EL (Tourments)

EL (Tourments)Dans un esprit tortueux

Sur le thème de la jalousie maladive, Luis Bunuel réalise en 1953 un film d’une modernité et d’une tension extrême. Concis, 90 minutes d’une précision chirurgicale qui font passer Hitchcock de « Sueurs froides » pour un plagiat. Il est impossible que le maitre du suspense n’ait pas vu ce film ; les références sont si nombreuses : la symbolique du train, le même goût pour décortiquer la perversité, la belle femme victime d’un homme torturé, et surtout la scène du clocher. Mais là où Hitch par amour de la mise en scène cédait sur la crédibilité scénaristique ; chez Bunuel, il n’en est rien ; son scénario est tenu de main de maitre de bout en bout. Dans ce film, l’espagnol, alors dans son époque mexicaine, met de côté son surréalisme (ce qui me convient) sans pourtant céder sur son anticléricalisme et flinguer la bourgeoisie au passage. Ce film est diabolique jusqu’à une fin inattendue, ouverte et troublante dans laquelle l’esprit tortueux du mari jaloux transparait jusque dans sa démarche.

Présenté comme un chef d’œuvre… Peu connu, peu vu ; mais à voir dès que l’occasion se présente… Un grand classique

Sorti en 1953

Ma note: 19/20