La Tour (2023) de Guillaume Nicloux

Nouveau film de Guillaume Nicloux, réalisateur entre autre de l'excellent "Le Poulpe" (1998), "La Religieuse" (2013) ou "Les Confins du Monde" (2018), qui aborde pour la première fois au film d'horreur. Mais le réalisateur précise qu'il a toujours été fan du genre et il a même une idée précise pour son projet : "De façon totalement instinctive, j'ai puisé dans l'appréhension de l'enfermement et la résurgence d'une peur infantile, celle du noir total (...) Avec ce type de film, ce n'est pas seulement ce que l'on voit sur l'écran qui importe mais surtout ce que l'on ressent. Bone Tomahawk ou Twenty Nine Palms sont de bons films d'horreur parce qu'ils arrivent à associer deux mondes, celui du visible et de l'invisible. Un quotidien réaliste cru et la suggestion de l'innacceptable. Le gore pour le gore ne me passionne pas. Dans Massacre à Trançonneuse, l'horreur ne vient pas de ce que l'on voit mais de ce que l'on imagine. Ce qui m'intéresse c'est le "dérapage" d'un monde qui n'est jamais éloigné de celui que l'on côtoie, Eden Lake de James Watkins est un bon exemple de dérapage." Guillaume Nicloux collabore à nouveau avec Christophe Offenstein, réalisateur de "En Solitaire" (2013) et "Canailles" (2022) mais surtout Directeur Photo réputé et régulier de Guillaume Canet depuis ses premiers courts métrages (une dizaine de films) mais aussi de Nicloux depuis "La Clef" (2006) soit 7 films ou téléfilms. Film interdit au moins de 12 ans... 

La Tour (2023) de Guillaume Nicloux

Au coeur d'une cité, les habitants d'une tour se réveillent un matin en découvrant que leur immeuble est enveloppé d'un épais brouillard où se terre une étrange matière noire qui dévore tout ce qui tente de pénétrer. Pris au piège, les habitants s'organisent pour survivre  mais petit à petit les instincts les plus primitifs vont les faire sombrer dans l'horreur... Le cinéaste a réuni un casting d'acteurs méconnus dont Angèle Mac vue dans la série TV "SKAM France" (2018-...), Ahmed Abdel Laoui aperçu dans "Hors Normes" (2019) du duo Toledano-Nakache et "Just Kids" (2020) de Christophe Blanc, le rappeur Hatik vu dans la série TV "Validé" (2020-2021), Merveille Nsombi vue dans la série TV "Le Remplaçant" (2021-2023), Igor Kovalsky vu dans "Volontaire" (2018) de Hélène Fillières et "La Troisième Guerre" (2021) de Gionanni Aloi, Marie Rémond "Jeune Femme" (2017) de Leonor Serraille, "Maryline" (2017) de Guillaume Gallienne, Judith Williquet vue dans "Pompéi" (2019) de John Shank et Anna Falguères, puis n'oublions pas un acteur plus expérimenté avec Nicolas Pignon vu notamment dans les films "L'Ecole de la Chair" (1998) de Benoît Jacquot, "Bon Voyage" (2003) de Jean-Paul Rappeneau, "13 Tzameti" (2006) de Gela Babluani ou "Rapt" (2009) de Lucas Belvaux... Le film démarre presque trop vite où à peine installer la tour tombe dans le noir avec une multitude d'habitants/personnages qu'on n'a pas le temps de vraiment connaître. Mais surtout, les réactions de ces personnages sont incompréhensibles ou du moins complètement irréalistes ou invraisemblables.

La Tour (2023) de Guillaume Nicloux

En effet, aussitôt les gens paniquent et comprennent ou du moins soupçonnent que ce noir qui englobe leur tour est fatale et qu'ils ne peuvent donc pas sortir. Trop forts ils sont ! Comme si les habitants pouvaient s'attendre à un phénomène paranormal aussi trouble ?! N'importe qui  penserait juste à une nuit bien noire, ou à une éclipse, tandis que la plupart aurait osé sortir rien que "pour voir". Ainsi quand un personnage hésite juste parce qu'on la met au défi ça paraît complètement con au premier abord. Mais l'idée derrière cette histoire est intéressante, à savoir comment une centaine d'habitants s'organisent, comment les uns et les autres comprennent qu'il va falloir survivre avec ou contre les autres, loin d'être solidaires tous ensemble le communautarisme s'impose, tous les vices s'éveillent comme en tant de guerre, la tour se ghettoïse. C'est la bonne idée du film, c'est ce qui fait que le film reste prenant. Mais on se demande à quoi sert les ellipses qui ne font pas du tout avancer le schmilblick surtout la dernière qui s'ouvre sur une conclusion vaine et inepte. Le pire reste l'écriture des personnages, un panel de caricatures auxquelles on ne s'attachent jamais. Finalement on se moque un peu de ce qui peut leur arrivée comme si on suivait un film d'horreur qui ne s'assumait pas vraiment. Malgré l'ambition Guillaume Nicloux signe là un de ses films les moins aboutis, dommage... 

Note :  

Tour (2023) Guillaume Nicloux

06/20