Critique : Taken 3 (2015)

Taken 3 1

Megaton, maitre des illusions.

Le caca en boite, vous en avez déjà, sans doute, entendu parler. Peut-être même avez vous déjà pu en sentir le délicat parfum au détour d’un multiplexe. Mais il est rare de pouvoir, soi-même, en déguster l’âcreté. Non pas que ce Taken 3 exhalait la bonne popote à maman, mais on s’attendait, au minimum, à de la cuisine de restoroute, lourde, fade, mais qui cale bien la bidoche. Malheureusement, il devient de plus en plus difficile pour les résistants gastronomes du septième art de défendre la soupe du père Besson qui, à force de chauffer du réchauffer, fini par carboniser ses plâtrées. Pourrait-il encore faire confiance à ses commis de cuisine pour sublimer un tant soit peu ses plats. Mais lorsque ce dernier se nomme Olivier Megaton, coupable d’un grand nombre d’imbouffables salades cinématographiques parmi lesquelles Le Transporteur 3 et Taken 2, on peut dors et déjà prévoir le citrate de bétaïne. Cette fois-ci, donc, Bryan Mills est accusé du meurtre de son ex-femme (Famke Janssen, qui a enfin trouvé la porte de sortie de ce cauchemar). Dès lors, il va courir pendant près de 100 minutes (dieu qu’il doit y avoir de choses à raconter… ) avec un super flic aux fesses (Forest Whitaker, qui passe le plus clair de son temps à se tirer sur l’élastique), bien décidé à prouver son innocence, à traquer et tuer les auteurs de ce crime, ainsi qu’à résoudre ses problèmes relationnels avec sa grande fille. Une nouvelle occasion pour Liam Neeson, Mr. Bricolage du cinéma d’action, de se vider le chargeur et dessouder du mobilier de bureau. Mais ce qui permet à ce troisième épisode, écrit à quatre pieds par Luc Besson et Robert Mark Kamen, de véritablement s’imposer dans la mémoire des cinéphiles, c’est son hommage, touchant et sincère, à la figure tutélaire du mouvement surréaliste, André Breton. Taken 3 fait ainsi une brillante démonstration des avantages proposés par l’écriture automatique dans le milieu du cinéma. L’escamotage du réel côtoie ici le montage de l’imaginaire, mêlant illusion de la réalité et réalité de l’illusion dans un même mouvement (L’Homme Transporté, revu et corrigé par Europa Corp) afin de répondre à toutes les exigences logistiques posées le scénario, non sans insérer, ça et là, quelques promontoires comiques un brin lubrique dans l’esprit des meilleurs épisodes de Shérif, Fais-Moi Peur. Difficile pour le spectateur de garder son sérieux devant les subterfuges déployés par Olivier Megaton, qui clôt son récit par la désormais célèbre théorie du baggels, démontrant par la même à quel point cette daubasse tenait debout uniquement par l’imagination débordante et sans limite de ses auteurs. (0.5/5)

Taken 3 2

Taken 3 (France, 2015). Durée : 1h43. Réalisation : Olivier Megaton. Scénario : Luc Besson, Robert Mark Kamen. Image : Eric Kress. Montage : Audrey Simonaud, Nicolas Trembasiewicz. Musique : Nathaniel Mechaly. Distribution : Liam Neeson (Bryan Mills), Forest Whitaker (l’inspecteur Franck Dotzler), Maggie Grace (Kim Mills), Famke Janssen (Lenore St. John), Dougray Scott (Stuart St. John), Sam Spruell (Oleg Malankov).