Festival International des Scénaristes 2011: le débriefing

Festival International des Scénaristes 2011: le débriefing

La quatorzième édition du Festival International des Scénaristes de Bourges s’est achevée samedi dernier et, comme vous le savez peut-être, j’y étais invitée en tant que marraine du Marathon d’Écriture du Court-Métrage. Je vous propose de revenir sur  quatre jours bien remplis et forts en émotion puisque l’un de mes filleuls a été primé… trois fois lors de la cérémonie de clôture!

Pour ceux qui n’ont pas suivi mon compte rendu en live via Twitter, voici un petit reportage en images…

Lorsque j’ai reçu, il y a quelques mois, une invitation à jouer les marraines lors de la quatorzième édition du Festival International des Scénaristes, je me doutais bien que ce serait une expérience hors du commun, mais je ne m’attendais pas à vivre un tel concentré d’émotions. Il faut dire qu’une fois qu’on est plongé dans l’atmosphère si particulière du marathon, il est difficile de ne pas se prendre au jeu!

Pour ceux qui n’ont pas suivi mes aventures berruyères en live via Twitter, voici un petit bilan:

Le Festival

Une machine fort bien rodée mais à une échelle très humaine, une ambiance conviviale et un programme très alléchant dont je n’ai hélas pas pu profiter pleinement, marathon oblige. J’ai tout de même eu le temps d’assister à quelques manifestations passionnantes, je vous en présenterai d’ailleurs une dès demain dans la rubrique Coups de Cœur.

Le centre-ville de Bourges est magnifique mais je dois dire que ses pavés ont rendu mes pérégrinations à très grande vitesse pour le moins périlleuses. Il faut dire que je profitais de ces allers-retours pour tweetter, consulter mon compte Facebook et lire mes mails, juchée sur des talons, le ridicule ne tue peut-être pas mais une bonne chute…

Bourges s’articule pour les festivaliers entre le théâtre Jacques Cœur, à la fois QG et décor de nombreuses manifestations (cérémonies, projections, leçon de scénario, table ronde…), le somptueux Hôtel d’Angleterre, situé juste en face, lieu de rencontres professionnelles (cocktails, apéros des scénaristes, réunions d’information..), l’Espace Michel de Bourges où se déroule le Marathon, le restaurant-pub Les Trois Cochons (ou LTC pour les initiés), Ze place to be night & day, et un club très subtilement nommé Le Q (mais pas du tout en hommage à James Bond) qui a remis une invitation à tous les invités, et une poignée d’autres lieux un poil plus excentrés.

On reconnait aisément les festivaliers à leurs badges de différentes couleurs et leur sac blanc aux armes du festival qui contient tous les documents nécessaires, dont un très précieux annuaire. A chaque fois que deux d’entre eux se croisent par inadvertance, ils se saluent d’un air entendu avant de se ruer sur le programme afin de lire leurs bios respectives, du genre « c’est qui lui/elle déjà? ». ;-)

Les rencontres (attention name dropping, âmes sensibles s’abstenir)

Du pur bonheur en ce qui me concerne. Outre une poignée de connaissances qui me sont très chères, comme Frédéric Davoust, président de l’association d’utilité publique Séquences 7, Sullivan Le Postec, rédacteur en chef du webzine Le Village, ou encore mon adorable consoeur Catherine Cuenca, j’ai eu l’immense privilège de déjeuner avec Jean Teddy Filippe, auteur des cultissimes Documents Interdits, lui aussi parrain du Marathon, j’ai partagé couloirs d’hôtel, petit déjeuner et quelques fous-rires mémorables avec Philippe Lasry, scénariste et enseignant à la Fémis (lui aussi parrain), j’ai pu discuter avec Olivier Gorce et Olivier Kohn, dont les paroles adorables après la cérémonie de clôture m’ont fait chaud au cœur, j’ai discuté web fictions et écriture transmédia avec trois jeunes producteurs, Magali Gatel (Capa Drama), Nicolas Lasjaunias (Tetra New Media) et Jessica Rosselet (Easy Tiger), croisé mes confrères de la Guilde Sylvie Coquart, Yves Ramonet et Anaïs Carpita, et tant d’autres.

J’ai enfin fait la connaissance de mon confrère Hugues Fléchard et de Stéphane Simon, journaliste et fondateur du magazine Palmarès Magazine, deux gentlemen avec lesquels je me suis découvert un sacré paquet d’affinités.

Je n’ai pas osé, en revanche, aborder notre mister président, Gilles Marchand, bien que je l’ai croisé à maintes reprises, mais l’écouter évoquer sur la scène du théâtre Jacques Cœur ses débuts d’auteur-cinéaste au sein de « sa bande » a été un grand bonheur. Je ne voudrais pas balancer mais sous ses dehors réservés, sachez que c’est un sacré danseur. Je regrette aussi de ne pas avoir croisé Alain Berliner mais à force de cavaler partout, forcément, on passe à côté de plein de gens sans les voir, c’est la dure loi des festivals…

J’ai pu croiser quelques fidèles lecteurs de Scénario-Buzz, ce qui était plus qu’émouvant. J’ai ainsi appris que pour certains d’entre vous, ce blog est le compagnon idéal du café matinal et pour d’autres, le fidèle soutien des longues nuits de montage…

L’une des plus belles rencontres fut sans conteste celle de mes filleuls, je vous en reparle plus bas.

Pour la petite anecdote, on m’a beaucoup prise pour une marathonienne, ce qui était assez rigolo. C’était encore plus amusant de voir la réaction de certaines personnes quand je leur répondais que non, j’étais marraine. L’effet « geekette en jupette » pour citer Frédéric Davoust…

Il y a maintes autres anecdotes que je pourrais vous raconter, une prochaine fois peut-être (sinon vous risquez l’indigestion), et quelques autres que je serai obligée de taire puisque chaque festival a ses X-Files…

Le Marathon et mes filleuls

La coup d’envoi du Marathon d’Écriture du Court-Métrage a été donné mardi à douze heures. Vingt-cinq jeunes auteurs (il y a eu un désistement de dernière minute) ont découvert le sujet du concours: une courte scène écrite par Gilles Marchand qu’il devaient inclure dans un scénario de dix pages maximum. Pendant vingt-quatre heures, ils ont travaillé seuls à l’Espace Michel de Bourges, un lieu qui évoque une ancienne école et où il règne une ambiance à la fois studieuse et électrique. Vous pourrez voir des images des filleuls au travail sur le site du festival.

Les parrains et marraines sont arrivés dans la matinée du mercredi. A douze heures, les équipes ont été constituées par tirage au sort. Les tandems de professionnels scénariste + producteur se sont vu confier l’encadrement de deux marathoniens.

J’ai donc découvert mon partenaire producteur, Manuel Collas De La Roche (Lotus Productions), totalement jet-lagué (il revenait d’Asie) et overbooké (cinq longs-métrages en développement, deux Blackberrys très bavards) mais très investi dans sa mission de parrain, et mes deux Padawans, Bruno Oré et Guillaume Martin, deux talentueux jeunes auteurs dont je vous proposerai un portrait d’ici quelques jours.

Afin de patienter, voici une interview de Bruno réalisée en cours de marathon:



A partir de cet instant, c’est le compte à rebours infernal: 24 heures avant de livrer sa copie.

Chaque équipe s’organisant à sa guise, nous avons opté d’un commun accord pour des réunions environ toutes les deux heures, avec possibilité pour les filleuls de lancer des SOS à n’importe quel moment. Premier coup de stress: les imprimantes sont tombées en panne. Tout le monde part au cocktail d’ouverture en attendant que la mairie de Bourges fasse imprimer les scénarios et les livre entre deux petits fours.

Le gros challenge pour les parrains est de lire les deux scripts (une seule copie de chaque sinon c’est pas drôle), une coupe de champ’ à la main, dans les couloirs bondés de l’Hôtel d’Angleterre, puis de rejoindre les filleuls à leur QG pour la première réunion. Mais là je dois dire que le grand dieu de l’écriture était avec moi. Non seulement Bruno et Guillaume avaient déjà livré une V1 plus que prometteuse mais Manuel et moi étions unanimes quant au travail de réécriture à y apporter. Je vous reparlerai plus en détail de mes filleuls et de leurs histoires dans un prochain article. je me contenterai aujourd’hui de vous dire à quel point ils m’ont impressionnée, tout au long de ces vingt-quatre heures de folie. Très mûrs en dépit de leur jeune âge et pétris de talent, ils ont su à la fois gérer le stress et comprendre notre analyse, étape après étape, afin de livrer des réécritures plus qu’efficaces.

Une, puis deux, puis trois réunions plus tard, entrecoupées de quelques SOS téléphoniques et aller-retours express, la nuit est tombée sur le Marathon. Les membres de notre équipe ont pu dormir quelques heures, à l’exception de Bruno qui a vaillamment tenu toute la nuit.

Jeudi matin, petit déjeuner studieux à notre Hôtel, Le Christina, grosse séance de coaching avant d’envoyer les filleuls terminer l’écriture. Je les rejoins, une heure plus tard, à leur QG. Il ne reste plus qu’une heure avant la fin du deadline. Je m’assied aux côtés de Bruno et l’aide à travailler un dialogue maladroit, puis je rejoins Guillaume qui a des soucis de mise en page. Dans les diverses salles d’écriture, les marathoniens sont tendus comme des arcs. Moi aussi je dois dire…

Avant de m’éclipser, je propose à mes Padawans de les emmener déjeuner une fois qu’ils auront rendu leurs copies. Je rejoins mon assistant l’âme légère: les deux scénarios ont méchamment de la gueule!

Une heure plus tard, nous sommes attablés avec Manuel, mon cher assistant et Frédéric Davoust, croisé et alpagué au passage, devant des sushis. Guillaume est serein mais un peu triste: il va devoir repartir l’après-midi même pour sa Bretagne, son travail l’attend. Bruno quant à lui a une toute petite mine, épuisé par quarante-huit heures quasiment sans sommeil. Manuel et moi les félicitons pour leur travail remarquable et les encourageons à ne pas lâcher l’affaire, quelle que soit l’issue du palmarès. Nous disons au-revoir à Guillaume, le cœur serré. J’aurais voulu qu’il puisse assister à la cérémonie de clôture, persuadée en mon fort intérieur qu’il n’en serait pas reparti les mains vides…

Je recroise Bruno vendredi matin, frais et dispo, plein d’enthousiasme: il met sa journée à contribution pour obtenir un maximum d’entretiens avec les producteurs présents au festival. Je suis très fière.

Le dénouement vous le connaissez sans doute: Guillaume a remporté à la fois le Prix de la Création, le Prix de la Jeunesse et la Mention du Grand Prix. Je lui envoie des SMS hystériques tout au long du palmarès, les doigts tremblants et les yeux humides. Je suis bien entendu déçue pour Bruno, mais en le serrant dans mes bras, à la sortie du théâtre, je suis instantanément rassurée: son après-midi a été plus que fructueux, il n’a décidément pas fait ce voyage en vain!

Que vous dire de plus? Le grand dîner donné pour les invités, après la cérémonie de clôture, permet de faire retomber toute la pression, bonne ou mauvaise, accumulée au cours des trente-six dernières heures. La dernière nuit est plus que courte et le retour, quelques heures plus tard, un peu triste, le temps a filé si vite…

Merci encore à Isabelle Massot, déléguée générale du festival et grande amatrice de mobylette ;-) qui m’a fait le grand honneur de me confier cette mission, et à son assistante Alice Lipowczy, qui a organisé ma venue.

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Un grand merci à mon amoureux qui a joué les assistants trois étoiles tout au long de ce festival et sans lequel je n’aurais sans doute pas pu gérer marathon, boulot urgent, intendance de ce site (comme vous l’avez sans doute remarqué, il y a eu de gros soucis avec mon hébergeur ces trente derniers jours), et logistique parfois rocambolesque (il s’est passé de ces trucs, je pourrais presque en faire un film). Après avoir affronté une assemblée 100% scénaristes lors de la cérémonie des Schmucks, il a renouvelé l’exploit en s’immergeant au sein de cette faune étrange pendant quatre jours. Sans lui je n’aurais pas pu gérer marathon, rendez-vous, reportage et travail-laissé-en jachère-mais-pas-totalement, bref il mérite nos applaudissements, d’autant qu’en règle générale, c’est moi la photographe de la famille. Le moins que je puisse dire c’est qu’il n’a pas ménagé ses efforts!

Coming next: un focus sur mes deux Padawans en or massif, vous entendrez sans doute parler d’eux à maintes reprises dans ces colonnes et ailleurs…

Copyright©Nathalie Lenoir 2011