Priscilla (2023) de Sofia Coppola

Nouveau film de Sofia Coppola après "On the Rocks" (2020), et il semble bien que ce nouveau film lui ait été directement inspiré par le succès plutôt flamboyant du biopic "Elvis" (2022) de Baz Luhrmann, la cinéaste annonçant fin 2022 son projet. Le timing fait que le film de Luhrmann n'a pas été très apprécié par l'ex-épouse du King, sans doute aussi parce qu'elle n'a pas été convié à une participation ou collaboration sur le biopic. Une chose en amenant à une autre, voilà que Sofia Coppola propose d'adapter l'autobiographie de Priscilla Presley (Tout savoir ICI !), "Elvis and Me" (1985) d'elle-même et de Sandra Harmon. La réalisatrice-scénariste offre donc un autre angle de vue sur la vie de Elvis en se focalisant sur sa jeune épouse et rlui permet ainsi de retourner à une variation autour du passage de l'adolescence à celui de femme à part entière comme avec "Marie-Antoinette" (2006) ou "Les Proies" (2017). Le film est logiquement co-produit par Priscilla Presley qui est cette fois directement impliquée, et par Sofia Coppola via la société familiale American Zoetrope du papa Francis Ford Coppola... 

Quand Priscilla rencontre la star Elvis en 1959 elle n'a que 14 ans, il en a dix de plus. Mais l'amour sincère pousse Elvis à patienter et à suivre les conditions des parents de la jeune femme. Des années passent jusqu'à ce que Priscilla emménage à Graceland et épouse enfin le King en 1967. Mais être l'épouse de la plus grande star du monde n'est pas si simple... Priscilla est incarnée par Cailee Spaeny remarquée en quelques mois dans "Pacific Rim Uprising" (2018) de Steven S. DeKnight, "Sale Temps à l'Hôtel El Royale" (2018) de Drew Goddard, "Vice" (2019) de Adam McKay puis le remake "The Craft : les Nouvelles Sorcières" (2020) de Zoe Lister-Jones. Elvis est incarné cette fois par le méconnu Jacob Elordi surtout connu pour la trilogie "The Kissing Booth" (2018-2021) de Vince Marcello. Citons ensuite Dagmara Dominczyk vue dans "Coeurs Perdus" (2006) de Todd Robinson, "The Immigrant" (2013) de James Gray ou "The Lost Daughter" (2021) de Maggie Gyllenhaal, Joria Cadence qui jouait dans un autre biopic "Stardust" (2022) de Gabriel Range sur David Bowie, Emily Mitchell incarne la toute jeune Lise Marie Presley aperçue récemment dans "Women Talking" (2023) de Sarah Polley, Ari Cohen vu dans les films "Ca" (2017-2019) de Andrès Muschietti, puis R. Austin Ball vu dernièrement dans le film d'horreur "Lullaby" (2023) de John R. Leonetti... La réalisatrice fait de nouveau appel au groupe français Phoenix pour la musique après les collaborations sur "Somewhere" (2010), "The Bling Ring" (2013) et "Les Proies" (2017)... Ce projet est la vision de deux femmes, avec deux objectifs différents. Il faut comprendre donc la vision de l'ex-madame Presley qui a raconté son histoire avec toute la subjectivité qu'elle peut avoir, et il y a la vision de la cinéaste Sofia Coppola qui lui permet d'évoquer encore le passage de l'adolescence à l'âge adulte pour une femme, après Marie-Antoinette et Louis XVI voici donc Priscilla et le King. En prime on peut se dire que ce film offre un autre point de vue à "Elvis" (2022). Le film débute directement avec la rencontre en Allemagne quand Priscilla 14 ans rencontre Elvis roi des charts et jeune soldat de 24 ans. La reconstitution est soigné, l'immersion se fait sans soucis avec une photographie au filtre légèrement bleuté et auréolé.

Le récit est connu (en tous cas pour les fans) et il semble que Priscilla Presley ait été plutôt honnête sur les choses factuelles, et sur les instants intimité forcément plus secrets on peut affirmer qu'elle a évité tout manichéïsme et que l'ensemble sonne aussi juste que possible. Ainsi ils s'aiment, la réciprocité ne fait pas de doute, les addictions ont une importance capitale sur le couple avec la spécificité que Elvis est le King. Par contre on s'étonne  que le Colonel (au centre du film "Elvis" justement) soit si absent, avec une petite coquille d'ailleurs avec la séquence où Elvie "arrête les livres"). Evidemment, vu l'actualité actuelle certains y voient de l'emprise (subit par Priscilla forcément) voir même de la pédophilie mais c'est vite oublier qu'il y a aussi de l'amour véritable, que leur histoire a duré, que Elvis a aussi su attendre (au grand dam d'ailleurs de la jeune femme !). Au lieu d'y voir toujours des vices ou des pervers partout il peut aussi s'agir d'une grande histoire d'amour qui n'a pu s'épanouir d'abord par le mode de vie d'une rock star qui a ses démons. Le récit signé Priscilla Presley démontre parfaitement cet amour, le film signé Sofia Coppola penche de son côté sur l'évolution d'un jeune femme face à un amour dans toute sa complexité. Le film repose aussi sur un casting idéal et deux révélation, Cailee Spaeny incarne une Priscilla plus vraie que nature bien qu'un peu trop vertueuse sans doute, et Jacob Elordi incarne un King moins flamboyant et plus fragile que dans "Elvis". Ils forment en tous cas un couple fantasmé parfait, à la fois beau et autodestructeur. Un beau et bon film auquel il manque un peu d'audace sur certains points (Priscilla quasi femme parfaite et vertueuse à qui on ne peut rien reprocher, le Colonel trop occulté, la musique du KIng absente). Un bon moment.

Note :                 

Priscilla (2023) Sofia CoppolaPriscilla (2023) Sofia Coppola

14/20