En effet, en se basant sur le vrai parcours d’Ip Man, le premier opus semblait avoir fait le tour du personnage et de toutes les thématiques qui en découlent (la philosophie martiale, mais surtout les rapports entre le Japon et la Chine) si bien que sa suite n’avait plus grand chose à raconter, pour ne pas dire rien. Résultait donc un opus efficace à défaut d’être réellement épique, qui déclinait énergiquement tous les codes du film d’arts martiaux autour d’un personnage devenu une véritable icône folklorique, à l’instar des derniers volets de la saga Il était une fois en Chine avec la figure mythique de Wong Fei-Hung. Avec toujours Wilson Yip derrière la caméra, Ip Man 3 s’inscrit ainsi directement dans la même veine, brodant une intrigue à base de gangsters et de flics corrompus uniquement prétexte à de bons gros combats mettant en valeur sa star : l’immense acteur-chorégraphe Donnie Yen, devenu indiscutablement LE roi du cinéma d’action chinois actuel. Mais la cerise sur le gâteau est bien la présence improbable au casting de Mike Tyson, dont le duel face à Donnie Yen a de quoi exciter tout fan de cinéma d’action qui se respecte. Le duel est-il pour autant à la hauteur du fantasme qu’il suscite ?

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A l’heure où le cinéma chinois s’oriente de plus en plus vers le marché occidental (comme en témoigne le récent Tigre et Dragon 2 sur Netflix), il est toujours réjouissant de voir des films renouer avec l’esprit du grand cinéma d’arts martiaux hongkongais d’antan. Avec le grand Tsui Hark, Wilson Yip fait partie de ces rares cinéastes à avoir su conserver l’âme des productions hongkongaises des années 80 et 90 tout en répondant aux nouvelles exigences des studios chinois. Ip Man 3 apparaît donc comme un compromis idéal, à la fois respectueux des codes du cinéma d’arts martiaux et ouvert au public occidental, pour lequel la présence de Mike Tyson en constitue clairement le principal argument. Hélas, si Iron Mike constitue une bonne porte d’entrée pour certains spectateurs, les fans du bonhomme seront sûrement déçus par son rôle, dont les apparitions en doses homéopathiques ont de quoi frustrer. Pourtant présenté comme le bad-guy principal du film, il n’est ici qu’un élément d’une sous-intrigue, sans consistance ni réel impact narratif et dont la présence purement commerciale s’avère agaçante. Si l’affrontement tant attendu entre ces deux monstres sacrés que sont Yen et Tyson n’a pas non plus de conséquences sur le parcours d’Ip Man et tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, il se révèle toutefois suffisamment jouissif pour faire oublier la vacuité du rôle du légendaire boxeur. A défaut de créer un vrai méchant de cinéma charismatique, Wilson Yip offre un pur moment de plaisir chorégraphique, dont la gratuité n’a d’égale que la jubilation qu’il provoque chez n’importe quel amateur de cinéma d’action. Car, en dépit d’un scénario banal et parfois incohérent, c’est bien la mise en scène et les chorégraphies spectaculaires qui priment avant tout.

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L’un des autres gros arguments de ce troisième opus était bien entendu la présence du personnage de Bruce Lee au sein de l’intrigue. Rappelons au passage que le premier volet était déjà vendu sur le nom de Bruce Lee, dont Ip Man fut le célèbre maître. Encore une fois, la déception sera au rendez-vous pour quiconque attendait avec impatience l’introduction du Petit Dragon dans la saga (malgré une petite apparition dans le volet précédent). En effet, il faudra se contenter d’une courte présentation (où l’on peut admirer un jeune Bruce Lee kicker des cigarettes en plein vol), mais dont la dimension réellement épique appelle un éventuel futur opus dans lequel, pourquoi pas, Donnie Yen passerait le flambeau à Kwok-Kwan Chan. Néanmoins, malgré ses 53 ans, la star chinoise est loin d’être bon pour la retraite, portant une nouvelle fois tout le film sur son incroyable talent martial, comme pouvait le faire Jet Li dans les années 90. Contempler cet artiste exceptionnel arrivé à son zénith constitue clairement le principal intérêt d’un film, qui, à défaut d’être un grand kung-fu pian majestueux, renoue avec l’énergie et la puissance cinégénique des grandes fresques martiales d’autrefois. Irréprochable dans sa fabrication, notamment en raison d’une lumière soignée et d’une mise en scène toujours inventive, ce troisième opus ne marquera pas l’histoire du cinéma d’arts martiaux mais confirme que le duo Wilson Yip/Donnie Yen est définitivement un gage de qualité. Dans une époque où les projets aussi exigeants et respectueux des codes qu’ils investissent se font de plus en plus rares, il est impossible pour nous de cracher dessus.

Réalisé par Wilson Yip, avec Donnie Yen, Mike Tyson

Sortie le 27 avril 2016.