Les Fiancées en Folie (1925) de Buster Keaton

Après des années associés à Roscoe Arbuckle entre 1917 et 1920, puis avec Harold Lloyd entre 1921 et 1923 celui qu'on appelait "l'homme qui ne rit jamais" par contraste avec son ami et rival Charles Chaplin, l'acteur comique Buster Keaton conquiert enfin le monde avec le succès de ses premiers longs métrages "Les Trois Âges" (1923), "Les Lois de l'Hospitalités" (1923), "La Croisière du Navigator" (1924) et "Sherlock Junior" (1924) qu'il réalise et interprète, et après lesquels il retrouve ses co-scénaristes Jean C. Havez qu'il a justement connu sur les films de Arbuckle et Lloyd, ainsi que Jospeh A. Mitchell et Clyde Bruckman. Pour ce nouveau projet les auteurs adaptent la pièce de théâtre "Seven Chances" (1916) de Roi Cooper Megrue et produite par David Belasco. Le succès du film est énorme et permet à Buster Keaton d'atteindre les sommets du box-office et d'entrer enfin à sa grande apogée avec bientôt son cultissime film "La Mecano de la Generale" (1926). Entré à la postérité ce film va notamment connaître des remakes, outre les courts métrages "Brideless Groom" (1947) et "Husbands Beware" (1956) tous deux des Three Strooges, citons surtout "Le Soupirant" (1963) de Pierre Etaix... James et Billy sont associés mais les affaires vont mal. Justement un notaire cherche à les contacter mais après avoir eu peur d'avoir des dettes c'est finalement une annonce inespérée qui leur est annoncée, à savoir que James hérite d'une fortune, mais à la seule condition qu'il se marie ce jour même avant 19h ! Ca tombe bien, il est fiancé mais une maladresse va le pousser à trouver une autre épouse coûte que coûte et au plus vite aidé dans l'entreprise par son associé...

Les Fiancées en Folie (1925) de Buster Keaton

L'héritier potentiellement riche est évidemment incarné par Buster Keaton, tandis que son associé est joué par T. Roy Barnes vu par exemple dans "So Long Letty" (1920) de Al Christie et "La Papillonne" (1924) de Clarence Brown. Le notaire est joué par Snitz Edwards vu dans plusieurs grands succès publics dont "Le Signe de Zorro" (1920) de Fred Niblo et Theodore Reed, "Le Prisonnier de Zenda" (1922) et "Scaramouche" (1923) tous deux de Rex Ingram et plus tard même dans le parlant avec "L'Ennemi Public" (1931) de William A. Wellman. La fiancée "officielle" est jouée par Ruth Dwyer vue notamment dans "The Stealers" (1920) de Christy Cabanne, "Second Hand Love" (1923) de William A. Wellman et "Folle Jeunesse" (1924) de Lewis Seiler, tandis que sa mère est jouée par Frances Raymond vue dans "The Chaperon" (1916) de Arthur Berthelet ou "Le Repentir" (1922) de Tom Forman. Suivent évidemment plusieurs prétendantes plus ou moins volontaires, dont une certaine Jean Arthur quasi inconnue alors et qui deviendra célèbre avec les films "L'Extravagant Mr. Deeds" (1936), "Vous ne l'Emporterez pas avec Vous" (1938) et "Monsieur Smith au Sénat" (1939) tous de Frank Capra, également une certaine Constance Talmadge, grande star à cette époque vue dans "Intolerance" (1916) de D.W. Griffith et surtout dans une série de films (1922-1926) de Sidney Franklin et accessoirement soeur de Natalie Talmadge épouse alors de Buster Keaton. Citons ensuite quelques unes qui apparaissent sous leur vrai nom dans le film, les actrices Hazel Deane, Judy King, Eugenia Gilbert vue entre autre dans "Man of the Forest" (1921) de Howard C. Hickman ou "Feet of Mud" (1924) de Harry Edwards, puis Bartine Burkett qui retrouve Buster Keaton après "Malec Champion de Tir" (1921) et vue dans "Larmes de Clown" (1924) de Victor Sjöström et "Le Lit d'Or" (1925) de Cecil B. De Mille, puis enfin citons Doris Deane actrice récurrente chez Roscoe Arbuckle entre 1924 et 1931 et qui retrouve Keaton après "Sherlock Junior" (1924), n'oublions pas Julian Eltinge qui n'apparaît pas réellement mais qui a son importance, et qui était à l'époque un acteur célèbre comme étant le premier travesti star à Hollywood assez pour être parmi les acteurs les mieux payés de son époque... Le film débute avec une première course poursuite, pédestre qui fait finalement perdre un temps qui va s'avérer précieux pour les deux associés. Le récit se scinde en deux parties, en résumé, la première c'est James/Keaton qui cherche une épouse, la seconde ce sont les femmes qui courent après James. La première partie est vue parfois comme un scénario un peu trop simple ce qui est erroné, ne serait-ce que par le miroir qu'il renvoie sur la société américaine des années 20. Ainsi, quand James tente de séduire c'est parfois lui qui change d'avis, aujourd'hui le racisme est évident mais à l'époque ce n'était que normal et offrait juste un effet gag.

Fiancées en folie | Buster Keaton | Flagey

Se replacer dans la société d'époque est donc assez primordial, à l'instar de la bêtise des nouvelles censures récentes sur les Disney alors qu'il serait plus judicieux et pédagogique d'expliquer les choses comme cela a été fait pour les Tex Avery. Néanmoins, les tentatives de séduction sont forcément express vu le timing ce qui crée des situations cocasses mais pas hilarantes, cela reste encore sage à l'exception d'un passage hors champ qui serait sans doute censuré à partir du Code Hays (Tout savoir ICI !) soit à partir des années 1932-1933. La seconde partie débute avec l'église, où comment des centaines de femmes en tenue de mariée s'entasse en attendant l'heureux homme qui aura donc le choix de faire une femme heureuse. La panique de James est alors aussi compréhensible que délirante ouvrant alors sur une course poursuite dantesque et épique parmi les plus folles du cinéma. Une course effrénée à un rythme dingue où James/Keaton doit fuir des centaines de femmes au risque même d'y perdre la vie plusieurs fois tant la peur peut amener à des actions irréfléchies. Les effets visuels sont épatants et impressionnent encore, par leur ingéniosité mais aussi par certaines prises de risques de l'acteur lui-même ; par exemple, l'avalanche de pierres, bien qu'elles soient façonnées en papier mâchée a causé de nombreuses ecchymoses à Keaton. Le film monte donc en puissance doucement mais de façon exponentielle jusqu'à un final aussi drôle que rocambolesque. Une des meilleures comédies de Keaton, avec un succession de séquences cultes forcément à voir

Note :  

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17/20