[DOSSIER] L’exception culturelle en péril

Depuis quelques semaines, et encore plus depuis les propos de Steven Spielberg lors du dernier Festival de Cannes (voir l’article approprié [lien]), le débat autour de l’exception culturelle s’intensifie. Pourtant parmi nous, cinéphiles, cette notion reste plutôt floue, ou même rébarbative. Néanmoins, sujet est passionnant ! Qu’est-ce que l’exception culturelle ? Pourquoi est-elle en danger ? Peut-on la protéger ?

Avec des mots simples, nous tenterons de répondre à ces questions à travers ce dossier en trois parties, vous invitant ainsi à participer à ce grand débat touchant le domaine artistique, et donc forcément, la sphère cinématographique, qui nous est chère. 

L’exception culturelle en péril !

Il y a un mois, on entendait de tous côtés : « il faut sauver l’exception culturelle ! »

Pourquoi ? Quel est ce fameux danger qui plane ces derniers temps sur la protection de la culture française et européenne ? Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est nécessaire d’exposer quelques notions en guise de contexte.

Régulièrement, les pays de l’union européenne et les États-Unis se lancent dans des négociations ayant pour but d’établir des accords de libre-échange. Jusqu’au vendredi 14 juin, les domaines de la culture et de l’audiovisuel faisaient partie de ces négociations. C’est justement là que résidait le problème. En effet, la ministre de la culture française Aurélie Filippetti a décidé de ne pas se lancer dans les négociations jusqu’à ce que les secteurs de l’audiovisuel aient été exclu des discussions. Pourquoi était-ce nécessaire ?

Inclure de tels services dans les négociations aurait eu de lourdes conséquences sur le marché audiovisuel. En effet, à la longue, le marché du cinéma américain aurait envahi le territoire européen. Les séries américaines auraient été diffusées en masse, plus qu’à l’heure actuelle, au détriment des productions et réalisations françaises par exemple.

Si les services audiovisuels n'avaient pas été exclus des négociations, le marché audiovisuel américain (films et séries) aurait largement empiété sur les productions et réalisations européennes.

Si les services audiovisuels n’avaient pas été exclus des négociations, le marché audiovisuel américain (films et séries) aurait largement empiété sur les productions et réalisations européennes.

« L’exception culturelle n’est pas négociable ! » C’est avec cette exclamation que plusieurs cinéastes européens se sont battus pour la diversité, et l’exception culturelle. Ils organisent pour défendre le cinéma européen une pétition, qui sera signée de la main de plusieurs cinéastes, dont un américain : David Lynch. « Nous nous battrons pour que l’Europe continue à écrire son Histoire par l’esprit, par la Culture, par un regard divers sur soi et sur le Monde » précise la pétition.

Le 14 juin 2013, soit il y a environ un mois, les services audiovisuels sont finalement exclus des négociations, au bonheur des réalisateurs européens, du gouvernement français, et de David Lynch !

Mais défendre l’exception culturelle, c’est également défendre les œuvres, de tous genres, en suivant les avancées technologiques. Avec Internet et les nouvelles technologies, la défense des contenus audiovisuels doit s’intensifier. C’est ce que propose Pierre Lescure, ex-PDG de Canal +, dans son rapport. Hadopi ne doit pas être supprimé, et la lutte contre le piratage doit s’intensifier.

Par ailleurs, Lescure se charge d’une mission : « le deuxième acte de l’exception culturelle » qui consiste à réorganiser l’exception culturelle, pour que le système de soutien à la création et à la production artistique reste cohérent. Cette mission est dirigée par un coordinateur, des rapporteurs, et des experts de la culture (Frédéric Bokobza, Sous-directeur du développement de l’économie culturelle au ministère de la Culture et de la Communication, Thierry Chèze, journaliste cinéma, et Jean-Philippe Mochon, Chef du Service des affaires juridiques et internationales au Secrétariat général du ministère de la Culture et de la Communication).

La culture reste donc un grand sujet de conversation au gouvernement. Il s’agit d’une facette permettant de préserver l’économie. En effet, l’industrie culturelle occupe une place économique conséquente, et la préserver est nécessaire.

Voir aussi : L’exception culturelle, qu’est-ce que c’est ?