Trois Couleurs : Rouge (1994) de Krzyszrof Kieslowski

Troisème et dernier film de la trilogie thématique du réalisateur polonais Krzyszrof Kieslowski, à qui on doit des films "Le Personnel" (1975), "Une Courte Journée de Travail" (1981) ou "La Double Vie de Véronique" (1991). Rappelons que le cinéaste a construit son projet  autour des trois couleurs du drapeau français qu'il renvoie à la devise "Liberté, Egalité, Fraternité". Les trois films sont indépendants les uns des autres mais certains détails créent un lien intangible. Le réalisateur-scénariste co-signe le scénario des trois films avec Krzysztof Piesiewicz avec qui il collabore sur tous ses films depuis "Sans Fin" (1985). Pour cet ultime film Kieslowski retrouve le même monteur Jacques Witta et surtout son Directeur Photo Slawomir Idziak du premier film "Trois Couleurs : Bleu". Ce troisième film confirme l'engouement pour la trilogie, après Venise et Berlin, c'est cette fois une sélection au Festival de Cannes même si le film en revient bredouille, comme aux Oscars 1995 malgré 3 nominations, puis 6 nominations aux Césars 1995 avec une statuette du César de la meilleure musique. Malgré une trilogie qui lui a offert la reconnaissance internationale, le réalisateur déclare dans l'émission "Bouillon de Culture" : "J'arrête, j'en ai assez du cinéma. Tourner est pour moi un stress trop disproportionné par rapport à la satisfaction que cela procure. J'ai décidé, j'arrête !" Effectivement le temps prouvera que Krzyszrof Kieslowski a tenu sa promesse... 

Trois Couleurs : Rouge (1994) de Krzyszrof Kieslowski

Valentine, jeune mannequin, ramène chez son propriétaire une chienne qu'elle vient de blesser avec sa voiture. Elle découvre un vieux maître solitaire et bougon. Elle rend néanmoins visite plusieurs fois ensuite à cet homme qui s'avère être un juge à la retraite. Au fur et à mesure il lui fait part de ses écoutes téléphoniques illégales de ses voisins tandis que petit à petit un lien d'amitié s'instaure entre la jeune femme et le juge... Ce troisième film voit revenir quatre personnages vu ou aperçu dans les deux films précédents, ceux interprétés par Zbigniew Zamachowski acteur polonais star en son pays, Benoît Régent vu dans "Subway" (1985) de Luc Besson, Julie Delpy qui jouait dans "Mauvais Sang" (1986) de Leos Carax avec Juliette Binoche qui retrouve après "Rendez-Vous" (1985) de André Téchiné son partenaire Jean-Louis Trintignant juste avant de reprendre son rôle de "Un Homme et une Femme : 20 ans Après" (1986) de Claude Lelouch, l'actrice retrouvera plus tard dans "Alice et Martin" (1998) de André Téchiné l'acteur Jean-Pierre Lorit vu auparavant dans "La Passion Van Gogh" (1990) et "Le Moulin de Daudet" (1992) tous deux de Samy Pavel, retrouvant ainsi après ce dernier film sa partenaire Irène Jacob qui retrouve Benoît Régent après "La Bande des Quatre" (1988) de Jacques Rivette, puis retrouve son réalisateur Krzysztof Kieslowski après "La Double Vie de Véronique" (1990). Les nouveaux protagonistes sont joués par Frédérique Feder aperçue dans "Action Mutante" (1993) de Alex de La Iglesia, Samuel Le Bihan remarqué juste avant dans "Promenades d'Eté" (1992) et "La Place d'un Autre" (1993) tous deux de René Féret, Marion Stalens qui retrouve Juliette Binoche après "Les Amants du Pont-Neuf" (1991) de Leos Carax, Roland Carey vétéran aperçu dans "La Chute de l'Empire Romain" (1964)  de Anthony Mann et "La Poupée de Satan" (1969) de Ferrucci Casapinta, puis enfin Neige Dolsky aperçue dans "Le Retour de Martin Guerre" (1982) de Daniel Vigne et "Tatie Danielle" (1990) de Etienne Chatiliez...

Trois Couleurs : Rouge (1994) de Krzyszrof Kieslowski

Un troisième opus qui est cohérent avec les précédents films. Nous voici donc dans la Rouge de la Fraternité. Ainsi le réalisateur sème du rouge partout dans le film, à la façon de "Blanc" plutôt que le Bleu envahissant du premier film. On retrouve la dame qui jette des bouteilles en verre, mais cette fois l'héroïne aide la grand-mère, fraternité oblige. Tandis qu'à la place du tribunal dans les deux premiers opus, on a ici un juge et une fin où tous les protagonistes de la trilogie apparaissent brièvement. Dans la forme on apprécie la cohérence de la trilogie, les clins d'oeil et autres références, mais dans cette ensemble cohérent on retrouve donc logiquement les mêmes défauts également. Une mise en scène apathique, froid et austère jusque dans le jeu des acteurs où on ne ressent aucune passion ou envie. C'est triste et austère, à tel point qu'on n'est pas franchement ému à l'exception de 2-3 passages. Le cinéaste prévient : "L'éternelle question consiste à savoir si en donnant aux autres un peu de soi-même, nous ne le faisons pas pour avoir une meilleure idée de nous-mêmes." On constate alors, comme son habitude, qu'il annonce une idée pseudo philosophique dont on ne perçoit que partiellement la réflexion. Un film dont on savoure les quelques jolies inspirations à l'image de sa trilogie (ce qui relient les trois films, l'idée générale des trois thématiques), mais ça reste si monotone, sans chair, qu'on n'y voit surtout de l'ennui. Dommage... 

Note :

Trois Couleurs Rouge (1994) Krzyszrof KieslowskiTrois Couleurs Rouge (1994) Krzyszrof Kieslowski

10/20