La Salle des Profs (2024) de Ilker Catak

Le réalisateur allemand d'origine turque Ilker Catak revient avec un 4ème long métrage après "Dans la Cour des Grands" (2017), "Parole Donnée" (2019) et "Au Bout du Voyage" (2021), et retrouve ainsi son scénariste et ami d'enfance Johannes Duncker avec qui il a débuté sur des courts métrages dont "Eskimo Frosch" (2005), "Fast Fiktion" (2006) ou "Zeitraum" (2014) sans compter le long métrage "Paroles Données" (2019). Et c'est en vacances ensemble que les deux amis ont eu l'idée de ce film, le réalisateur explique : "Il me disait que sa soeur, qui est professeur de mathématiques, avait été confrontée à un vol dans son école. En discutant, nous nous sommes souvenus que quand nous étions petits, deux garçons profitaient de l'absence d'autres élèves pour aller voler dans leurs affaires. Tout le monde le savait, mais personne ne voulait "être une balance". Le film a été sélectionné pour l'Oscar 2024 du meilleur film international... Carla Nowak est prof de mathématiques et d'éducation physique dans un collège qui applique une politique de tolérance zéro. Une série  de vols va créer un climat de suspicion sans précédent. Carla va tenter de résoudre le mystère mais l'enquête va ébranlée tout le système de l'établissement... 

Carla Nowak est incarnée par Leonie Benesch remarquée dans "Le Ruban Blanc" (2009) de Michael Haneke, vue ensuite dans "Fondu au Noir" (2010) de Sophie Heldman, "Brecht" (2019) de Heinrich Breloer ou "Les Leçons Persanes" (2020) de Vadim Perelman. Citons ensuite Michael Klammer vu dans "Lief in Concert" (2019) de Christian Petzold ou "Enfant Terrible" (2022) de Oskar Roehler, Rafael Stachowiak vu dans "L'Enfant de Buchenwald" (2015) de Philipp Katelbach, "Ondine" (2020) de Christian Petzold ou "La Conférence" (2023) de Matti Geshonneck, Anne-Kathrin Gummich vue dans "The Reader" (2008) de Stephen Daldry ou "Wild" (2016) de Nicolette Krebitz et retrouvant Leonie Benesch après "Le Ruban Blanc". Citons encore Eva Löbau vue dans "The Forest for the Trees" (2003) de Maren Ade, "Requiem" (2006) de Hans-Christian Shmid ou "Inglourious Basterds" (2009) de Quentin Tarantino, Kathrin Wehlisch vue dans "L'Amour et Rien d'Autre" (2012) de Jan Schomburg, "Phoenix" (2015) de Christian Petzold ou "Zones Humides" (2020) de David Wnendt, Sarah Bauerett vue dans "Magical Mystery" (2017) de Arnel Feldhusen ou "Tar" (2023) de Todd Field, Padmé Hamdemir vue récemment dans "Evolution" (2022) de Kornel Mundruczo, puis Lisa Marie Trense aperçue dernièrement dans "Parce que tu m'Appartiens" (2023) de Alexander Dierbach... Le film entre dans le vif du sujet d'entrée, les vols sont déjà monnaie courante, l'action-réaction du système éducatif est déjà en branle avec cette professeure Carla Nowak/Benesch qui semble la seule du corps professorale à être (trop) "parfait", droite, honnête, respectueuse, plein de principes logiques et pédagogiques... etc... mais qui est aussi polie et respecteuse au point de vertu ultime presque, mais peu aimable, froide, austère voir même avec un balai dans le c.. au point d'être finalement presque antipathique ce qui explique qu'elle reste à l'écart de ses collègues qui sont évidemment tous symbolisé par un défaut caractéristique du prof imparfait, du père fouettard à la chapardeuse en passant par l'hypocrite...etc... 

Pourtant madame Nowak à un défaut assez agaçant, pour nous par ricochet, mais évidemment pour ses collègues... ATTENTION SPOILERS !... ainsi, elle filme puis elle joue les étonnée et/ou l'effarouchée quand il y a des suites à l'affaire, elle prend des initiatives pour ensuite critiquer les collègues qui ne font que poursuivre son action, elle joue l'honnêteté active puis devient passive voir même lâche, elle reste stoïque dès qu'on l'attaque frontalement alors que la vidéo reste probante, elle accuse mieux joue les timorées, elle sait qu'il y a de multiples conséquences mais accepte des rendez-vous avec des élèves sans témoin, elle reprend ses élèves pour expliquer qu'il existe la Vie de Classe pour parler mais elle l'impose en sport et donc est aussitôt reprise logiquement par ses élèves... Bref, la mère la Vertu lancé un pavé et est ensuite surtout la reine des naïves... FIN SPOILERS !... C'est bien le véritable problème du film, le rôle principal étant une professeure qui se veut à la fois la quintessence du prof idéal mais qui en 5ème fait chanter un bonjour de CP (dixit les élèves !), qui reste très austère comme anachronique (le film pourrait presque être un film ancré dans les années 80), à peine sympathique même avec ses élèves, impose une certaine morale aux autres omettant sa propre personne et surtout le scénario omet le fait que sur 70 profs il y a assurément plein de profs sympas et professionnels. Pourtant l'actrice Leonie Benesch n'est pas en cause, elle est parfaite et ne suit que des directives qui la place au centre d'une équipe qui semble pas à sa place. Heureusement il y a l'enquête et l'intrigue elle-même, le cycle infernal des rumeurs, des quiproquos, des maladresses, des décisions litigieuses qui conduisent à un engrenage qui plus personne ne peut gérer ou assumer. Ca fait presque froid dans le dos. On se dit pauvres enfants ! Et si le film se situe en Allemagne, il reste 100% transposable en France. Un film imparfait donc, bancal à cause d'un personnage principal mal écrit et trop isolé vis à vis de ses collègues, mais le récit reste plein d'acuité et prenant. A conseiller.

Note :    

 Salle Profs (2024) Ilker CatakSalle Profs (2024) Ilker Catak

13/20