La face cachée de Margo – La superbe

papertowns-2-gallery-image « J’ai été séduit par le fait que l’histoire raconte le passage à l’âge adulte des personnages. Quentin est un garçon prudent, intelligent et réfléchi. Il fait beaucoup de projets, mais en dehors de son amitié avec Radar et Ben, il a tendance à vivre à l’écart du monde. Grâce à sa relation avec Margo et au road trip qu’il entreprend pour la retrouver, il va apprendre à prendre des risques et à s’ouvrir. »

Nat Wolff (interprète de Quentin)

La face cachée de Margo (ou Paper Towns pour le titre original bien plus subtile) nous apparait sous la forme d’un road movie adolescent, entre roman d’amitié et quête d’un amour chimérique. Le personnage principal, Quentin – jeune loser magnifique – poursuit un objectif voué à l’échec en espérant conquérir le cœur de Margo. Elle connait son pouvoir sur les hommes et en joue sans en abuser, se révélant très extérieure au monde qui l’entoure, tour à tour fascinante et détestable, surprenante et déceptive. Elle « est » sans exister, laissant lorsqu’elle disparait des indices pour la retrouver sans espérer une seconde qu’une tierce personne ne se lancera à sa recherche. Héroïne de roman, déesse de papier, et MacGuffin fardé pour une intrigue qui met finalement l’accent sur l’amitié et les premiers flirts. On en vient à se demander si Margo existe dans notre vrai monde de la réalité véritable, si cette incarnation parfaite, cet être qui observe tout d’un piédestal sur lequel les autres l’ont placés n’est pas simplement une hallucination collective qui rapproche malgré elles les âmes esseulées.

Les dialogues posés et réalistes contraste avec l’univers musical aérien et l’aspect éthéré général du métrage. Ni teen movie pur ni tout à fait comédie romantique, l’œuvre est une expérience à part, sans complications surfaites, sans triangle amoureux accessoire – c’est l’histoire d’un amour total et unilatéral, sujet autour duquel gravite quantité de thèmes diverses (fin de l’enfance, amitié en sursis, les épreuves de la vie, les codes du lycée, le temps qui passe, et finalement la vie qui trace et nous laisse parfois sur le côté).

PAPER TOWNS

Le casting est de qualité, et Cara Delevingne fait forte impression malgré son temps limité de présence à l’écran. Elle maitrise son personnage – allitération démoniaque d’un Ferris Bueller qui tout en cherchant sa propre voie rassemble les individus.

La dernière adaptation d’un ouvrage de John Green (après l’excellent mélodrame Nos étoiles contraires) est un film attachant et réussi, qui ne laisse pas indifférent pour peu que l’on s’intéresse aux histoires adolescentes et autres amours contrariés. C’est propre et réalisé avec les meilleures intentions du monde. On pourra seulement lui reprocher les défauts habituels du genre : le geek faussement laid qui parvient à séduire la fille inaccessible, l’absence des parents ou leur comportement très relaxe, ou encore des personnages un peu trop matures pour leur âge. Un petit prix à payer au vu des immenses qualités de l’œuvre – joliette balade nostalgique et formatrice.

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EN BREF : Une Ferris Bueller méphistophélique donne de faux espoirs et exalte à son insu les amitiés fugitives. Ode romantique et adolescente au réel.